Exotisme américain
Philippe Laguë
Il aura fallu plus de 15 ans pour que Cadillac se risque une nouvelle fois dans le créneau ultra-sélect des roadsters de prestige. Lancée l’an dernier, la XLR doit affronter une concurrence relevée, avec des joueurs ayant pour noms BMW, Jaguar, Lexus, Mercedes et Maserati, en plus de vivre avec le spectre de l’Allante, de triste mémoire…
Carrosserie
La XLR est l’aboutissement du prototype Evoq, montré pour la première fois au Salon de Detroit en 1999. Elle en est presque la copie conforme, avec ses lignes tendues et ses formes anguleuses, qui semblent avoir été taillées à la hache. Qu’on aime ou non, force est d’admettre que le résultat s’avère diablement spectaculaire! Le style est audacieux, presque intimidant, et moderne, indiscutablement. Le toit rigide assure une meilleure insonorisation, mais en se rétractant, il vient se loger dans le coffre, avec les conséquences qu’on imagine. Il faudra voyager léger…
Habitacle
À plus de 100 000 $ l’exemplaire, on peut s’attendre à un équipement de série pléthorique, rien de moins. Celui de la XLR l’est assurément, la seule option étant le système de navigation. Les sièges chauffants et climatisés sont très confortables, mais leur support latéral se révèle insuffisant. La présentation intérieure respire l’opulence et la qualité de la finition se rapproche de plus en plus de celle de la concurrence allemande et japonaise. Le tableau de bord est dominé par deux gros cadrans signés Bvlgari et on y trouve des appliques de bois du meilleur goût. Mais il faut s’habituer à cette espèce de volant grand format, dont les dimensions m’apparaissent inappropriées.
Mécanique
La XLR partage sa plateforme et ses trains roulants avec la nouvelle Corvette C6, en plus d’être assemblée au même endroit. Mais le moteur est le plus beau fleuron de la division Cadillac: j’ai nommé le V8 Northstar. Il n’a rien à envier aux V8 des Jaguar, Lexus et Mercedes, ni en puissance (320 chevaux) ni en raffinement, avec son architecture moderne (32 soupapes, double arbre à cames en tête, distribution variable). Il transmet sa puissance aux roues arrière par le biais d’une boîte automatique à cinq rapports. Celle-ci ne m’a pas enthousiasmé outre mesure: si elle assure des passages fluides, elle n’aime visiblement pas être brusquée et pour la conduite sportive, il est tout indiqué de passer en mode séquentiel, sinon la boîte devient carrément caractérielle. De plus, elle manque de vigueur dans les premiers rapports. Capable de performances athlétiques, la XLR freine aussi comme une championne. Sa direction à assistance électrique MagnaSteer ne fait cependant pas l’unanimité. Pour ma part, j’ai apprécié sa rapidité d’exécution et sa grande précision, mais elle annihile toute information en provenance de la chaussée.
Comportement
Un des points forts de la XLR, outre son châssis hyperrigide, est sa suspension très sophistiquée. Celle-ci adopte une configuration à double levier triangulé et elle est munie d’amortisseurs magnétiques, d’où son nom: Magnetic Ride Control. Oubliez la Cadillac de votre père, de votre oncle ou de votre grand-père : confortable comme doit l’être une Cadillac, la XLR accepte aussi d’être malmenée. Rapide comme une flèche, elle affiche une stabilité rassurante à haute vitesse, en ligne droite comme dans les grandes courbes, où sa caisse demeure bien neutre. Sur un parcours sinueux, elle montre par ailleurs une aisance remarquable.
Conclusion
Il n’y a aucun doute dans mon esprit : la XLR est une authentique GT et Cadillac peut s’enorgueillir d’être la première marque américaine capable de faire jeu égal avec des marques de prestige européennes et japonaises. Évidemment, la fiabilité demeure la grande inconnue, mais à ce chapitre, Cadillac peut difficilement faire pire que certaines marques allemandes, Mercedes en tête de liste.
Forces
•Spectaculaire ! •Finition soignée •Superbe moteur •Châssis et suspension très efficaces
Faiblesses
• Volume du coffre ridicule • Volant trop gros • Piètre support latéral des sièges • Boîte automatique caractérielle • Fiabilité inconnue
Nouveautés en 2005
•Nouvelles boiseries intérieures, une nouvelle couleur de carrosserie
2e opinion Michel Crépault
• Quelle déception que mes premiers tours de roue avec cette nouveauté tant attendue ! Au départ, pourtant, quasiment l’extase. Avouez qu’elle est belle ! Peu importe l’angle par lequel on la découvre, l’effet est saisissant. Le nouveau style affûté de Cadillac atteint une apothéose, conservant une filiation avec la CTS mais interprétant les lignes d’un roadster de façon inédite. Le confort aussi est digne de la marque. Mais ensuite… La voiture est lourde, n’inspire pas la vitesse et l’agilité, à moins d’enfoncer à fond l’accélérateur pour réveiller le Northstar. Le comportement en virage se révèle approximatif et la direction communique autant d’information qu’un cadavre. Pour finir, le toit articulé a flanché trois fois en deux semaines. Désolé, gens de GM, vous n’avez pas terminé vos devoirs.