Un État américain
Par Daniel Rufiange
J'ai de la difficulté à comprendre la stratégie de GM avec certains de ses produits, à commencer par la Colorado. En remplaçant la S10 par un produit supérieur, on se serait attendu à ce qu'il connaisse plus de succès, mais il n'y arrive tout simplement pas. Aurait-on erré en étudiant le marché des camionnettes intermédiaires ? Est-ce que l'état actuel de l'ex-numéro1 mondial est à ce point préoccupant qu'elle ne sait plus comment prendre des décisions éclairées ?
Carrosserie
J'avoue avoir un faible pour les lignes de la Colorado. Le bébé de la Silverado a des airs méchants avec sa calandre chromée et ses phares anguleux comme des sourcils froncés. Trois configurations de cabine déterminent ses différents visages. D'abord, la multiplace à quatre portes permettra aux passagers arrière d'accéder facilement à l'intérieur. On peut même la configurer pour qu'elle reçoive six occupants, à condition de ne pas inviter des lutteurs de sumo, des haltérophiles et d'autres athlètes du genre. Les cabines allongée et classique figurent également au menu.
Habitacle
Plutôt que d'être généreuses dans la catégorie, les dimensions de la Colorado se rapprochent plus de celles de la Ford Ranger, un véhicule un peu vieux ! La présentation visuelle n'a rien d'épatant, une faiblesse récurrente de GM. Qu'on opte pour les modèles de base LS ou les plus cossus LT, ces derniers pouvant même voir leurs baquets recouverts de cuir, on se trouve à l'étroit à bord. Pourquoi opter pour un véhicule à l'espace restreint, alors que la concurrence en offre plus ? Au moins, malgré l'aspect cabine téléphonique, on a aménagé un espace fonctionnel avec des compartiments de rangement bien pensés, à condition de cocher oui vis-à-vis certaines options.
Mécanique
Qui dit camion dit habituellement travaux lourds. Qui dit travaux lourds sous-entend moteurs puissants. Le choix de GM de ne pas offrir de V6 dans sa Colorado est difficile à comprendre. Le fabricant opte plutôt pour un 4-cylindres de 2,9 litres de 185 chevaux et pour le fameux 5-cylindres de 3,7 litres de 242 chevaux. Ces deux moteurs doivent monter en régime pour atteindre leur pleine puissance et, même si le couple généreux est disponible sous les 4600 tours par minute, ils n'arrivent pas à s'imposer face à la concurrence. Pourtant, leur énergie est suffisante pour faire le travail, mais un camion sans V6, c'est bien difficile à vendre, peu importe ses aptitudes. Des boîtes de vitesses, manuelle et automatique, à 5 et à 4 rapports respectivement, sont offertes pour chacune des mécaniques.
Comportement
Plus petite et moins lourde que ses concurrentes, la Colorado offre néanmoins un comportement très camionnette. Les versions à empattement long proposent plus de confort, alors que les modèles à empattement court bondissent d'un cahot à l'autre. Sur des routes nivelées, la douceur de roulement est appréciable, mais la présence de roulis, décevante. Pour y remédier, la suspension hors route Z71, plus ferme, est offerte sur les modèles LT, mais attendez-vous à vous faire brasser la carcasse. Pour ce qui est des performances, j'imaginais que j'allais conduire une petite camionnette qui traîne un autobus bondé. Ç'a n'a pas été le cas, même si on peut difficilement comparer avec ce qui se fait ailleurs. Peut-être en raison de son poids inférieur – en version de base – la Colorado ne nécessite pas une aussi puissante artillerie pour se mouvoir. Cepen-dant, une fois la boîte bien chargée, le moteur à 4 cylindres risque de hurler de douleur. Ainsi, pour les travaux plus lourds, il faut opter pour le 5-cylindres, à défaut de mieux.
Conclusion
Pour une entreprise dans un état si problématique, je comprends mal pourquoi elle offre toujours une camionnette qui n'arrive à convaincre personne qu'elle demeure la référence dans la catégorie. Comme la Ford Ranger, elle peut brandir son prix de base pour séduire et demeure un produit intéressant pour un jeune qui veut se procurer sa première camionnette. Mais pour les entrepreneurs, on repassera.
Deuxième avis : Benoit Charette
Voici une camionnette mal née qui tente désespérément de se tailler une niche sur le marché depuis qu'elle a remplacé la désuète S-10. Ironiquement, l'archaïque Ranger, que les concessionnaires Ford vendent à rabais depuis déjà quelques années, fait beaucoup mieux au chapitre des chiffres de vente. Pour tenter de sortir cette camionnette de sa léthargie, en 2009, Chevrolet lui greffe un V8 qui lui permettra d'aller jouer dans la cour de la Dodge Dakota. Avec une puissance de 320 chevaux et un couple de 320 livres-pied, cette Colorado pourra abattre un boulot plus sérieux et peut-être convaincre certains propriétaires de camionnettes pleine grandeur de diminuer dans le format. Pour ce qui est des autres moteurs, ils n'offrent pas l'avantage de la consommation de carburant, ni la puissance nécessaire, c'est probablement pour cela que la clientèle est aussi rare.