Beaucoup de nouveau sous le capot
Par : Éric Descarries
D'abord, débutons en mentionnant que le Jeep TJ (connu sous le nom de Wrangler aux États-Unis) est l'utilitaire sport par excellence. D'ailleurs, ce véhicule, qui a d'abord vu le jour durant la seconde Guerre, a d'abord servi de véhicule utilitaire. Aujourd'hui, le qualificatif "sport" lui va aussi bien, car conduire ce genre de camionnette relève parfois de l'exploit sportif.
Pour 2003, le TJ nous revient avec des lignes en tous points semblables à celles de l'an dernier. Mais sous le capot, on note des différences qui, dans certains cas, sont plus que significatives. Jeep nous propose une version Rubicon de son populaire TJ. Ce nom vient de la piste hors-route la plus célèbre et la plus exigeante de Californie. Par conséquent, le Jeep Rubicon s'adresse d'abord à ceux qui veulent parcourir de vrais sentiers hors-route. Dans ce cas, le seul moteur offert est le vénérable 6-cylindres en ligne à soupapes en tête de 4 litres. Il peut être combiné à une boîte de vitesses manuelle à cinq rapports ou à la toute nouvelle automatique à quatre rapports (enfin !). Vient ensuite un tout nouveau boîtier de transfert qui, en bas rapport, est démultipliée 4 : 1, le rêve de tous ceux qui aiment faire du "hors-route technique", c'est-à-dire de la grosse pierre. La puissance passe ensuite à deux nouveaux ponts Dana verrouillables du poste de pilotage, un atout quand on se trouve dans la boue. Enfin, de gros pneus Goodyear Wrangler MT/R très agressifs et un freinage à quatre disques viennent compléter l'ensemble.
Un nouveau 4-cylindres
Mais ce ne sont pas tous les amateurs de Jeep TJ qui tiennent à faire des sentiers hors-route. Par conséquent, les versions plus civilisées des TJ continuent à figurer au sein de la gamme. Outre la nouvelle boîte de vitesses automatique à quatre rapports dont il est question plus haut (les gens de Jeep croient que cette boîte optionnelle sera populaire et augmentera la valeur de revente des TJ d'occasion), on peut également se procurer un nouveau 4-cylindres dans le modèle de base de cet utilitaire : le 2,4-litres à double arbre à cames en tête de Chrysler. Il devrait remplacer avec brio le vétuste 2,5-litres dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Mieux encore, cette fois, le 4-cylindres sera livrable avec la boîte automatique (à quatre rapports, bien entendu !).
Plus à l'aise en sentier que sur la route
Quiconque a déjà conduit un Jeep TJ ou l'un de ses prédécesseurs sur la route doit bien se douter des qualités et des défauts de ce véhicule. Si l'on tient compte des capacités évidentes de ce véhicule, on se contente d'une tenue de route correcte, sans plus. Avec un centre de gravité assez élevé et un empattement aussi court, il n'est pas question de faire des acrobaties dans les courbes. Mais le TJ n'est pas obligatoirement un véhicule dangereux. Le moteur à 6 cylindres est à l'aise dans toutes les circonstances, mais le 4-cylindres, même s'il gagne près de 30 chevaux, reste toujours un peu trop carencé à mon goût. Ses accélérations peuvent être laborieuses (moins avec la nouvelle boîte automatique), mais ses reprises sont définitivement difficiles. Il faut même rétrograder sur le troisième rapport avec la manuelle pour obtenir un certain résultat. La direction est assez juste, mais il faut encore une fois composer avec la configuration du véhicule. Incidemment, l'ABS n'est offert que sur les modèles Sport et Sahara (mais pas sur le Rubicon). Quant à la consommation, elle n'est pas exemplaire pour les deux moteurs, mais le Jeep n'est pas si glouton après tout.
J'ai pu essayer la plupart des versions 2003 du TJ. Personnellement, je me suis surtout attardé au Rubicon, et les dirigeants de DaimlerChrysler Canada en ont même mis un à ma disposition lors d'un Jamboree Jeep (réunion des amateurs de la marque avec excursions hors-route) dans les Cantons de l'Est. Il pleuvait à torrents cette journée-là, et les organisateurs avaient décidé de m'inscrire dans la catégorie intermédiaire avec plusieurs Jeep modifiés autour de moi. L'objectif visé par le Rubicon consiste à permettre aux amateurs de sorties en sentiers de se procurer un TJ déjà bien monté pour ce genre d'activité sans dépenser outrageusement en pièces rapportées, le tout assorti d'une garantie du constructeur. Cela a donné un Jeep bien préparé qui ne m'a surtout pas fait honte face à la concurrence. Seul hic, les pneus MT/R du prototype qui m'avait été assigné étaient plus bruyants sur le pavé que ceux du TJ que j'avais essayé trois jours auparavant à la piste d'essai de DaimlerChrysler, à Chelsea, au Michigan.
Forces
Le véritable tout-terrain universel
Faible encombrement en ville
Bonne visibilité
Faiblesses
Cabriolet offrant moins de sécurité
Coffre presque inexistant
Comportement routier à surveiller
Deuxième avis : Luc Gagné
Conduire un TJ, c'est comme reculer dans le temps. Certes, ce véhicule a beaucoup évolué par rapport au rustique 4 x 4 imaginé à la hâte pour les G.I. de la Seconde Guerre mondiale. N'empêche, quand le compare à ses concurrents contemporains, il faut vraiment vouloir un TJ pour en conduire un. L'empattement très court, la garde au sol élevée, l'environnement sonore bruyant et l'aménagement intérieur résolument utilitaire, tout confirme qu'il s'agit avant tout d'un " outil " à quatre roues pour aller faire du hors-route. Et encore, dans la mesure où le petit espace de chargement n'est pas un handicap. Cela dit, la servodirection précise et bien dosée du TJ rend sa conduite sur autoroute agréable.