Les fruits d’un long labeur
Par Hugues Gonnot
Se bâtir une place au soleil au panthéon des marques de luxe n’est pas chose évidente. Ce ne sont pas les gens d’Audi qui nous contrediront; cela fait 30 ans qu’ils y travaillent d’arrache-pied. La première tentative couronnée de succès pour concurrencer la BMW Série 3 et les Mercedes compactes date de 1986 avec la 80. C’est elle qui avait inauguré un design audacieux dans lequel les Audi d’aujourd’hui puisent encore leur ADN.
Carrosserie
La réussite de la A4 est de marier avec bonheur courbes sensuelles et rigueur germanique. Audi dessine des familiales depuis bien longtemps, et ça se voit : la version Avant est superbe et, sans être le plus vaste, son espace de chargement est bien conçu, tout comme le cabriolet, qui a le bon goût d’offrir quatre vraies places dans un marché où les roadsters se multiplient. Sa capote offre une excellente isolation phonique et une bonne étanchéité.
Habitacle
Un intérieur où il fait bon entrer. La finition est simplement impressionnante : choix des matériaux et assemblage n’attirent aucun reproche. Le confort est à l’allemande, c’est-à-dire ferme mais pas trop. Les cotes d’habitabilité sont dans la norme de la catégorie. La position de conduite est parfaite grâce à une colonne de direction réglable en hauteur et en profondeur. On notera un meuble de bord différent pour le cabriolet avec des bouches d’air centrales rondes.
Mécanique
Le 1,8-litre turbo de base offre déjà de belles prestations, mais demande à être maintenu dans les tours, car il se montre creux sous 2500 tr/min (le poids supplémentaire de la suspension Quattro n’aide pas non plus). Sur route, ce n’est pas un problème, mais en ville, cela rend la conduite un peu « on/off » avec le temps de mise en action du turbo, ce qui n’est pas le cas du V6, qui se montre très souple à tous les régimes et accepte sans rechigner de se faire malmener. Chaque moteur peut être combiné avec trois boîtes de vitesses : manuelle à cinq ou six rapports, automatique Tiptronic à cinq rapports et Multitronic à six rapports. La Multitronic est une boîte à variation continue (CVT) qui fait absolument merveille dans la A4 : douce et rapide, elle ne laisse pas l’impression de patiner dans le vide, comme d’autres boîtes du même type, et permet de tirer un excellent parti du moteur. De plus, ses commandes de mode manuel, idéalement placées sur le volant, sont un vrai régal à utiliser. Il y a maintenant le cas de la nouvelle S4. Avec ses 250 chevaux, le V6 de la précédente génération faisait « léger » face aux BMW M3 et Mercedes C32 AMG. Histoire de ne pas se laisser distancer, les ingénieurs d’Audi ont cette fois fourni un V8 40 soupapes de 4,2 litres développant 340 chevaux. Elle aura droit, de série, à une boîte manuelle à six rapports et pourra recevoir en option une Tiptronic à six rapports.
Comportement
De très saine en deux roues motrices (quoiqu’un peu souple sur de longues aspérités) la A4 devient royale en conditions d’adhérence difficiles avec son système Quattro. Cependant, la transmission intégrale est un avantage qui ne distingue plus la A4, car beaucoup de ses concurrentes y ont maintenant droit (Classe C, Série 3, X-Type, S60), sauf dans le cas de la S4, qui se démarque des M3 et C32 et promet un comportement ultraefficace.
Conclusion
Audi a su trouver sa voie face à ses deux encombrantes concurrentes allemandes. Agréable à regarder et à conduire, bien construite et dotée d’une technologie moderne, elle offre même un rapport prix/équipement acceptable. La V6 Multitronic se démarque réellement du lot. Le reste est une question de goût.
Forces
Boîte Multitronic Qualité de fabrication Lignes
Faiblesses
Moteur turbo creux à bas régime Console centrale large
Nouveautés 2004
Boîte manuelle à six rapports standard sur 1,8 T Quattro Roues aluminium 16 pouces standard sur 1,8 T Afficheur multifonction en option sur les tractions Modèle de radio Concert remplace modèle Symphony Moniteur de pression des pneus standard (courant millésime) Peinture complète carrosserie (courant millésime) Nouveau volant (courant millésime)
Philippe Laguë 2e opinion
Il n’est pas exagéré de dire que la marque aux anneaux s’est métamorphosée depuis une douzaine d’années. Elle s’est forgé une identité propre, qui repose sur la transmission intégrale quattro et la haute technologie. Qui plus est, les Audi sont devenues des parangons de fiabilité ! Qui l’eût cru ? La petite A4, qui y est pour beaucoup dans ce revirement, est issue d’une lignée qui en est à sa sixième génération, ayant débuté en 1971 avec la défunte Fox. Un élégant cabriolet s’est ajouté l’an dernier, tandis que la délirante S4 vient étoffer encore plus la gamme A4 cette année. Dans cette catégorie, il n’y a que la Série 3 de BMW qui propose une gamme aussi complète et l’Audi A4 n’a rien à lui envier. C’est tout dire.