Ne rien sacrifier
Hugues Gonnot
BMW a finement ciselé son image sportive au cours des décennies. Alors, quand la marquee a présenté son premier camion en 2000, beaucoup ont cru que les dirigeants bradaient l’âme de la marque sur l’autel de la rentabilité. Pouvait-on combiner la « culture » camion avec les attributs traditionnels de la marque?
Carrosserie
Le X5 a toutes les caractéristiques du camion: allure massive, passages de roues robustes, vitres hautes et chassis surélevé. Mais les designers ont réussi un tour de force en les intégrant brillamment dans l’univers stylistique de BMW, aux règles pourtant parfaitement codées. L’avant a subi quelques modifications avec le remaniement de l’an dernier. Peu de differences extérieures entre le 3,0 litres et le 4,4 litres, tandis que le 4.8is se veut radicalement plus méchant: bouclier, bas de caisse, échappement et jantes lui sont spécifiques.
Habitacle
En montant dans le X5, l’amateur de BMW se sentira à son aise en un clin d’oeil. Les plastiques d’une excellente qualité et toutes les commandes se trouvent à leur place habituelle et offrent le toucher caractéristique d’une BMW. N’eût été la hauteur des vitres et une console centrale légèrement plus imposante, on se croirait dans une berline Série 5 d’ancienne generation (vous savez, avant le iDrive). Les cotes d’habitabilité se situent tout à fait dans la norme, ainsi que le volume de chargement.
Mécanique
La réputation de motoriste de BMW n’est plus à faire. Au menu, double Vanos pour tout le monde (calage variable de l’arbre à cames) et Valvetronic pour les V8 (levée variable des soupapes). Histoire de ne pas « se faire damner le pion » par Mercedes et son ML55, le 4,6 litres a été remplacé par un 4,8 qui développe 355 chevaux: une vraie bête ! Les transmissions, tant automatique que manuelle (de série avec le 3,0 litres), sont un vrai régal: commandes idéales, excellent étagement. Tout au plus aurait-on souhaité des kick downs un peu plus rapides (mais il y a toujours le mode Sport pour ça). L’an dernier, une nouvelle transmission intégrale a été installée. Baptisée xDrive, elle analyse la motricité des roués mais aussi les signaux du DSC (contrôle de stabilité), permettant une action plus rapide et appropriée. Rajoutez la gestion de motricité en descente et vous avez un utilitaire qui ne manquera pas d’aplomb sur les chemins.
Comportement
C’est évidemment à ce chapitre que le X5 est attendu au tournant (ah ! ah !). Autant dire qu’il passe le test haut la main. Basé sur un châssis d’ancienne Série 5, il en restitue les sensations générales. Le comportement du X5 est excellent pour un camion : prise de roulis limitée, absorption des irrégularités en douceur, excellente stabilité. De plus, le freinage est idéal, tant en puissance qu’en progressivité. Et tout cela se fait sans rien sacrifier au confort. Quant au 4.8is, il se situe hors norme puisqu’il peut enchaîner plusieurs tours de circuit pratiquement sans sourciller.
Conclusion
BMW a réussi à concevoir un camion sans rien sacrifier à ses standards, contrairement à Porsche avec son Cayenne. L’acheteur n’aura pas non plus à faire de sacrifices en ce qui concerne la tenue de route, le confort et l’agrément. Étonnamment, le six cylindres s’avère au final plus homogène (direction plus agreeable grâce à un train avant moins lourd, reprises déjà très correctes), surtout à la vue du prix demandé. Le X5 n’est pas un franchisseur solide (le Touareg se situe un cran au-dessus à ce chapitre), mais il fait tout très bien. La concurrence est de plus en plus rude dans le segment avec l’arrivée des Volvo, Volkswagen et autres Porsche, mais le charme de l’hélice bleue et blanche opère encore en plein !
Forces
• Allure réussie • Moteurs et boîtes de vitesses • Tenue de route • Habitacle
Faiblesses
• Boîte automatique parfois lente
Nouveautés en 2005
•Information non fournie par le constructeur
2e opinion Amyot Bachand
• Plus de puissance, une tenue plus près de la sportive que de l’utilitaire, voilà ce que le X5 4.8is vous procurera. Sa ligne trapue en fait un félin bondissant profitant de 355 chevaux. Son appétit gargantuesque en carburant ne fait malheureusement pas lever le pied aux amateurs. Heureusement, il y a le 3,0 litres pour les personnes raisonnables. Au chapitre de l’utilité, il faut repasser. Son coffre, avec son seuil élevé, vous limitera dans vos projets de vacances. Contentez-vous d’une fin de semaine si vous voulez partir avec toute la petite famille. On parle de véhicule sécuritaire : commencez par suivre l’exemple du X5 en matière de freinage et on fera des progrès immenses : 33,5 mètres pour arrêter de 100 km/h à 0.