La troisième aura été la bonne

Philippe Laguë

Il aura fallu attendre la troisième génération pour que l’Acura TL soit enfin en mesure de concurrencer les meilleures berlines de luxe. Ainsi, la TL se démarque de ses rivales par son gabarit, supérieur à celui des ténors de cette catégorie. Mais la principale différence n’est pas visible, car il s’agit d’un choix technique: Acura s’en tient aux roues motrices à l’avant, alors que la concurrence privilégie la propulsion, ou encore le rouage intégral.

Carrosserie

D’une génération à l’autre, il y a eu du progrès au chapitre du style. La première TL pouvait être confondue avec n’importe quelle berline de grande série ; la deuxième avait un peu plus de prestance, mais le charisme lui faisait encore cruellement défaut. La TL de troisième génération fait un grand bond en avant, avec sa ligne agressive et ses formes sculptées. On se retourne à son passage, ce qui n’est jamais arrivé à ses devancières…

Habitacle

En prenant place à bord, on constate, encore une fois, une nette amélioration par rapport aux modèles précédents. La présentation intérieure est cohérente avec la vocation de cette berline, qui se veut autant luxueuse que sportive. Dans la plus pure tradition japonaise, la finition est soignée et la qualité d’assemblage, irréprochable. L’équipement de série pléthorique fait aussi partie des caractéristiques de la TL. Cette berline est la première à recevoir un lecteur DVD audio, dont la qualité sonore devrait combler les plus exigeants en la matière. Sur une note plus rationnelle, tous les occupants ont droit à un confort princier: la banquette arrière est aussi confortable que les sièges avant, ce qui n’est pas courant. Grâce à son empattement plus long que celui de ses rivales, la TL offre aussi beaucoup d’espace pour les jambes à l’arrière. Ladite banquette ne s’incline pas, mais on a au moins pensé à une trappe pour les objets longs tels des skis. L’aspect pratique n’a d’ailleurs pas été négligé, comme en font foi les nombreux compartiments de rangement.

Mécanique

Lors de sa dernière refonte, l’an dernier, la TL est restée fidèle au V6 à calage variable des soupapes (VTEC) de 3,2 litres, mais la puissance a grimpé à 270 chevaux. Ne cherchez pas, aucune voiture de ce prix n’en offre autant. De plus, Acura a fait taire les critiques qui reprochaient à ce moteur de manquer de caractère. Cela s’entend: sa sonorité est fort agréable, encore plus lorsqu’il est accouplé à la boîte manuelle à six rapports. Cette combinaison laisse cependant transparaître encore plus l’effet de couple. La boîte de vitesses automatique semble mieux gérer la puissance transmise aux roues motrices. Ce V6 brille également par sa souplesse et sa douceur, qui n’ont rien à envier aux BMW et Mercedes de ce monde. Les conducteurs sportifs apprécieront le rendement de la boîte de vitesses manuelle, précise et bien étagée. On souhaiterait cependant une pédale d’embrayage plus progressive. Le freinage mérite également des éloges: la TL freine fort, vite et bien droit.

Comportement

On peut difficilement trouver un meilleur compromis entre le confort et l’agrément de conduite. Le roulis est superbement maîtrisé et il faut vraiment attaquer très fort pour sentir un début de sous-virage; l’antipatinage intervient alors et corrige la situation avec doigté. La direction est précise et l’assistance variable travaille toujours aussi bien. Un seul reproche: un diamètre de braquage trop grand, ce qui peut irriter en conduite urbaine.

Conclusion

Disons-le sans détour: la TL est probablement, à ce jour, la meilleure Acura jamais construite. Non seulement elle n’a rien – ou si peu – à envier aux meilleures berlines allemandes, mais ses dimensions, son équipement et sa puissance lui permettent de jouer sur deux tableaux à la fois: elle peut en effet concurrencer adéquatement les berlines de luxe compactes et intermédiaires. S’il y a une¸japonaise susceptible de s’imposer dans ces deux segments, c’est elle, d’autant plus que la marque Acura possède une feuille de route impeccable au chapitre de la fiabilité.

Forces

•Beauté •Équipement de série complet •Sièges confortables •V6 puissant et raffiné •Agrément de conduite à la hausse •Fiabilité des produits Acura

Faiblesses

• Diamètre de braquage important • Effet de couple • Embrayage peu progressif

Nouveautés en 2005

•Nouveau volant, commande vocale en français pour le téléphone sans fil

2e opinion Michel Crépault •

Les chiffres de ventes prouvent que plus d’un Québécois s’est identifié à cette luxueuse berline dont le seul défaut, s’il en est un, consiste à promener une silhouette sobre. Vrai que des gens capables de dépenser plus de 40 000 $ pour une voiture aiment afficher leur différence. Mais vrai aussi que certains recherchent la qualité sans vouloir étaler leur opulence. Or, la TL remplit cet objectif. Derrière une coque sage, qui flirte avec l’anonymat, se dissimulent des performances, un confort et un modernisme dernier cri. Le V6 répond toujours à l’appel, surtout lié à la boîte manuelle à six rapports ; les sièges cajolent les occupants tandis que l’extraordinaire sono à lecteur DVD chouchoute leurs oreilles. Si vous désirez une berline complète sans poudre aux yeux, ne cherchez pas plus loin.