Quelle crise économique ?
Daniel Rufiange
BMW a introduit pas moins de six nouveaux véhicules depuis 10 ans. Si les Z3/Z4, X3 et X5, Série 6 et Série 1 sont venus combler un vide, on peut sérieusement se demander si le dernier en liste, le X6, vient répondre à une demande criante des consommateurs ou à une excentricité des concepteurs. Le monde a-t-il besoin d’un X6 ? Encore plus, d’une version M ?
Carrosserie
Une véritable bête féroce; voilà à quoi ressemble le X6. Les lignes de ce véhicule et l’impression qui s’en dégage respirent la brutalité et la virilité. Le tour de force du service de Design est d’avoir conféré cette allure « macho » au X6 en utilisant des lignes fluides et arrondies. Qu’on adore ou qu’on déteste sa gueule, force est d’admettre qu’il s’agit d’un véhicule impressionnant. Personnellement, j’aime son aspect arrogant et peu orthodoxe.
Monté sur des roues de 19 ou de 20 pouces, sa garde au sol demeure relativement base. La forme arrondie du toit lui confère un caractère sportif, impression qui se confirme derrière le volant. L’avant est à l’image de la marque tandis que le design arrière détonne. C’est massif, et encore !
Habitacle
Avec une facture qui peut aisément avoisiner les 90 000 dollars, il ne faut pas s’étonner de retrouver un environnement riche et de grande qualité. L’accès à bord demande des qualités athlétiques cependant; il faut enjamber le marchepied, le rebord et se rendre au siège. Facile en été, plus périlleux et plus salissant en hiver.
À l’arrière, la coupe du véhicule donne la vive impression qu’on a sacrifié l’espace et le dégagement des places arrière. Ici, BMW fait preuve d’ingéniosité et d’un souci envers les occupants; les places arrière sont abaissées et légèrement inclinées vers l’arrière afin que le dégagement pour la tête soit suffisant. Dans les faits, le seul problème du X6, c’est qu’il s’agit d’un véhicule qui n’offre que quatre places. Ça, c’est moins pratique !
Mécanique
BMW nous propose deux engins pour mouvoir ce monstre. D’abord, l’option « écologique » qui réside dans le fameux 6-cylindres en ligne biturbo de 3 litres. Avec sa puissance de 300 chevaux et un couple équivalent, il fait le travail et garde la facture de carburant acceptable. Puis, il y a la démence même, un V8 biturbo de 4,4 litres. Ses 400 chevaux et son couple de 450 livres-pieds – vous avez bien lu – transforment la bête en guépard. Les accélérations sont ahurissantes, et le travail des suspensions permet à cet animal de gambader de gauche à droite sans crier gare.
Comportement
Avec toute la puissance disponible et le savoir-faire qu’on connaît à BMW, je me doutais bien que l’expérience au volant en serait une bonne. Cependant, jamais je ne me serais attendu à un comportement routier aussi solide, surtout en raison des dimensions et du poids du X6. Non seulement ce mastodonte accélère-t-il comme une fusée, mais il peut négocier les virages de façon très agressive sans crainte de la moindre dérobade. En réalité, ça tient tellement la route que ça fait peur ! N’oublions pas que rien n’échappe aux lois de la physique, et on a tendance à l’oublier au volant. Soyez averti que la consommation du V8 n’a d’égal que l’enthousiasme de notre pied droit. Et penser conduire un X6 comme grand-papa conduit sa Lincoln 1976, c’est carrément utopique.
Conclusion
Alors, pourquoi un X6 ? Pour rien ! Ou pour le plaisir, tout simplement. Il est difficile de trouver une utilité à ce véhicule autre que l’euphorie qu’il procure au volant. Comme passager, on passe son temps agrippé à quelque chose; et si on se situe à l’arrière, on ne voit pas grand-chose. Joujou pour les plus fortunés, le X6 n’est pas plus utile à la planète que George W. Busch ne l’a été pour… tout le monde finalement. Il s’agit d’un autre exemple de la démesure humaine. Mais quelle démesure !
Points forts
– Lignes uniques et racées
– Impression d’être propulsé par un réacteur plutôt qu’un moteur (V8)
– Confort des sièges et position de conduite
– Tenue de route exemplaire
Points faibles
– Consommation troposphérique du V8
– Visibilité nulle qui rend les changements de voie dangereux
– Fermeté de la suspension agaçante
– Près de 100 000 $ tout équipé