Iconoclaste et hors catégorie
P a s c a l B o i s s é
Depuis son arrivée sur le marché, l’Element nous étonne et attise la curiosité. Personne n reste indifférent aux formes de ce petit utilitaire pas banal ! D’ailleurs, l’Element a su se dénicher une clientèle qui n’est pas du tout celle que Honda attendait: destiné, à l’origine, aux amateurs de sports extrêmes et autres surfeurs californiens, il remporte un vif succès auprès des jeunes familles et, même, auprès des gens plus âgés qui semblent bien accepter sa forte personnalité.
Carrosserie
Avec son style iconoclaste et inclassable, l’Element se démarque de la banalité ambiante. Des phares plus expressifs, tels ceux du CR-V, contribueraient à le rendre plus sympathique aux yeux de ses détracteurs. D’ailleurs, si vous n’aimez pas sa ligne, allez lire ailleurs, l’Element n’est pas fait pour vous ! Parmi ses caractéristiques innovatrices, notons un hayon arrière séparé en deux, avec un panneau qui s’abaisse vers le bas (pour le tailgate party au bord de la plage…), des portes pivotantes pour accéder aux places arrière et un toit ouvrant vitré (dans la version Y) qui éclairera vos sacs d’épicerie puisqu’il est situé à l’arrière. Bien entendu, comme c’est le cas dans tous les produits Honda, la qualité de l’assemblage saute immédiatement aux yeux.
Habitacle
À l’intérieur, deux choses vous frappent : premièrement, l’espace généreux, voire caverneux, et couvert d’hectares de plastique et, deuxièmement, la visibilité qui est compromise par l’épaisseur exagérée des montants qui encadrent les fenêtres en forme de hublots. La position de conduite haute, dominant la route, combinée à la verticalité du pare-brise, n’est pas sans rappeler le Hummer H2. On aurait aimé trouver un repose-pied décent et un frein à main bien placé, mais ce n’est pas le cas. En revanche, on appréciera les multiples rangements pratiques. Les sièges, couverts d’un tissu lavable et prévus pour se rabattre sur les murs, ou former un lit quand les surfeurs veulent faire la planche, sont trop plats et manquent de support. Pour beaucoup de familles, l’Element peut être une solution alternative amusante à une fourgonnette, mais la limite de quatre places à bord est une sérieuse contrainte.
Mécanique
Que ce soit en version deux roues motrices ou avec la traction intégrale, dans la version Y, l’Element emprunte le quatre cylindres de 2,4 litres du CR-V. Ce moteur se révèle particulièrement glouton avec les quatre roues motrices : sa consommation peut dépasser facilement les 14 litres aux 100 km et un réservoir de 60 litres ne vous permettra guère de parcourir plus de 400 km entre deux pleins d’essence. Parlant de réservoir, les ingénieurs de Honda auraient eu intérêt à mieux l’intégrer au plancher du véhicule plutôt que de le placer à un endroit où il est très vulnérable et où il réduit la garde au sol.
Comportement
Comme sa silhouette de boîte à chaussures le laisse deviner, l’Element n’a pas été conçu pour établir des records de vitesse et est particulièrement sensible au vent latéral. La conduite sur autoroute exige une attention soutenue et la suspension sautillante n’aide pas sa cause. Si l’empattement très court affecte sa tenue de cap, cela devient un avantage en milieu urbain : l’Element est très agile grâce à son diamètre de braquage minuscule. C’est assez contradictoire avec l’impression que l’on a de conduire un camion semi-remorque, tellement ses formes et la piètre visibilité qu’il offre nous empêchent de bien juger les distances lors de manoeuvres de stationnement.
Conclusion
L’Element a beaucoup de charme mais, aussi, de gros travers qui sont inhérents à son concept sans compromis. Original, il passera certainement à l’histoire comme un des produits marquants de son époque. Honda devra cependant faire face à la réalité en offrant des caractéristiques qui seront appréciées par les vrais acheteurs de l’Element. Pourquoi ne pas remplacer le haut-parleur central par un refroidisseur de boissons? Et pourquoi pas une banquette à trois places à l’arrière? Tant pis si elle ne se tartine pas sur les murs… et au diable les surfeurs!
Forces
•Option alternative amusante à une fourgonnette •Intérieur lavable
Faiblesses
•Seulement quatre places •Faible autonomie (4RM)
Nouveautés en 2005
• Enjoliveurs de roues dans le modèle de base, revêtement latéral noir métallisé (certaines couleurs dans Y), embout d’échappement et sacs gonflables latéraux de série dans Y
2e opinion Nadine Filion
• Le Honda Element n’offre pas la même douceur de roulement et la tenue de route de ses concurrents, les autres utilitaires compacts, mais au moins il a le mérite d’offrir un espace de chargement qu’on peut configurer de tant de façons – et inonder ! – qu’il n’a pas son pareil. En connaissez-vous beaucoup des véhicules qui peuvent se transformer en camp de base en moins de deux ? Surtout, le Honda Element s’est construit une niche qui lui est propre grâce à son apparence particulière. On place l’utile avant l’agréable (pour l’oeil à tout le moins). Ceux qui le critiquent sans l’avoir essayé pendant quelques jours changeraient rapidement leur fusil d’épaule s’ils le faisaient. Bien conçu et peu gourmand, ce véhicule est la preuve que le gros bon sens a toujours sa place. Et que voulez-vous ? On ne peut pas plaire à tout le monde.