Toute la barre à tribord
Par : Daniel Rufiange
En proposant une voiture haut de gamme il y a cinq ans, Kia nous donnait un aperçu de son savoir-faire, mais aussi de ses intentions, même si la voiture n'avait ni le style, ni le panache pour intimider qui que ce soit. La cuvée 2009 est tirée du même moule, mais profite des raffinements apportés au modèle au fil des années. L'Amanti œuvre dans un créneau où on retrouve quelques valeurs sûres. A-t-elle tout ce qu'il faut pour s'imposer dans le segment ?
Carrosserie
Lors du lancement de l'Amanti, je vous avoue avoir proféré quelques obscénités à l'égard du constructeur. Comment pouvait-il être sérieux en offrant un modèle muni d'une calandre "empruntée" à la concurrence, Jaguar et Mercedes-Benz, pour ne pas les nommer. Même si on a revu un peu l'avant, j'ai encore de la difficulté à ne pas voir l'Amanti comme un clone, un genre de copier-coller version métal. Lors de la prochaine refonte du modèle, Kia devra accoucher d'un produit unique et distinct si elle veut vraiment qu'on la prenne au sérieux.
Habitacle
Heureusement ou malheureusement, le design intérieur n'est pas le résultat d'un exercice moutonnier. Heureusement, parce que Kia nous livre un environnement à son image, et malheureusement, car en matière de style, un peu d'originalité et de gaieté n'aurait pas été un luxe. Tout est pensé pour qu'on se sente cajolé, toutefois. Les sièges sont confortables et pourvus de nombreux réglages en plus d'être équipés d'appuie-tête réglables; on se trouve rapidement une zone de confort. Les matériaux choisis par Kia semblent l'avoir été par deux équipes différentes. Celle qui s'est occupée de sélectionner les cuirs a bien dépensé les deniers mis à sa disposition. Les tissus sont de qualité, et leur assemblage, excellent. Les responsables des achats de plastiques semblent plutôt avoir couru les ventes de garage car les revêtements retenus ne cadrent pas toujours avec l'ensemble. Quant à leur assemblage, j'ai des doutes; ça craque et ça nous rappelle que Kia a encore du chemin à faire pour rattraper les grands. Toutefois, face à la concurrence, Kia suggère un équipement plus complet pour le même prix, comme l'arrière qui compte sur des fauteuils chauffants : un luxe que ne semble pas pouvoir se permettre toutes les rivales de l'Amanti.
Mécanique
Sous le capot, on retrouve le V6 de 3,8 litres qui équipe également le Sorento, la Sedona et le tout nouveau Borrego. Ce moteur est une très belle surprise, lui qui déplace avec beaucoup de dynamisme une voiture dont on imagine un comportement de papy. Les accélérations sont vigoureuses, et la boîte de vitesses à 5 rapports ne craint pas d'atteindre le maximum du régime – 6500 tours par minute – avant de passer au rapport suivant et d'exploiter au maximum les 264 chevaux de l'engin. Toutefois, sur le mode manuel, cette dernière ne travaille pas toujours discrètement. Quant à la suspension, elle montre beaucoup trop de mollesse et ne rend pas justice à une direction somme toute précise.
Comportement
La première impression au volant en est une d'étonnement face à l'incroyable douceur de roulement du paquebot. Toutefois, on déchante rapidement en constatant que le navire réagit comme une gondole dans une piscine à vagues au moindre cahot ou coup de volant. C'est dommage car, à ce chapitre, une suspension plus ferme ajouterait du cran à ce bolide. Il faut vraiment piloter cette masse avec soin car, même si elle semble vouloir montrer un peu d'aplomb en virage, la dérobade guette à tout moment. Spécifions toutefois que la clientèle cible n'a pas la réputation de prendre les virages sur les chapeaux de roues et qu'elle appréciera surtout une expérience ouatée derrière le volant.
Conclusion
L'Amanti sera une vraie berline de luxe le jour où elle offrira un intérieur entièrement de qualité et une présentation supérieure à celle offerte actuellement. Entretemps, elle se révèle une alternative intéressante à certaines de ses rivales qui n'arrivent justement pas à rivaliser avec son excellent rapport prix-équipement.
Deuxième avis : Francis Brière
Il ne faudrait pas croire que nous sommes en présence d'une grande berline de luxe dont le comportement routier vous rappelle celui d'une BMW de Série 7. Du reste, pour une fraction du prix, vous obtenez beaucoup d'espace, un confort princier et une silhouette, avouons-le, d'une certaine élégance. Comme les Coréens surprennent de nos jours avec des voitures dont la qualité de fabrication est presque irréprochable, il y a moins à craindre qu'auparavant en ce qui concerne les bruits de caisse. Franchement, cette voiture vous offre un équipement complet, un moteur convenable et une ergonomie dont on ne pourrait se plaindre. L'Amanti représente une bonne alternative aux grosses américaines en déclin. On lui pardonne volontiers sa tenue de route un peu mollasse.