La bonne affaire
Par Philippe Laguë
Une voiture neuve pour moins de 10 000 $ : ç'a été le coup d'éclat de Hyundai l'année dernière, avec la petite Accent. Une initiative appuyée par une campagne de publicité agressive et bien orchestrée qui a porté un dur coup aux autres constructeurs présents dans ce segment de marché. Mais qu'en est-il de la valeur intrinsèque de ce modèle ?
Carrosserie
Introduite en 1995 en remplacement de l'Excel (qui succédait, elle, à la Pony), l'Accent en est à sa troisième génération. La dernière refonte date de 2006, et le modèle actuel a désormais un clone (la Kia Rio). Ses lignes tout en rondeurs lui donnent une allure sympathique, et la version bicorps est franchement jolie. Évidemment, ça se discute, mais moi, j'aime bien.
Habitacle
En matière de finition et de qualité d'assemblage, les Hyundai ne sont pas encore au niveau des meilleures japonaises (Honda, Toyota, Mazda), mais elles n'ont rien à envier à Nissan ou à Suzuki, par exemple. Les plastiques se comparent à ce qu'on retrouve dans les modèles concurrents; ce n'est ni mieux, ni pire. Et ça semble bien assemblé, comme en ont fait foi nos deux véhicules d'essai. Pas de craquements, ni de bruits de caisse, ni de pièces mal assemblées. Pas de lacunes ergonomiques non plus : tout est à portée de la main. Les commandes sont simples, accessibles, faciles à manier. L'Accent n'est pas chiche sur les espaces de rangement, ni sur l'équipement de série : la version de base vient avec une radio avec lecteur de CD et de MP3, deux coussins de sécurité gonflables, un volant inclinable et un essuie-glace arrière. L'habita-bilité est aussi l'une des qualités de cette sous-compacte : malgré ses dimensions, elle peut asseoir quatre adultes sans problème. La berline est plus spacieuse à l'arrière que le modèle bicorps, mais cette dernière offre quand même un minimum de dégagement pour la tête et les jambes. Les sièges proposent également un confort tout à fait acceptable, étonnant même, et ce, à l'avant comme à l'arrière.
Mécanique
Si on poursuit le jeu des comparaisons, le 4 cylindres coréen n'a pas la souplesse, ni la douceur, ni le silence de roulement de ses rivaux japonais. Par contre, il est très frugal, ce qui est très apprécié avec la hausse du prix du carburant des dernières années. Ce manque de raffinement se constate de plus au chapitre des boîtes de vitesses, manuelle et automatique. La première ne m'a pas impressionné : levier imprécis, course trop longue… De plus, ses rapports gagneraient à être mieux étagés, ne serait-ce que pour rendre le moteur un peu plus silencieux. La pédale d'embrayage m'a également fait tiquer, en raison d'un manque de fermeté et de progressivité. Quant au freinage, il est correct, sans plus. La version plus cossue (GLS) peut cependant recevoir des freins ABS, ce qui améliore les choses.
Comportement
L'agrément de conduite des sous-compactes n'est pas une vue de l'esprit : elles sont agiles, maniables, nerveuses et, si on les chausse convenablement, elles peuvent procurer leur dose de plaisir. L'Accent possède ces qualités, mais serait mieux servie par une direction plus ferme et, surtout, plus précise. La piètre qualité de ses pneus limite en outre ses compétences. Cela dit, ce qui importe vraiment, pour la grande majorité de la clientèle visée, c'est le confort; et à ce chapitre, l'Accent ne démérite pas. La douceur de roulement constitue une agréable surprise.
Conclusion
Hyundai ressuscite le concept de voiture du peuple, au même titre que la Coccinelle, la Ford T, la Citroën 2 CV ou la Mini Austin. Une voiture honnête, raisonnablement fiable, confortable et pratique, à la portée de toutes les bourses, qui redonne ses lettres de noblesse à la formule populaire « beau, bon, par cher ». Ses rivales japonaises sont un poil plus fiables, c'est vrai, et plus sophistiquées; mais l'Accent a deux arguments de poids : elle coûte moins cher et propose une garantie de base imbattable.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
En juillet dernier, le tandem Hyundai/Kia s'est hissé au 5e rang mondial au chapitre des ventes, derrière Toyota, GM, Volkswagen et Ford. Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter là : elle vise le troisième rang. S'il se trouve encore des gens qui associent l'entreprise coréenne à la médiocrité, nous sommes maintenant à court d'arguments. Qui plus est, en offrant une Accent 2008 à 9995 $, le fabricant nous a non seulement montré toute son agressivité en termes de mise en marché, mais il a également fait la démonstration qu'il avait les reins solides. Ah oui, la voiture ! L'Accent demeure, nonobstant son prix alléchant, une sous-compacte fort intéressante, agréable à conduire et frugale au possible. Avec la Yaris et la Fit, elle est au sommet en termes de rapport qualité-prix.