Du sport à bon prix
Alexandre Crépault
Le segment des coupés sport est non seulement très compétitif, mais aussi peu profitable pour les constructeurs automobiles (il s’agit avant tout d’un symbole, d’un halo qui illumine les autres produits). Alors, pour que Hyundai en soit à sa troisième réincarnation de la Tiburon sur une période de neuf ans, il faut croire que la compagnie coréenne fait quelque chose de bien quelque part…
Carrosserie
On vend un coupé sport pour l’image et on l’achète, de prime abord, pour la même raison. Quand on revoit les premières générations de Tiburon, on s’aperçoit à quel point cette voiture a évolué. Fini le chaos des courbes. Depuis sa refonte de 2003, la Tiburon s’affiche comme une sportive au goût du jour. Toutes ses lignes sont distinctes, comme si elles avaient été découpées au scalpel. Nul doute que ses créateurs ont puisé un peu de leur inspiration dans des oeuvres mobiles signées Pininfarina. Prenez, par exemple, le profil du requin (tiburon en espagnol) qui évoque les lignes de la Ferrari 456. Et pourquoi pas ? Ajoutez-y des roues de 17 pouces, de série dans la version Tuscani, en plus d’un échappement double, et le look de la Tiburon n’a absolument rien à envier à ses compétitrices japonaises.
Habitacle
À bord de la Tiburon, conducteur et passager à l’avant sont assis bas. Mais bien calés. En fait, ces baquets trônent parmi les premiers de leur catégorie, tant sur le plan du confort que du support lombaire. Bien qu’il s’agisse d’un 2+2, la Tiburon n’a pas autant à offrir aux occupants de la «banquette », qui devront endurer un sérieux inconfort au niveau de la tête et des jambes à moins d’être bien petits. Mais bon, depuis quand un coupé sport est-il destiné à des passagers ? !
Mécanique
On n’a pas à changer les bonnes choses. Le quatre cylindres de 2,0 litres ayant prouvé son efficacité dans les versions précédentes de la Tiburon, il est ainsi toujours offert dans les livrées de base et SE. Avec 138 chevaux au vilebrequin, on ne parle pas d’une mécanique réellement puissante, mais tout de même expressive à haut régime. Dans le cas où « paraître » s’avérerait insatisfaisant, optez pour la version Tuscani. Cette fois, on change entièrement de refrain. Le moteur s’approprie deux cylindres additionnels pour devenir le V6 de 2,7 litres emprunté à la Sonata et au Santa Fe. Capable de fournir 172 chevaux et 181 livres-pied de couple, ce V6 est disponible avec une transmission manuelle à cinq ou six vitesses. La boîte automatique à quatre rapports avec Shiftronic fait partie de la liste d’options de toutes les Tiburon.
Comportement
La solidité du châssis séduit dès les premiers tours de roues. Passer d’un rapport à l’autre se fait de façon aussi précise que plaisante. Grâce à un volant bien calibré pour le genre de conduite qu’inspire la Tiburon, le pilote reçoit une bonne dose d’informations au bout de ses doigts. Avec le V6, la souplesse de la mécanique confère à l’automobile un comportement néanmoins docile, particulièrement en usage urbain, où ses rivales, telles la Toyota Celica GT-S et l’Acura RSX Type S, exigent que l’on joue régulièrement dans les révolutions stratosphériques du moteur. Cela dit, la Tiburon prend elle aussi plaisir à chanter haut et le fait sans rouspéter. Seul bémol, les freins qui s’échauffent beaucoup trop vite.
Conclusion
La Hyundai Tiburon promène avec elle tous les éléments nécessaires à la réussite d’un coupé sport. Elle est aussi alléchante en termes de prix puisqu’elle se vend environ 2000 $ de moins que ses adversaires, et ce, que ce soit avec un quatre ou un six sous le capot
Forces
• Prix compétitif • V6 agréable • Image réussie
Faiblesses
•Niveau pratique minimaliste •Moteur quatre cylindres aux performances justes •Freinage beaucoup trop faible
Nouveautés en 2005
•Aucun changement majeur
2e opinion Michel Crépault
• La Tiburon propose beaucoup plus d’avantages que de désagréments. Bien sûr que la garde au toit est faible, que le dégagement aux places arrière est illusoire et que la visibilité aux trois quarts arrière agace. C’est un coupé 2+2 sportif, non ? Une sportive à la ligne aguichante, heureusement moins torturée que dans le passé. L’union entre le V6 et la boîte manuelle procure du muscle fin, progressif, pendant que le siège enveloppant maintient en virage et évite la fatigue. Malgré ce tout attrayant, les ventes ne vont pas bien. Un modèle méconnu ? Une équation « Hyundai = Adrénaline » qui ne passe pas la rampe auprès des amateurs de sensations fortes ? Un habitacle moins plastifié et un freinage plus incisif aideraient mais serait-ce suffisant ?