Le dernier refuge
Amyot Bachand
La Cadillac DeVille constitue le dernier refuge de la révolution ratée des années 1980 chez Cadillac. Cette traction retournera bientôt vers ses origines de propulsion. La version DTS que nous avons essayée s’avère une routière confortable et de bonne facture.
Carrosserie
Avec ses lignes encore très classiques, mais sobres, la Cadillac DeVille demeure une voiture imposante. Les roues chromées en alliage de 17 pouces de la DTS accentuent cet effet. Seule la calandre avec la caméra à infrarouge du système « vision de nuit » gâche le résultat. Chose peu fréquente dans les catalogues automobiles, Cadillac annonce la possibilité de commander une version protection de la DeVille, avec parement blindé, pare-brise antiballes, pneus qui ne se déjantent pas. La qualité de finition extérieure de notre DTS a reçu une bonne appréciation de notre part, mais le niveau de qualité de la peinture, quoique très satisfaisant, ne rejoint pas celui de ses concurrentes. Dans le coffre, un filet pratique évite que les petits objets ne roulent vers l’avant. Vaste, il accueillera quatre sacs de golf ou les valises de quatre personnes. On compte aussi sur une ouverture passe-skis au centre du dossier du siège arrière.
Habitacle
Les grandes portières avant facilitent l’accès. Dans l’ensemble, la qualité des matériaux, des tissus et des cuirs est perceptible. Mais la concurrence allemande et japonaise surpasse cette qualité, offrant des matériaux plus raffinés. Chez Cadillac, le cuir est plus épais ; les piliers sont recouverts de velours plutôt que de tissu. On sent là vraiment la culture américaine. J’ai bien aimé les systèmes de ventilation et de chauffage : il y a d’abord le trizone, avec deux zones séparées à l’avant et une à l’arrière, le système de climatisation des deux fauteuils avant et les commandes de chauffage des sièges : assise et dossier ou dossier seulement. En été, on ne peut pas se passer des sièges rafraîchissants, car les cuirs ne respirent pas. Si les sièges avant sont très confortables, le dossier de la banquette arrière ne convient pas à tous : son coussin lombaire crée un renflement inconfortable. La bonne insonorisation de la voiture permet de profiter de l’excellente chaîne Bose. Notre DTS comptait sur un système de navigation facile à programmer au simple toucher. J’aurais préféré un écran un peu plus élevé pour éviter de trop baisser les yeux. Du point de vue du conducteur, je n’ai qu’un reproche à faire: le diamètre du volant (chauffant) est trop grand pour assurer une conduite rapide: malgré l’ajustement télescopique et en hauteur, il m’accrochait les cuisses ou encore était trop haut. Le système Night Vision fonctionne vraiment, mais atteint ses limites dans les virages puisque la caméra est fixe.
Mécanique
Le V8 Northstar demeure une référence : puissant, souple, il permet de bonnes accélérations et dépassements à la DeVille DTS de 1835 kilos : on atteint les 100 km/h en 8 secondes et on réalise le 80-120 km/h en 5,8 secondes avec le troisième rapport. La boîte automatique pourrait passer à cinq rapports ; on y gagnerait encore plus dans la douceur des rétrogradations et des dépassements rapides.
Comportement
L’excellente suspension de la DTS minimise le roulis de ce mastodonte et absorbe efficacement bosses et trous. Elle colle donc très bien la route et procure à ses passagers un bon confort. Seuls les Michelin Energy limitent un peu la qualité de la tenue de route au profit de l’économie et du silence. Un seul point négatif important : le freinage n’est pas à la hauteur : 48 mètres pour immobiliser la DTS, c’est trop long. Cadillac peut faire mieux.
Conclusion
Parmi les trois versions offertes, optez pour la DTS et vous obtiendrez une limousine américaine confortable. Cette version offre une meilleure tenue de route sans négliger le confort des occupants.
Forces
• Performances – accélérations • Tenue de route (DTS) • Douceur de roulement • Confort à l’avant
Faiblesses
• Freinage • Diamètre du volant • Support lombaire (banquette arrière)
Nouveautés en 2005
• Système de communication OnStar à commande vocale,nouvelle version Protection Series à empattement court et long, trois nouvelles couleurs de carrosserie
2e opinion Jean-Pierre Bouchard
• Au fil des ans, la DeVille a évolué sur les plans esthétique et technologique pour devenir une véritable limousine capable de rivaliser avec d’autres berlines de cette catégorie, notamment du côté des constructeurs du pays du Soleil Levant, et même de les déranger. La silhouette impose le respect et dissimule diverses qualités comme un puissant moteur pour la propulser, ainsi qu’un généreux habitacle et des sièges confortables pour accueillir ses occupants. Chauffeur… Cependant, la DeVille vieillit. La division de luxe du constructeur américain devrait corriger la situation avec la nouvelle DTS, plus moderne, plus raffinée, plus à l’image du futur de la marque. Une Cadillac restera toujours dans mon coeur une Cadillac. Signe de richesse et d’opulence. Et une DeVille, la voiture qui nous conduit à notre dernier repos.