Vitrine technologique
Philippe Laguë
De tous les constructeurs généraliste s, Honda est le seul à fabriquer des véhicules automobiles, des motocyclettes et des moteurs de Formule 1. Véritable vitrine technologique de la marque japonaise, la S2000 constitue à la fois un amalgame de ces trois champs d’activité et une éclatante démonstration de son savoir-faire.
Carrosserie
La S2000 a subi quelques retouches esthétiques mineures l’année dernière. À l’avant, la bouche d’aération a été élargie, ce qui accentue son look « gueule de requin». Comme bon nombre de gens, l’auteur de ces lignes a toujours trouvé que les photos ne rendaient pas justice à ce bolide. Or, notre véhicule d’essai, avec sa livrée jaune, n’a laissé personne indifférent! Et les commentaires reçus ont tous été positifs, voire enthousiastes.
Habitacle
L’habitacle a, lui aussi, fait l’objet de retouches, mais elles sont mineures et c’est tant mieux. Oui, c’est simpliste, mais personne ne s’en plaindra car l’essentiel est là – pour une sportive, s’entend. Pour le côté pratique, on repassera : le rangement demeure inexistant, ou presque. En revanche, la finition est irréprochable. Et quelle ambiance! On se croirait à bord d’une F1, avec le bouton de démarrage rouge à la gauche du volant, l’instrumentation numérique et les pédales perforées en aluminium. C’est du meilleur effet. Les baquets ne méritent que des éloges, tout comme la position de conduite. Seule la chaîne audio prête flanc à la critique, car elle est tout simplement indigne d’une voiture de ce prix. L’insonorisation n’est évidemment pas le fort d’un roadster à toit souple. Dans la S2000, c’est encore pire, à cause du hurlement du moteur. Agréable pour certains (dont je suis), mais exaspérant pour d’autres, surtout lors de longs trajets.
Mécanique
Parmi les améliorations apportées l’an dernier, la plus significative se trouvait sous le capot. La cylindrée a augmenté (de 2 à 2,2 litres), le couple passant de 153 livres-pied (à 7500 tours/minute) à 162 livres-pied (à 6500 tours/minute). C’est peu, direz-vous, mais la différence se fait sentir. Il n’en demeure pas moins que ce quatre cylindres ne s’exprime vraiment qu’à très haut régime, contrairement aux moteurs à six cylindres des autres roadsters de cette catégorie. C’est à l’approche des 6000 tours/minute que l’on sent la « tape dans le dos », et ce, jusqu’à 8000 tours/minute…. Grisant, pour ne pas dire jouissif ! Le 0-100 km/h s’effectue en 6,8 secondes et on flirte avec les 240 km/h en pointe. Pas si mal pour un petit quatre cylindres atmosphérique, sans compresseur ni turbo… C’est là que l’apport de la F1 se fait le plus évident. La direction est d’une précision chirurgicale – excusez le cliché, mais il n’y a pas d’autre mot. Quant au freinage, il est puissant, linéaire et facile à doser. Et n’oublions pas la boîte manuelle à six rapports, l’une des meilleures de l’industrie automobile. Rapports bien étagés, course du levier ultracourte et précise, cette boîte est un vrai délice.
Comportement
Au chapitre de la tenue de route, le résultat s’avère tout simplement phénoménal. L’ennemi numéro 1 d’une sportive, c’est le poids, et les ingénieurs de Honda l’ont très bien compris, concevant un roadster léger et doté d’une répartition de poids idéale (49/51). La qualité de la monte pneumatique contribue elle aussi grandement aux aptitudes routières exceptionnelles de cette Formule 1 carrossée. Malgré le tempérament très typé de ce roadster, le confort n’est pas à dédaigner, ce qui est tout à l’honneur, encore une fois, de la suspension. Pour une sportive « pure et dure », c’est une agréable surprise.
Conclusion
Résumons: la S2000 est ce qui se rapproche le plus d’une voiture de course. Radicale et encore moins pratique que les autres roadsters de cette catégorie, elle s’adresse à une clientèle limitée, constituée de puristes. Elle ne fait pas l’unanimité, ce qui est le propre des fortes personnalités. Et en ce qui me concerne, c’est très bien ainsi !
Forces
• Ambiance F1 à bord • Sièges confortables • Moteur électrisant • Direction ultraprécise • Boîte manuelle parfaite • Tenue de route sportive
Faiblesses
• Habitacle peu pratique • Chaîne stéréo décevante • Insonorisation sommaire • Trop radicale pour certains
Nouveautés en 2005
•Aucun changement majeur
2e opinion Michel Crépault
• La S2000 est un pocket rocket qui n’a pas son équivalent en sol québécois. Ce n’est pas le fait qu’elle soit un roadster, car il y en a d’autres. Non plus sa palette de couleurs voyantes qui rend la Honda aussi juvénile qu’une visite chez Toy’R’Us. Non, toute la spécificité de la S2000 repose sur son moteur qui révolutionne comme pas un. Il faut un certain temps avant de s’habituer à changer les rapports au-delà de 7000 tours/minute, des nerfs d’acier et/ou des bouchons d’ouate pour endurer sur de longs trajets le mugissement strident qu’émet le bolide sans arrêt. Personnellement, après une séance de tricotage de la géniale transmission manuelle, j’ai besoin d’une Camry pour me calmer !