Buick Enclave
Une place à part?
Hugues Gonnot
ENCLAVE n.f. 1. Terrain ou territoire complètement entouré par un autre et, par extension, sans accès direct à la mer. 2. GÉOLOGIE. Portion de roche englobée dans un encaissement d'origine, de structure ou de composition différente (selon le Petit Larousse illustré). Quel drôle de nom, quand même, pour un véhicule utilitaire! Quel message veut faire passer Buick en le choisissant? Peut-être ses dirigeants ont-ils voulu signifier qu'il avait une place à part sur le marché? Voilà qui reste à vérifier.
Carrosserie
Porte-à-faux avant super court, capot plongeant, calandre en pointe, lignes fluides inspirées du véhicule concept Centième (présenté au salon de Detroit en 2003), feux expressifs, grosses roues (18 ou 19 pouces): en photo, l'Enclave est pas mal sexy. General Motors a fait l'effort de le différencier totalement, du point de vue esthétique, des Saturn Outlook et GMC Acadia, dont il dérive. Dans la rue, il reste sexy, mais on réalise à quel point il est gros: plus de 5 mètres de long, 2 mètres de large et 1,90 mètre de haut avec le porte-bagage. Avec de telles dimensions, on est dans le domaine du Chevrolet Tahoe. Dans un parc de stationnement, il est facile à trouver, car il domine la majorité des véhicules qui l'entourent. Autre bon point: le choix de peintures bicolores qui ajoute un beau contraste en amenant un petit côté classique à des lignes modernes. Le sonar de recul (optionnel en version CX) est indispensable, car la visibilité périphérique est acceptable, sans plus, et la vitre arrière, pour des raisons de design, est franchement petite.
Habitacle
Passé la première bonne surprise des lignes, on en trouve une deuxième à l'intérieur puisque ce dernier se montre très accueillant… dans tous les sens du terme. D'abord, l'accès est facile, et ce, pour chacune des trois rangées de siège. L'accès aux places du fond est facilité par la fonction smart slide des sièges de deuxième rangée (l'assise se relève et le siège coulisse vers l'avant; simple et ingénieux). Les places du fond ne sont justement pas réservées à des enfants, car deux adultes pourront y prendre place sans pousser de soupirs de désolation. Dans la rangée du milieu, on peut opter pour une banquette trois places ou deux fauteuils capitaines. Enfin, la garde au toit est plus que généreuse. Accueillant aussi parce que, une fois installé, on s'y sent bien. Le choix des coloris, l'agencement général et la qualité des matériaux sont agréables. Pourtant, lorsqu'on porte attention, on réalise que GM n'a toujours pas la même attention aux détails que ses concurrents japonais. Certains matériaux semblent encore peu flatteurs (ils sont peu nombreux dans l'habitacle), et certains détails de design étonnent (la cassure dans la baguette d'aluminium qui parcourt la planche de bord se trouve en plein milieu, sous l'horloge; cela n'aurait jamais trouvé place dans une Lexus). Ce sont peut-être des détails, mais nous sommes ici dans le terrain des 50 000$: on a le droit de commencer à être exigeant! L'instrumentation est lisible et complète, et l'ergonomie ne s'attire aucun reproche. Trouver une bonne position de conduite est facile, et le confort des sièges se fera apprécier au fil des kilomètres. Les ingénieurs de Buick essaient d'instaurer le silence de roulement comme l'une des nouvelles signatures de la marque. C'est une réussite. Accueillant enfin pour les bagages car, même avec la troisième rangée de sièges occupée, on bénéficie encore de 535 litres de volume de chargement (1911 litres la troisième rangée rabattue et 3290 litres les deux rangées rabattues). Côté équipement, la version CX vient avec une climatisation automatique trois zones, un ordinateur de bord, le confort électrique (vitres, rétroviseurs), une prise 110 volts, un volant cuir et bois d'acajou, des sièges en tissu en configuration 8 places. La version CXL ajoute le radar de recul, l'intérieur en cuir, un système de son Bose avec 10 haut-parleurs et changeur de disques compacts, et vient d'office en configuration 7 places. De plus, elle ouvre la porte au système de navigation optionnel. Côté sécurité, tous les Enclave ont droit aux rideaux gonflables, aux phares au xénon, au moniteur de pression des pneus, au contrôle de stabilité avec fonction anti-retournement ainsi qu'au fameux OnStar qui ne cesse d'ajouter de nouvelles fonctions chaque année (dont l'orientation pas à pas).
Mécanique
Comme précédemment mentionné, l'Enclave repose sur la même plateforme monocoque, baptisée Lambda, que les Outlook et Acadia, et offre le même empattement. La seule configuration mécanique disponible est le moteur LY7, un V6 de 3,6 litres développant 275 chevaux avec double calage variable en continu des soupapes, combiné à la transmission Hydra-Matic 6T75 à 6 rapports. Disons que l'ensemble s'en tire honorablement. Le moteur offre une belle disponibilité à tous les régimes. En fait, c'est la boîte qui agace un peu. On sent une légère hésitation dans les remises en vitesse, comme si elle cherchait quel rapport choisir. Par contre, les passages se font dans une totale discrétion. Côté consommation, on peut s'en tirer dans les 10 ou 11 litres aux 100 km sur route, mais cela montera dans les 17 ou18 litres aux 100 km en ville. Ce n'est pas rien. En option, on peut toujours choisir la transmission intégrale, un système réactif qui répartit le couple entre l'avant et l'arrière en fonction du patinage détecté.
Comportement
Ce ne sera une surprise pour personne que d'annoncer que l'Enclave est d'abord et avant tout conçue pour transporter ses passagers dans le plus grand confort. À ce niveau, c'est un succès, même sur les routes façon Moyen Âge du Québec. Heureusement, cela ne se fait pas au détriment de la tenue de route. Certes, l'Enclave prend du roulis (que voulez-vous, il est haut et pèse dans les 2,2 tonnes, il n'y a pas de miracle) mais sans exagération. La direction est plutôt communicative et, si le freinage est progressif, il profiterait cepen-dant d'avoir un peu plus de mordant. Encore une fois, le poids fait son effet. Et il le fait aussi lors des remises en vitesse, qui sont vivantes sans être fulgurantes. En tout cas, on est loin d'un bateau tanguant au gré des trous et des bosses. Cependant, il s'agissait d'un véhicule de présérie, et GM est coutumière du fait d'ajuster les suspensions dans ces engins. À suivre…
Conclusion
"L'Enclave est le nouveau visage de Buick et de tout ce que nous voulons dans le