N’y touchez pas !
Daniel Rufiange
La saga de Chrysler a connu tout un dénouement depuis le début de l’année. Une faillite structurée, des ententes historiques avec les syndicats, l’arrivée de Fiat et les déclarations d’Obama, le tout a pris des allures de roman feuilleton. Il va sans dire que, à travers ce récit, plusieurs se sont demandé quel sort attendait les produits du fabricant. Si certains sont destinés à l’oubli pendant que d’autres risquent l’échafaud, certains véhicules demeurent à l’abri de toute guillotine. Souhaitons qu’on soit clément envers le Wrangler.
Carrosserie
Si sa survie est pratiquement assurée, c’est en raison de cette calandre si caractéristique qu’on retrouve à l’avant; celle d’un Jeep. En termes d’esthétique, le Wrangler ne fait pas dans le raffinement. On oublie les angles ronds et aérodynamiques et on laisse de côté les standards en vigueur dans l’industrie. Le Wrangler est dans une classe à part et se veut le digne héritier d’une tradition vieille de plus de 60 ans. On a fignolé les lignes au fil des générations sans jamais les dénaturer.
Le Wrangler se décline en trois versions soit X, Sahara, Rubicon, toutes offertes à quatre portières – Unlimited –. Si ces dernières demeurent les plus intéressantes, celles à deux portières conservent l’allure classique d’ultime aventurier qui colle si bien à ce Jeep.
Habitacle
Place à l’amusement ! On n’impressionne pas l’acheteur d’un Wrangler avec un système de navigation de série, un volant chauffant et, encore moins, un système à reconnaissance vocale. La séduction passe plutôt par un habitacle rudimentaire, une présentation simpliste et des sièges qui profiteraient d’un meilleur maintien. Pourtant, on adore ! Et là repose toute la magie du Wrangler. Alors que les fabricants rivalisent tous d’adresse afin de nous bichonner, Jeep brasse toujours la même recette; comme la vieille soupe de grand-mère que tout le monde adore, l’habitacle du Wrangler conserve tout son charme en demeurant simple et fonctionnel.
Le plaisir réside plutôt dans l’absence de fioritures. On jouit d’un espace de chargement intéressant et adapté aux utilisations qu’on fait habituellement d’un véhicule de ce genre – lire planchers lavables au boyau d’arrosage –. En prime, la possibilité de retirer le toit, tout simplement, afin de profiter des quelques belles journées que mère Nature nous accorde chaque été. N’est-ce pas le type de toit ouvrant dont tous rêvent ?
Mécanique
La simplicité est de mise alors qu’un seul engin est offert. Il s’agit d’un V6 de 3,8 litres. Fort de 202 modestes chevaux, c’est plutôt son couple de 237 livres-pieds qui est apprécié, tant pour tirer des charges que pour se tirer d’embarras hors des sentiers battus. Pourtant, on aimerait pouvoir bénéficier de plus, tant au chapitre de la puissance que du couple. Vivement d’autres alternatives de ce côté. Pour le reste, les éléments de suspension trahissent la véritable vocation du Wrangler; ressorts à l’avant et lames à l’arrière, rien pour obtenir des performances intéressantes sur nos routes truffées de nids-de-poule.
Comportement
Ceci dit, on doit comprendre que s’installer au volant de ce véhicule est aux antipodes d’une expérience de conduite sportive. La conduite du Wrangler demeure aussi rudimentaire que celle d’un tracteur de ferme. De fait, quand on a l’occasion de le guider dans son élément, c'est-à-dire sur toute surface autre que de l’asphalte, on se sent soudainement plus à l’aise. Cette impression est plus forte au volant des versions à deux portes. La conduite d’une version Unlimited se veut un tantinet plus civilisée – merci à un empattement allongé – mais n’allez pas croire que vous pourrez mettre vos techniques de pilotage à l’essai; il faut conduire le Wrangler avec prudence pour éviter les mauvaises surprises.
Conclusion
Lorsque la poussière sera entièrement retombée dans le dossier Chrysler, on aura peut-être plus de respect pour les véhicules qui auront traversé la crise, et le Wrangler devrait être de ceux-là. Soit dit en passant, il est plus joli couvert de poussière que tout propre ! L’un des rares vrais utilitaires.
Points forts
– Capacités hors route
– Habitacle très bien adapté
– Style intemporel
– Versions Unlimited
Points faibles
– Prix une fois bien équipé
– Conduite sur le bitume
– Fiabilité
– Avenir… ?