Démocratisation
Par : Philippe Laguë
Si vous avez l'impression d'apercevoir de plus en plus de Jaguar sur nos routes, vous n'avez pas la berlue. Avec l'introduction, l'an dernier, de la berline X-Type, la mythique marque anglaise a poursuivi son processus de nivellement vers le bas. Lancée avant elle, la S-Type devait se mesurer aux berlines de luxe intermédiaires; la X-Type évolue un cran plus bas, où l'attendent de pied ferme les modèles d'entrée de Lexus, Infiniti, Audi, BMW et Mercedes.
Carrosserie
Au menu : deux versions, une seule configuration. La concurrence propose un coupé ou une familiale, quand ce n'est pas les deux. Jaguar a opté pour la configuration qui se vend le plus, soit une berline à quatre portières. Même si cette marque prestigieuse a rejoint la grande famille Ford à la fin des années 80, on a su en préserver l'héritage. On reconnaît une " Jag " au premier coup d'œil, et la X-Type ne fait pas exception. Incontournables, la calandre et les phares ronds sont au rendez-vous et s'intègrent harmonieusement à cette silhouette tout en grâce, moderne, mais néanmoins classique. Bref, c'est une Jaguar.
Mécanique
Côté mécanique, la X-Type se démarque par sa transmission intégrale. Baptisée " Traction-4 " chez Jaguar, elle est offert de série. Ce qui n'est pas le cas chez Audi ou BMW, il convient de le mentionner. La principale différence entre les deux versions, on la retrouve sous le capot. Les moteurs sont des V6, avec des cylindrées de 2,5 litres pour la version de base et de 3 litres pour la plus cossue. Le premier n'a pas la noblesse requise pour motoriser une Jaguar. Malgré ses 194 chevaux, ses performances sont correctes, sans plus – surtout quand il est jumelé à une boîte de vitesses automatique. De plus, il est loin d'afficher la douceur et la discrétion de ses homologues européens ou japonais. Pire, sa sonorité évoque celle d'un moteur Ford… Pour le rugissement du félin, on repassera ! En revanche, le V6 de 3 litres donne un rendement impeccable. Souple et silencieux, il a aussi du cœur au ventre. Très à l'aise à haut régime, il ne rechigne pas devant l'effort. Par ailleurs, c'était la première fois que je conduisais une Jaguar munie d'une boîte manuelle, et l'expérience ne m'a pas laissé un souvenir impérissable… Cette boîte se montre rétive, surtout lors des rétrogradations, et le deuxième rapport est mal synchronisé. Le freinage constitue une autre déception. On a déjà vu plus puissant, surtout dans cette catégorie. Ce n'est certes pas l'idéal pour la conduite sportive. De plus, Il faut appuyer très fort sur la pédale pour que les freins entrent en action. Rien à voir avec le freinage d'une allemande…
Comportement
À haute vitesse comme sur un tracé sinueux, la X-Type démontre l'aplomb qu'on attend d'une Jaguar. Les trains roulants effectuent un travail remarquable car ils procurent une douceur de roulement digne d'une berline de luxe, conjuguée à une tenue de route qui, sans être sportive, n'en est pas moins très sûre. Disons qu'on est plus près d'une Mercedes que d'une BMW. Avec la transmission intégrale et le système de contrôle dynamique de la stabilité (DSC), il faut vraiment faire exprès pour se retrouver dans le décor. Précise et bien dosée, la direction permet d'apprécier l'agilité de la " petite " Jaguar. Quant à la transmission intégrale, son efficacité sous la pluie rassurera ceux qui ne sont pas très braves dans ces conditions. De toutes façons, une voiture anglaise se doit d'être à l'aise quand il pleut !
Habitacle
Si la X-Type est identifiable au premier coup d'œil, on tombe également en terrain connu à l'intérieur. L'omniprésence du cuir, les placages de bois d'érable et la grille de transmission en forme de J confirment que, chez Jaguar, on a le sens des traditions. Mieux encore, les non moins traditionnelles lacunes ergonomiques sont choses du passé… Une aberration, toutefois : le lecteur CD est offert en option. Shocking, isn't it ? S'il y a de l'ambiance, il y a aussi de l'espace : en matière de dégagement pour les jambes, la X-Type est l'une des plus généreuses de sa catégorie. Quant au confort, c'est celui d'une "Jag", que dire de plus ? Mais, car il y a un mais, la banquette arrière est fixe et, même, dépourvue d'une trappe pour les skis. De plus, sur nos deux véhicules d'essai, il fallait s'y reprendre à deux ou trois fois pour réussir à refermer le couvercle du coffre. Autant de détails agaçants qu'on ne peut passer sous silence.
Conclusion
Même si la X-Type possède d'indéniables qualités, elle ne m'a pas convaincu. Sa mécanique est beaucoup moins raffinée que celle de ses rivales germaniques, et sa finition se situe une bonne coche en-dessous. Transmission intégrale pour transmission intégrale, à cylindrées égales, elle ne fait pas le poids devant les BMW 325Xi et 330 Xi, qui demeurent les références de cette catégorie tout en se situant dans la même fourchette de prix. D'une Jaguar, on attendait plus.
Deuxième avis : Amyot Bachand
Même si, dans notre esprit, Jaguar signifie grande voiture de luxe, il faut se rappeler que la X-Type est une petite Jaguar, de la taille des BMW série 3. D'un chic simple, on apprécie les lignes et la qualité de la finition intérieure. Toutefois, la lecture du compteur kilométrique est déroutante : on a gradué les chiffres en dizaines impaires, soit 90, 110, 130. Si la position de conduite est facile à trouver, le confort des sièges variera selon votre gabarit : nous avons trouvé le galbe du siège avant trop avancé à la hauteur des épaules. La X-Type est une excellente routière, quelles que soient les conditions, avec des performances très satisfaisantes et un excellent freinage.