La brute se raffine
Philippe Laguë
À l’instar de bon nombre de mes collègues, je ne suis guère friand des VUS. Plus ils sont gros, moins je les aime, car l’agrément de conduite qu’ils offrent est inversement proportionnel à leur format. Sans parler des défauts inhérents à ce type de véhicule (encombrement, forte consommation, pollution et tutti quanti). Mais s’il m’en fallait un, le Durango figurerait sur ma liste de choix potentiels. Explications.
Carrosserie
Qu’on aime ou non ce type de véhicule, il faut d’abord souligner les efforts des stylistes de la division Dodge, qui ont redéfini les standards esthétiques des camionnettes, ces dernières années. Redessiné l’an dernier, le Durango s’inspire fortement du prototype Power Wagon, dévoilé il y a trois ans. La calandre emblématique des camions Dodge, inspirée des poids lourds, orne la partie avant et le style, néo-rétro et toujours macho, plaira à la clientèle visée. Par ailleurs, l’efficacité aérodynamique de ce gros VUS constitue une agréable surprise. Le Durango affiche une stabilité et une tenue de cap rassurantes, et ce, même lorsque de forts vents soufflent.
Habitacle
Comme le veut la tendance dans tous les créneaux de VUS, les dimensions sont à la hausse par rapport au modèle précédent. L’habitacle est donc vaste et pourtant, le dégagement pour les jambes à l’arrière est un peu juste. Dans un véhicule de ce format, cela étonne. À l’avant, les baquets sont confortables, mais ils pourraient offrir un meilleur maintien. Le même constat s’applique à la banquette arrière, tandis que la troisième rangée de sièges conviendra à des enfants. Parlons plutôt de places d’appoint. Ces banquettes peuvent cependant s’incliner, ce qui augmente la polyvalence de l’habitacle. Tant la présentation intérieure que la finition ne méritent que des compliments. À ce chapitre, le Durango n’a rien à envier à ses rivaux japonais, ce qui n’est pas peu dire ! Chose certaine, cette qualité d’assemblage surprend agréablement à bord d’un véhicule portant l’écusson Dodge. L’insonorisation a droit, elle aussi, à des éloges bien sentis, d’autant plus que cela permet d’apprécier pleinement la qualité sonore de la chaîne stéréo.
Mécanique
On a fait grand état du retour d’un V8 à culasse hémisphérique sous le capot des camions Dodge. Pourtant, Chrysler Canada n’a pas cru bon mettre à la disposition des chroniqueurs québécois un Durango à moteur Hemi. En bons citoyens de seconde zone, nous avons dû nous contenter d’une version mue par la motorisation de base, soit un V8 de 4,7 litres. Très bon moteur au demeurant, mais vous comprendrez qu’il m’est impossible de vous chanter les louanges du nouveau V8 Hemi de 5,7 litres. Développant 105 chevaux de moins – 230 contre 335 –, le V8 Magnum offert de série tire bien son épingle du jeu, tant au chapitre des performances que du couple. Il émet un grondement viril à l’accélération, pour ensuite se faire discret. Viril, disions-nous, mais jamais brutal. On constate par ailleurs que deux défauts légendaires des produits Chrysler ont enfin été éliminés : le freinage s’avère plus puissant et la pédale n’est plus spongieuse, tandis que le rendement de la nouvelle boîte automatique à cinq rapports se révèle franchement impressionnant.
Comportement
Dans sa cure de rajeunissement, le Durango a reçu de nouveaux trains roulants. À l’avant, la suspension est indépendante, alors qu’on a opté pour une configuration à essieu rigide et ressorts hélicoïdaux à l’arrière. Le résultat ? Une douceur de roulement en net progrès et un roulis fort bien maîtrisé en virage. Grâce à son aplomb, le Durango est beaucoup plus rassurant à conduire que bon nombre de ses rivaux.
Conclusion
Aucun doute, le Durango de deuxième génération fait partie du peloton de tête des gros utilitaires. Il ne manque qu’une version hybride pour que la réussite soit complète… et un meilleur service après-vente, comme en font foi les sondages auprès des propriétaires.
Forces
•Style unique •Efficacité aérodynamique •Finition en net progrès •Mécanique plus raffinée •Douceur de roulement •Comportement rassurant
Faiblesses
•Habitabilité décevante à l’arrière •Banquette médiane peu confortable •Troisième banquette peu pratique •Encombrement et consommation •Service après-vente déficient
Nouveautés en 2005
• Nouvelle version Adventurer, sièges chauffants optionnels dans tous les modèles (de série dans Limited), 3e banquette rabattable divisée 50/50 de série dans SLT Plus et Limited, système de navigation optionnel dans Limited, phares à activation automatique optionnels dans tous les modèles, une nouvelle couleur de carrosserie
2e opinion Pascal Boissé
• Le Durango possède maintenant le format idéal pour qui est amateur du genre : spacieux sans être monstrueux, ses dimensions le placent entre un Honda Pilot et un Toyota Sequoia. Un gabarit très près de celui d’un Chevrolet Tahoe. Dodge ne pourra donc plus prétendre qu’il est seul dans sa catégorie puisqu’il a maintenant rejoint les grands. Les quelques centimètres qu’ils lui manquent en largeur ne paraissent pas vraiment à l’intérieur mais font toute la différence quand vient le temps de le garer. Reste maintenant à digérer le prix à payer qui a pris une certaine expansion et sa silhouette pour le moins particulière. On nous promettait, chez Dodge, que le Durango aurait le volume d’un gros utilitaire mais une consommation réduite. Ne vous faites pas d’illusions, c’est un vrai glouton !