Deux tonnes d’élégance
Benoit Charette
Depuis son introduction au salon de l’auto de Detroit, en 1999, BMW a vendu plus de 845 000 exemplaires de son utilitaire sport qui a redéfini les critères de cette catégorie. Le X5 impressionnait par son agilité, sa ténacité à s’accrocher au bitume. C’est d’ailleurs le premier utilitaire que j’avais essayé sur un circuit routier, le Porsche Cayenne allait suivre dans la même voie. Pour 2010, BMW va dans les deux extrêmes avec un modèle diesel biturbo très économique et le X5 M pour ceux qui n’ont pas froid aux yeux et qui ont un portefeuille bien garni.
Carrosserie
Avec ses légères retouches l’an dernier, l’avant du véhicule se fait un peu plus menaçant. Les phares s’étirent un peu plus loin sur les ailes, et le profil est un peu plus épuré, un peu de travail de raffinement. La silhouette prend de la maturité, mais demeure reconnaissable au premier coup d’œil.
Habitacle
À l’intérieur, on note la fermeté des sièges, toujours confortables, et de la suspension de base qui transmet sèchement les imperfections de la route. Ceux qui voudront un meilleur confort opteront pour la suspension adaptative qui, comme nom l’indique, s’adapte aux différentes conditions de la route. Pour le reste, on se situe en plein univers BMW, c’est-à-dire avec une insonorisation remarquable, une excellente ergonomie avec la nouvelle génération du système iDrive simplifiée et une finition exemplaire. L’habitabilité est bonne, et la troisième rangée de sièges (en option), comme chez bien d’autres concurrents, est plutôt décorative que réellement pratique, un bon dépanneur sans plus.
Motorisation
Entre le V6 de 3 litres de 260 chevaux qui manque de souffle à l’occasion et le puissant, mais gourmand V8 de 350 chevaux, BMW a introduit le X5 Diesel. Il ne faut pas se fier à la puissance de 265 chevaux, à peine plus élevée que celle du 3-litres à essence. Il faut plutôt tenir compte du couple de 425 livres-pieds qui transforme cette masse de plus de deux tonnes en artiste de la route. Il est souple, nerveux et offre une réponse franche à l’accélérateur. Il n’hésite pas à pousser franchement même en altitude. La boîte de vitesses automatique est tout aussi réussie. La meilleure nouvelle vient sans doute à la pompe. Après plus de 300 kilomètres de chemins tortueux, d’épingles dignes d’un circuit de F1 et d’innombrables montées et descentes qui obligent à remettre les gaz à tous les 100 mètres, j’ai maintenu une moyenne de 11,3 litres aux 100 kilomètres.
Comportement
Le X5 est déjà considéré comme une référence en matière de tenue de route dans cette catégorie, et la cuvée 2010 ne fait pas mentir sa réputation. Il est encore possible de pousser le X5 presque aussi fort qu’une berline sport sur les chemins les plus exigeants sans arrière-pensée. C’est uniquement le poids de plus de deux tonnes qui exige qu’on lève le pied plus tôt à l’entrée d’une courbe et le centre de gravité plus élevé qui rend certaines manœuvres plus délicates. La direction, comme tous les autres produits BMW, est d’une grande précision, et le freinage, mordant et progressif. Toutefois, hors route, il vous sera impossible de suivre un Touareg, un Cayenne, un Range Rover ou, même, un Mercedes-Benz ML; BMW a clairement misé sur les aptitudes routières et laissé l’école buissonnière aux autres.
Conclusion
Avec chaque génération qui se présente, le X5 est de moins en moins utilitaire et de plus en plus sportif, le X5M est une preuve flagrante de cet énoncé, ses aptitudes hors route étant très limitées. C’est sur la route que le béhème fait bande à part avec l’un des meilleurs moteurs diesel du moment accouplé à une excellente boîte automatique; il danse littéralement sur la route, faisant oublier sa masse. Sans doute le plus agréable à conduire des gros VUS diesel actuellement commercialisés. Cela dit, si votre budget laisse une grande place au plaisir et au carburant, je vous invite à lire notre essai sur le X5M. Décoiffant !
Forces
Excellent moteur
Boîte vive
Insonorisation réussie
Finition de qualité
Comportement routier de référence
Faiblesses
Options nombreuses et coûteuses
Troisième rangée symbolique
Capacités hors route limitées
Suspension de base sèche