Un pas en arrière
Par Philippe Laguë
Dès son introduction, au tournant du XXIe siècle, l’Escape a fait l’unanimité, tant auprès de la presse spécialisée que des consommateurs, au point de devenir le champion des ventes de sa catégorie. La deuxième génération a été introduite à l’automne 2007 et elle devait accomplir quelque chose de plus difficile encore que d’accéder au sommet : y rester.
CARROSSERIE
Ce type de véhicule ne permet guère de fantaisie en matière de design : dans les grandes lignes, ils finissent par tous se ressembler. Comme c’était le cas avec son prédécesseur, l’Escape 2.0 n’est offert qu’un une seule configuration, à quatre portes, les modèles à deux portes ayant disparu de ce créneau. Comme le veut la tendance, les dimensions ont été accrues afin d’augmenter l’habitabilité et le confort.
HABITACLE
D’abord les fleurs : le tableau de bord est réussi. L’instrumentation est facile à consulter, et le tout est non seulement bien agencé mais agréable à l’œil, ce qui ne gâche rien. L’ergonomie est, dans l’ensemble, irréprochable : les commandes sont simples, accessibles et faciles à manipuler, ces grosses mollettes pour le chauffage, la climatisation et la chaîne stéréo, notamment. Comme toujours chez Ford, cette dernière brille par son rendement, la puissance et la qualité sonore.
Si la qualité d’assemblage ne montre aucune faille, l’abondance de plastique bon marché à l’intérieur déçoit. Des bruits éoliens se font également entendre à partir de 110 km/h. Et il y a ces sièges, recouverts d’un horrible tissu, aussi désagréable à l’œil qu’au toucher. Cette facture bas de gamme détonne des standards habituels de Ford. Quant aux sièges eux-mêmes, ils ont tout de la banquette de taxi, même les baquets à l’avant qui ne procurent aucun maintien latéral et assurent un confort minimal. Terminons sur une bonne note : l’Escape est un véhicule spacieux, que ce soit pour la tête, les épaules ou les jambes.
MÉCANIQUE
Comme son prédécesseur, l’Escape 2.0 propose trois motorisations, à 4 et à 6 cylindres, ainsi qu’une motorisation hybride. Ces moteurs peuvent être jumelés à une boîte de vitesses automatique à 6 rapports ainsi qu’à une boîte manuelle à 5 rapports dans le cas du 4-cylindres. L’Escape Hybrid dispose en exclusivité d’une boîte à variation continue.
Le 4-cylindres de 2,5 litres souffre terriblement de la comparaison avec ceux de ses concurrents asiatiques. Il n’a ni leur douceur ni leur discrétion; il est bruyant, surtout à l’accélération, et sa sonorité peu inspirante évoque les 4-cylindres américains des années 70 et 80. Sa consommation est raisonnable, mais, en version hybride, c’est franchement impressionnant : avec une consommation de 7 litres aux 100 kilomètres, c’est le plus économique des petits VUS.
Le V6 est nettement plus inspirant : cette fois, son rendement global n’a pas à rougir devant la concurrence asiatique. Plus puissant (240 chevaux), c’est aussi celui qui offre la meilleure capacité de remorquage de cette catégorie. Évidemment, la consommation grimpe d’un cran, mais ça demeure acceptable.
COMPORTEMENT
Ce petit VUS a complètement perdu son côté pétillant et ludique qui le démarquait du reste du peloton. Ses concepteurs ont voulu le rendre plus confortable, mais à quel prix ? L’amortissement a été ramolli au point d’occasionner un roulis beaucoup plus prononcé qu’avant ainsi qu’une sensation constante de flottement. Oui, c’est vrai, l’Escape 2.0 est plus confortable, ce qui devrait réjouir la majorité des acheteurs; mais l’agrément de conduite n’est plus. Qu’il repose en paix !
La version Sport est une imposture : elle n’a de sportif que le nom (et l’allure, un peu, avec ses jantes noires). La direction est imprécise, de sorte qu’il faut constamment corriger en virage, et en plus, elle est lente.
CONCLUSION
Qui aime bien châtie bien, dit le proverbe. Or, l’Escape était l’un de mes préférés dans cette catégorie. Je dis bien « était », car son 4-cylindres bruyant et sa conduite peu inspirée (pour ne pas dire ennuyeuse) m’ont quelque peu éteint. Sans parler de la finition très plastique à l’intérieur. Non, ce n’est plus l’Escape que j’aimais. Cela dit, soyons bon joueur et reconnaissons qu’il a toujours quelques solides arguments en sa faveur, à commencer par sa fiabilité et son prix, très concurrentiel.
FORCES
– Habitabilité
– Choix de moteurs
– Version hybride
– Véhicule confortable
– Fiabilité
FAIBLESSES
– Abondance de plastique à l’intérieur
– Sièges médiocres
– Moteur de 2,5 L décevant
– Direction engourdie
– Agrément de conduite disparu
NOUVEAUTÉS EN 2010
Aucun changement majeur