L’icône d’Ingolstadt
Par Philippe Laguë
Une icône, c’est ce qui a longtemps manqué à la marque allemande Audi. La firme d’Ingolstadt avait beau posséder un bagage technique comparable, supérieur même, à celui de ses rivaux de Stuttgart (Mercedes-Benz) ou Munich (BMW), il lui manquait un modèle capable de passer à la légende. Jusqu’à ce qu’apparaisse, au tournant du XXIe siècle, un objet appelé TT.
CARROSSERIE
Les rivales de la TT ont pour nom Porsche Boxster et Cayman, BMW Z4 et Nissan 370 Z. Comme elles, l’Audi se décline en deux configurations, coupé et décapotable. Le coupé est du type 2+2, avec deux minuscules places à l’arrière. L’espace pour les jambes a été accru, mais pour la tête, c’est toujours aussi restreint, en raison de la forte inclinaison du toit et de la lunette. La décapotable est une stricte deux-places, comme ses rivales.
HABITACLE
Comme toujours, la finition est superbe, et l’assemblage, impeccable. L’ergonomie est, elle aussi, exemplaire, avec des commandes d’utilisation intuitive et d’accès facile. Malgré la vocation ludique de cette voiture, le côté pratique n’a pas été négligé; les espaces de rangement sont nombreux, et la capacité du coffre est surprenante. La présence d’un hayon arrière en facilite l’accès.
À l’avant, les baquets méritent une note parfaite : moelleux et enveloppants, ils proposent un confort de première, en plus d’offrir un excellent maintien. Le volant avec la partie inférieure carrée plutôt que ronde, façon F1, ajoute une touche d’originalité, en plus d’augmenter le dégagement pour les cuisses. Bien pensé.
MÉCANIQUE
Côté mécanique, le menu n’a jamais été aussi étoffé et avec l’élimination de la version V6 3,2 litres cette année, seules les moteurs 4 cylindres vont survivre. L’offre débute avec un 4-cylindres turbo de 2 litres à injection directe, avare de sensations. Cela ne remet nullement en cause sa grande compétence : ce moteur est généreux en couple, très souple et il consomme peu. Pour satisfaire les puristes, Audi a ajouté non pas une, mais deux versions plus sportives, la S et la RS. La première utilise le même 4-cylindres suralimenté que la version de base, mais un turbocompresseur plus gros fait grimper la puissance à 265 chevaux. Deux boîtes de vitesses à 6 rapports sont offertes, l’une manuelle, l’autre automatique avec mode manuel. Dans le genre, c’est ce qui se fait de mieux outre-Rhin : sur le mode manuel, cette boîte surclasse celles de BMW et de Porsche. Ce n’est pas rien, vous en conviendrez.
COMPORTEMENT
Le système quattro répartit le couple aux quatre roues à 85 % à l’avant et 15 % à l’arrière, dans des conditions normales. Sachant cela, on s’étonne guère que la TT devienne sous-vireuse quand on la pousse à la limite, comme une traction. En virage, cependant, la motricité demeure exceptionnelle.
La direction est bien dosée, et son court rayon de braquage permet d’optimiser l’agilité de ce coupé, bien servi par son court empattement. La TT de deuxième génération est aussi plus confortable que sa devancière. Mais sa conduite reste avant tout cartésienne : la TT est plus sérieuse, moins joueuse que ses rivales. Munie de bons pneus d’hiver, la TTS ne craint ni le froid ni la neige. En effet, la transmission intégrale quattro d’Audi vous permet de la conduire en toutes saisons. En virage, ce système éprouvé procure une stabilité à toute épreuve. En mode sport, la suspension se raffermit quelque peu sans devenir inconfortable.
CONCLUSION
La TT demeure l’une des plus belles voitures de la planète automobile. La deuxième génération affiche une allure un poil plus agressive, qui se ressent aussi dans son comportement. Cela dit, il ne faut pas s’attendre au dynamisme d’une Porsche; la TT joue la carte du grand tourisme en proposant un amalgame de confort, de raffinement et de performances, avec une solide tenue de route à la clé. Autre avantage, et non le moindre, elle peut être utilisée été comme hiver, grâce à sa transmission intégrale. Et pour couronner le tout, elle est fiable, aucun problème majeur n’ayant été rapporté après trois ans.
FORCES
– Réussite esthétique
– Habitacle réussi (finition, assemblage, ergonomie)
– Consommation toujours raisonnable
– Technologie de pointe
– Comportement rigoureux
– Utilisation 4 saisons
FAIBLESSES
– Moteurs qui manquent de tempérament
– Plus sérieuse que joueuse
– Encore trop d’options
NOUVEAUTÉS EN 2010
Version RS (voir autre texte)