La grosse ballerine
Par Daniel Rufiange
Plusieurs étaient sceptiques lorsque BMW a décidé de vivre la mode des VUS en lançant son X5. Le constructeur reconnu pour offrir une sensation de conduite axée sur le plaisir n'allait-il pas sortir des sentiers battus et s'éloigner de sa vocation et risquer l'aliénation de sa fidèle clientèle ? Près d'une décennie après son dévoilement, on compte maintenant sur trois utilitaires BMW, X3, X5 et X6, pendant que le X1 est tout près et que des plans sérieux pour des multi segments, possiblement nommées V3 et V5, viennent confirmer l'universalisation des produits du fabricant munichois. Les sceptiques ont été confondus …
Carrosserie
On a droit à deux versions du X5 qui sont directement associées à l'engin qui est boulonné entre les arches de roues avant. Le X5 ne fait pas dans la dentelle. Malgré des courbes anguleuses, sensuelles et musclées, sa taille s'apparente plus à celle d'un bulldozer. Les roues de 18 pouces, de série, ne sont pas étrangères à cette impression de massivité. Imaginez seulement lorsqu'il se retrouve chaussé de bottines de 19 ou 20 pouces, livrables en option sur les versions 3.0si et 4.8i, respectivement; le X5 parait alors monté pour la course. Et ce n'est pas seulement une illusion due à l'apparence. Nous sommes en présence d'un utilitaire qui peut vraiment être sport.La charpente du X5 est livrée avec des longerons de toit, un hayon à double ouverture ainsi qu'un déflecteur arrière, plus décoratif qu'utile… à moins de filer à 250 km/h sur l'autobahn.
Habitacle
La coquille du X5 est aussi accueillante et douillette qu'une suite nuptiale au Hilton. Une fois à bord, on découvre des baquets qui vont du confortable – standard et confort – à l'enveloppant – sport -. La présentation respecte la tradition BMW avec tout ce que cela impute de bon et de mauvais. Elle est jolie et simple mais demeure un peu froide. Les appliques de bois y ajoutent heureusement une touche de gaité. Le confort est indéniable mais pour profiter pleinement d'un véhicule aux multiples gâteries, il faut piger dans le volumineux catalogue d'options : système de reconnaissance vocale, volant chauffant, caméra de recul, aide au stationnement, affichage au pare-brise, zone quadruple de climatisation, alouette ! Malheureusement, la sélection d'options engraisse dérisoirement les poches du constructeur et vide les vôtres.
Mécanique
Trois moulins activent désormais le X5 depuis l’arrivée chez nous d’une version Diesel. La version de base profite de l'efficace six en ligne de 3,0 litres. Ce moteur, fait d'aluminium et de magnésium, est léger et ses 262 chevaux déplacent le X5 avec une belle aisance. Toutefois, le V8 de 4,8 litres nous donne l'impression de piloter un ultra léger. Les 2420 kg du X5 ne semblent plus exister. Bien sûr, cela se fait au détriment d'une consommation d'essence grotesque; près de 15 litres aux 100 kilomètres lors de notre semaine d'essai, en été ! C’est ici que s’immisce l’excitante alternative Diesel avec une cote combinée de 9,1 litres aux 100 km. Les trois moteurs sont servis par une transmission automatique à six vitesses Steptronic avec mode manuel. L'hiver venu, on profite de la traction intégrale Xdrive, un exemple de raffinement et d'efficacité qui nous permet d'affronter les pires conditions avec confiance.
Comportement
De tous les utilitaires que j'ai conduis, le X5 est celui qui m'a le plus donné l'impression de flotter sur un nuage. L'efficacité de la suspension et des amortisseurs défie l'imaginaire. Et, question de nous titiller encore plus, la tenue de route est tout simplement renversante. Il faut vraiment attaquer une courbe de façon très agressive pour saisir l'ampleur des capacités routières du X5. Mes passagers ont littéralement blanchi à l'approche d'un virage duquel ils ne croyaient jamais sortir; silence, on tourne ! C'est simple, le X5 colle à la route et avale le bitume avec une facilité déconcertante.
Conclusion
À plus de 80 000 $ l'exemplaire bien équipé -rappelez-vous du livret d'options – c'est un pensez-y bien. N'hésitez pas à comparer avec ce qu'offre la concurrence qui ne fait pas dans la dentelle non plus. Mais si vos moyens vous le permettent et que quelques autres bolides décorent la devanture de votre manoir…
Deuxième avis : Carl Nadeau
Le format du X5 est particulièrement imposant, on est loin de la petite berline de Série 3. Pourtant, l'ADN de BMW demeure présent. Le châssis est rigide, et la suspension bien calibrée, on en réussit presque à oublier le poids du mastodonte. J'aime le fait que le X5 soit présent en toutes circonstances, tant pour se présenter avec style à un rendez-vous d'affaire que pour partir en camping avec la famille ou pour se faire plaisir sur une route sinueuse. Il est vrai que le X6 pousse plus loin la balade sportive, mais le X5 demeure sans contredit l'un des véhicule les plus agréables de sa catégorie. Les moteurs offrent couple et puissance à souhait, mais vous devrez vous méfier de l'enthousiasme de votre pied droit.