Un de trop
Par Alexandre Crépault
De nos jours, on laisse entendre que toutes les voitures sont bonnes, ce qui est relativement vrai. Mais il y a toujours des exceptions à la règle, et le Nitro en est la preuve.
Carrosserie
Le Dodge Nitro est basé sur la plateforme du Jeep Liberty. La ressemblance entre les deux modèles est évidente, mais on dirait que le Nitro cherche surtout à imiter un Land Rover sur stéroïdes, ce qui, à vrai dire, n'est pas un défaut en soi. Avec ses grosses ailes élargies, son immense calandre et ses fausses branchies, Dodge met l'accent sur la vocation sport du modèle et de la marque. On y ajoute les roues de 20 pouces chromées du modèle R/T et on se croirait presque dans une vidéoclip de Jay-Z. Une allure qui plaît à certains, mais qui n'est définitivement pas pour tous.
Habitacle
Qu'on aime ou pas le style extérieur du véhicule, la conception de la cabine, elle, est presque une insulte à l'intelligence humaine. L'énorme console centrale comporte sa part de blâmes. La qualité des matériaux laisse à désirer, tandis que l'espace accaparé par le tunnel de la boîte de vitesses est si important qu'il en reste à peine assez pour les jambes des occupants. Les passagers installés à l'arrière, quant à eux, bénéficient d'un dégagement pour leurs membres mais sont assis trop bas pour s'avouer réellement confortables. Trois divers types de matériaux recouvrent des sièges, dont le fameux tissu antitache et antiodeur YES Essential breveté par Jeep. Dans la colonne des plus, le Nitro propose une extension escamotable de 18 pouces au coffre à bagages baptisée Load'n Go qui facilite le chargement des objets. Le département du multimédia va aussi pour le mieux avec, en option, la chaîne MyGIG, capable de jouer CD/DVD/MP3 en plus d'emmagasiner jusqu'à 20 gigaoctets de contenu.
Mécanique
Deux V6 sont proposés : un 3,7-litres et un 4-litres. Dans le premier cas, une boîte manuelle à 6 rapports vient de série, tandis que la boîte automatique à 4 rapports s'affiche en option. Quelque 210 chevaux et un couple de 235 livres-pied sont transmis aux roues arrière. La plus grosse mécanique développe, pour sa part, 260 chevaux et produit un couple de 265 livres-pied; elle est jumelée à une boîte automatique à 5 rapports. Peu importe le choix de la mécanique, le Nitro a soif. La donnée du constructeur suggère une consommation oscillant autour des 11 litres aux 100 kilomètres, mais, au quotidien, il est difficile de s'en tirer à moins de 12 litres. En revanche, le Nitro peut tirer une masse allant jusqu'à 2268 kilos (5 000 livres) si on l'équipe convenablement, et ce, pour toutes les versions.
Comportement
C'est ici que les choses se gâtent vraiment. En vertu de ses prétentions sportives, on pourrait croire que le Nitro se veut un genre d'utilitaire ultra sportif, à l'instar des Porsche Cayenne ou Range Rover Sport. Terrible illusion. Le caractère sportif du Nitro se limite aux lignes droites, et encore. Le moteur crie fort, mais rien ne se passe. Le châssis se tortille dans les virages ou sous l'effet de la chaussée délabrée. La suspension molle ne fait qu'accentuer les effets du roulis, et le freinage est à la limite du passable. On se croirait au volant d'un malaxeur tellement nos vertèbres jouent des castagnettes. On remarque d'ailleurs le témoin du système contrôle de la stabilité électronique qui scintille fréquemment dans les virages bosselés, là où les pertes de motricité entre les pneus et le bitume se révèlent fréquentes. Pire encore, pas moyen de désactiver le dispositif ESP, ce qui hypothèque les aspirations hors route du Nitro.
Conclusion
Le Nitro brandit un argument de poids : une étiquette de prix démarrant sous la barre des 24 000 $. Mais, en échange, on vous offre un VUS qui consomme beaucoup, qui n'est pas réellement pratique, peu performant, et dont les aptitudes tout-terrain se limite à la motricité des pneus.
Deuxième avis : Pascal Boissé
Tuez-le ! Faites-le disparaître ! Voilà ce que je conseillerais aux dirigeants de Chrysler. Le Nitro est un véhicule qui n'est ni sportif ni utile, et dont les piètres performances à tous les chapitres ne peuvent que nuire à la réputation du fabricant. D'ailleurs, le bilan est peu reluisant : le Nitro est un véhicule beaucoup moins intéressant que son cousin, le Jeep Liberty, et l'on peut présumer que sa valeur de revente sera certainement catastrophique. Outre ses lignes distinctives, presque tous les aspects de ce camion seraient à revoir pour en faire un véhicule acceptable. Entretemps, le Nitro offre l'habitabilité d'un CR-V et la consommation d'un Hummer, en plus d'offrir un habitacle dont la qualité serait offensante dans une voiture russe.