Confusion des genres
Benoit Charette
Le style prend tout son sens dans le domaine automobile lorsque l’on désire qu’un nouveau véhicule fasse mouche sur le marché. L’exercice devient beaucoup plus difficile si vous chassez une cible mouvante. Le Pacifica est le premier véhicule multifonction chez Chrysler. Ces véhicules, par définition, visent à toucher plusieurs segments de marché dans un emballage unique. Dans le cas du Pacifica, les concepteurs voulaient réunir les attributs d’une familiale, le côté pratique d’une fourgonnette, le confort d’une berline de luxe et la sécurité d’un utilitaire sport. Si, sur papier, le Pacifica correspond à tous ces genres, sur la route Chrysler a fait trop de compromis pour que le véhicule soit véritablement intéressant.
Carrosserie
C’est probablement l’aspect le plus positif du véhicule. Celui-ci est bien tourné et les concepteurs ont utilisé la recette du rétro-moderne qui a si bien réussi à la PT Cruiser et à la Crossfire. La calandre chromée flanquée de l’emblème ailé de Chrysler est du meilleur effet. La ceinture de caisse élevée ajoute de la présence. Finalement, les lignes sculptées offrent un style distinctif.
Habitacle
À l’intérieur, tout a été pensé pour rendre les voyages plus confortables. Les six sièges, répartis sur trois rangées, bénéficient de nombreux réglages assurant le confort. Il faut tout de même admettre que l’accent est clairement mis sur les quatre fauteuils, car pour trouver son chemin vers l’arrière, il faut être petit et contorsionniste. Le tableau de bord, unique, marie avec goût les incrustations d’aluminium, de bois et de cuir. L’équipement très complet peut inclure le système de navigation, entrée DVD avec écran LCD, sièges de cuir chauffants et autres attributs associés aux véhicules de luxe.
Mécanique
Sous le capot, Chrysler n’a pas fait montre d’une grande ingéniosité. Les concepteurs se sont tournés vers la 300M et ont greffé le même moteur sous le Pacifica. Si ce moteur donne de bons résultats en traînant les 1624 kilos du 300M, ses 250 chevaux sont nettement insuffisants pour briller sous les 1988 kilos du Pacifica. Et pour comble, Chrysler, partenaire de Mercedes qui vient de développer une boîte automatique à sept rapports, se contente d’une obsolète transmission à quatre vitesses incapable d’exploiter le potentiel de la mécanique qui semble toujours à bout de souffle. Imaginez avec le moteur de base.
Comportement
Commençons par les bonnes nouvelles. Le freinage se révèle sans tache avec des arrêts francs et sans bavure. La tenue de route dans son ensemble est excellente en raison du poids du véhicule qui le garde planté au sol peu importe le climat, le centre de gravité est assez bas pour procurer une excellente liaison au sol et le silence de roulement est digne d’une berline de luxe. La suspension offre un mélange pas toujours heureux. Si elle absorbe bien les imperfections de la route, elle réagit brutalement aux nids-de-poule en raison du débattement trop faible. Parmi les mauvaises nouvelles, la visibilité nulle est sans l’ombre d’un doute le plus gros défaut de ce véhicule. C’est simple, au moment de reculer, on ne voit rien en raison de la ceinture de caisse trop élevée. Ce handicap qui s’ajoute à l’encombrement fait du Pacifica un véhicule à haut potentiel de mal de tête en conduite urbaine.
Conclusion
Le résultat final laisse un goût doux-amer. Ce véhicule n’est pas assez polyvalent pour porter le sceau de familiale. Les espaces de rangement et le coffre sont trop restreints pour qu’il puisse être considéré comme une fourgonnette. Si l’intérieur est luxueux, la conduite n’est pas celle d’une berline de luxe, Finalement, si les quatre roues motrices maîtrisent toutes les conditions haut la main sur le bitume, croyez-moi, vous n’irez pas plus loin. Chrysler devra réévaluer ses objectifs pour faire du Pacifica un succès.
Forces
•Silhouette bien tournée •Silence de roulement •Assemblage et finition de Qualité
Faiblesses
•Visibilité arrière exécrable •Sous-motorisé •Poids excessif
Nouveautés en 2005
•Moteur 3,8 l de base, jantes 19 pouces, modèle cinq passagers d’entrée de gamme, deux rangées de sièges chauffants de série pour le modèle Limited AWD
2e opinion Philippe Laguë
• Chaque fois que j’ai pu conduire un Pacifica depuis sa sortie, l’année dernière, c’est la qualité d’ensemble qui m’a d’abord frappé. Chrysler ne nous a pas habitués à une exécution aussi rigoureuse et cette amélioration laisse entrevoir de belles choses. Mais cette marque devra aussi faire ses preuves au chapitre de la fiabilité. La piètre réputation des véhicules américains en la matière doit aussi être considérée lorsque vient le temps de trouver une explication aux ventes décevantes de ce modèle. À près de 40 000 $, on est en droit de se montrer exigeant. Cela dit, le Pacifica mérite un meilleur sort. Le confort est princier et il faut également saluer la finition soignée et l’assemblage rigoureux, des concepts jusque-là inconnus chez Chrysler. Est-ce la rigueur germanique des nouveaux propriétaires de la marque qui commence à se faire sentir ? Chose certaine, on ne s’en plaindra pas.