L'anti Lexus
Par : Philippe Laguë
Soyons francs : qui dit Cadillac, dit "gros char de mononcle". La division de prestige de General Motors traîne cette image comme un boulet. La DeVille confirme cependant que cette marque est sur le bon chemin pour retrouver son lustre d'antan, au point de représenter une menace véritable pour ses rivales japonaises.
Carrosserie
Dire que la DeVille a embelli est un euphémisme. Même si elle n'a rien d'un canon de beauté, elle n'affiche aucune ressemblance, Dieu merci, avec l'affreux dinosaure qui l'a précédée. Comme les autres limousines de cette catégorie, elle se présente sous la forme d'une berline à quatre portes. Il s'agit de la seule configuration proposée, ce que regretteront les nostalgiques de la défunte Coupé DeVille. Le millésime 2003 se décline en trois versions: de base, DHS et DTS. La deuxième se veut la plus cossue et la troisième, la plus sportive.
Mécanique
Sous leur capot niche le meilleur moteur jamais conçu chez GM, j'ai nommé le V8 Northstar de 4,6 litres. Dans les livrées de base et DHS, il développe 275 chevaux, ce qui le place en excellente posture face à la concurrence, américaine comme japonaise. Dans la DTS, la puissance passe à 300 chevaux, ce qui propulse la Cadillac parmi les meneurs de sa catégorie. Avec un tel attelage, il ne faut guère s'étonner de la rapidité d'exécution de la DTS, qui bondit de 0 à 100 km/h en 7 secondes et des poussières. On parle quand même d'un véhicule pesant quelque 1835 kilos ! La puissance est là, mais le couple aussi, comme en témoignent des reprises électrisantes. Lorsque vient le temps de dépasser, un petit coup d'accélérateur et hop ! c'est réglé. Ce moteur possède d'indéniables qualités athlétiques, mais il sait faire preuve de souplesse. Celle-ci est mise en valeur par le rendement exemplaire de la boîte automatique, qui assure des passages rapides mais en tout temps fluides. Le plus impressionnant dans tout ça, c'est la maîtrise de l'effet de couple, réduit à néant ou presque. N'oublions pas que la DeVille, contrairement à ses rivales importées, est une traction; or, avec 300 chevaux sous la pédale, on pourrait s'attendre au pire. Or, il n'en est rien. Beau travail.
Comportement
La suspension à variation constante est sans conteste l'un des points forts de la De Ville DTS. Elle procure un confort et une douceur de roulement auxquels on est en droit de s'attendre d'une Cadillac, tout en affichant un bel aplomb dans les courbes et une tenue de cap des plus rassurantes. Les réactions de la caisse ne sont jamais brusques : roulis superbement maîtrisé, transfert de poids bien contrôlé, et ça ne talonne pas dans les innombrables trous et bosses de notre merveilleux réseau routier. Impressionnant, il faut bien le dire. Tout comme le freinage, qui fait preuve d'autorité, immobilisant cette masse imposante sans jamais peiner à la tâche, et assez rapidement merci. Autre amélioration digne de mention, la direction, qui ne nage plus dans la guimauve comme jadis. Il faudra cependant composer avec un important rayon de braquage. Rien n'est parfait.
Habitacle
Avec ses cadrans électroluminescents, le tableau de bord, bien agencé et facile à consulter, est un modèle du genre. Quant à la finition, qui n'a pas toujours été le point fort des Cadillac (ni du reste de la famille GM), elle est désormais digne d'une voiture de ce prix. Vu les dimensions du véhicule, vous ne serez aucunement surpris d'apprendre que les places arrière sont spacieuses. À l'avant, toutefois, le manque de support latéral et lombaire des fauteuils qui font office de baquets ne peut être passé sous silence. Les amateurs de gadgets risquent d'atteindre l'orgasme. L'équipement abondant comprend le système de navigation par satellite OnStar, offert de série, un ordinateur de bord ultra sophistiqué, une chaîne stéréo haute fidélité et des sièges chauffants pour tous les passagers, sans compter la panoplie d'accessoires électriques qui sont le propre des voitures de luxe. Moyennant supplément, les versions DHS et DTS peuvent être munies du système de vision nocturne (Night Vision) à rayons infrarouges, qui permet de détecter des obstacles (objets, personnes, animaux) hors de la portée des phares. Cet accessoire très high tech ne fait que rehausser l'impressionnante liste de dispositifs de sécurité active et passive dont dispose la DeVille.
Conclusion
Pour couronner le tout, l'échelle de prix de la gamme DeVille est hautement concurrentielle. Ainsi, notre exemplaire – une DTS munie de plusieurs options dont le système Night Vision -, coûtait au bas mot 10 000 dollars de moins qu'une Lexus LS 430. Mais les japonaises brillent par leur fiabilité légendaire ; pour ce qui est de Cadillac, bien qu'en net progrès, reste à prouver. C'est le temps qui sera le meilleur juge.
Forces
Habitacle cossu et spacieux
Équipement de série pléthorique
Superbe moteur
Comportement routier impressionnant
Prix compétitif
Faiblesses
Dimensions encombrantes
Piètre maintien des sièges avant
Système Night Vision discutable