Casser le moule
Hugues Gonnot
Avant le rachat de Jaguar par Ford en 1989, la compagnie anglaise réalisait environ 30 000 ventes par an. L’an dernier, Jaguar a vendu près de 130 000 voitures. Un bond de géant! Pour ce faire, la marque a logiquement dû diminuer ses exigences. Après la S-Type (renaissance d’un nom des années 1960), la X-Type a réellement permis à Jaguar de s’aventurer sur de nouveaux terrains. Et de briser les traditions par le fait même: première intégrale de la marque, première traction (en Europe), premier diesel (en Europe) et première familiale (au Canada, non vendue aux États-Unis). C’est tout ?
Carrosserie
Les lignes fluides sont connues, la X-Type fait penser à une XJ en réduction : un compliment. Elle a beau ne pas faire preuve d’exubérance, la X-Type attire l’oeil : une réussite. Et ce n’est pas la familiale qui va dénaturer le tableau. On a conçu cette dernière plus en fonction de l’esthétique que d’un véritable sens pratique, même si l’espace de chargement est plutôt assez volumineux. On regrettera une visibilité arrière réduite dans la berline (compensée par un radar de stationnement, malheureusement en option).
Habitacle
L’un des points forts attendus et reconnus d’une Jaguar, c’est son habitacle. C’est fou ce que peuvent faire du cuir, du bois et quelques touches de chrome judicieusement placés! Oubliez la rigueur germanique (la tristesse?): vous pénétrez dans un habitacle chaleureux et inimitable à ce niveau de gamme. Cerise sur le gâteau, la qualité de construction semble excellente et l’ergonomie ne s’attire aucun reproche. Le confort des sièges n’atteint pas celui des Mercedes, mais il se situe dans la moyenne supérieure, sauf pour la banquette arrière qui semble un peu trop ferme. En parlant des places arrière, celles-ci ne sont pas les plus généreuses, mais cela semble être une constante dans la catégorie, alors…
Mécanique
Pratiquement tout ce qui ne se voit pas dans la X-Type vient de la Ford Mondeo européenne. Vous avez dit roturier? Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, pourrions- nous répondre. Sauf que dans le cas présent, l’ivresse est un peu diluée. Le 2,5 litres se comporte honorablement, mais déplace le poids de presque 1,6 tonne sans brio. Le 3,0 litres fait mieux, mais il ne se distingue en rien… surtout comparé avec le six en ligne de BMW. La boîte manuelle ne laisse pas non plus d’impérissables impressions (d’autant que la Ford Mondeo a déjà droit à une boîte à six vitesses!). En revanche, la boîte automatique se révèle assez réussie. À l’heure des commandes séquentielles à tout va, la grille en J n’est plus aussi attirante que lors de sa présentation en 1986, mais elle fonctionne agréablement. Mentionnons enfin la consommation, honorable, de 13,2 litres aux 100 km durant l’essai (version 3,0 litres). Toutes les X-Type viennent équipées d’une transmission intégrale. Argument sécuritaire, il s’agit aussi d’un bon moyen de faire passer la pilule de ses origines de traction (avouez que pour une Jaguar…). En conditions normales, le système envoie 60 % de la puissance aux roues arrière.
Comportement
Logiquement, la X-Type privilégie le confort plutôt que la sportivité (sauf si elle est équipée du groupe Sport, facturé 5000 $), mais elle n’est pas du tout pataude. On remarque simplement que les débattements en détente sont un peu trop importants. La prise de roulis est limitée et, grâce à la transmission intégrale, la voiture se montre saine en conditions difficiles.
Conclusion
Pour ceux que la perfection germanique n’attire pas et qui favorisent l’expérience tactile, la X-Type est à considérer. D’abord parce qu’elle ne souffre plus des défauts congénitaux de la marque. Ensuite, parce qu’elle est belle (point!) et que son intérieur vous fait craquer. Il faudra tempérer les attentes en ce qui concerne l’expérience de conduite, qui se situe dans la norme tout simplement. Enfin, ajouter 2000 $ pour se procurer la familiale et en rajouter côté exclusivité semble une bonne idée.
Forces
•Style réussi •Habitacle chaleureux •Transmission intégrale •Finition générale
Faiblesses
•Mécanique sans panache •Places arrière réduites
Nouveautés en 2005
• Version familiale introduite au courant de 2004, nouvel ensemble Sport disponible avec berline 3.0, nouvel ensemble VDP édition disponible avec berline 3.0
2e opinion Nadine Filion
• Étrange, quand même, d’amalgamer les mots « Jaguar » et « familiale » dans une seule phrase… La chose est néanmoins possible depuis le printemps dernier, et ce, pour la toute première fois de l’histoire du constructeur britannique. Ce dernier a fait un beau boulot de design dans l’élaboration d’une X-Type familiale. Avouez qu’elle a une belle gueule ! Parce qu’elle a conservé les attributs de sa soeur la berline, elle ne vous permettra pas de réaliser votre meilleur 0-100 km/h, mais votre escapade sera placée sous le signe du confort et du grand luxe. Et bien sûr, dans la plus pure tradition britannique, le compartiment à bagages réserve une place de choix au toutou de la maison.