Prix de consolation
Par Alexandre Crépault
C'est la première tentative de la firme Honda du côté des petits utilitaires de luxe; et il y a encore quelques réglages à peaufiner. La qualité est là, mais il faut resserrer les boulons pour pouvoir espérer faire mal à BMW ou à Audi avec son nouveau Q5. Le moteur turbo est bon, mais ce ne sera pas suffisant pour effrayer les concurrents allemands; il en est de même pour la tenue de route. « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage », comme dit-il le proverbe.
Carrosserie
Je crois parfois que les constructeurs d'automobiles sont un peu toqués. Les sportives couchent avec les familiales, les camionnettes trompent les fourgonnettes avec un utilitaire, et tout le monde accouche de véhicules qu'on ne reconnaît plus. Ça devient si compliqué que même les spécialistes sont tout mélangés. Alors, tenons-nous-en aux faits dans le cas du RDX. Il s'agit d'un véhicule Acura, donc conçu pour la division haut de gamme de Honda. Son centre de gravité élevé par rapport aux automobiles classiques en fait un VUS. Grâce à sa binette en pointe de flèche, ses lignes angulaires et sa haute ceinture, on peut définitivement classer le RDX dans la catégorie des véhicules aux prétentions sportives. Mélangez le tout et vous obtenez un véhicule utilitaire multisegment (VUM) selon la définition de Honda. Ce qui me chicotte, c'est que son grand frère, le MDX, qui lui ressemble beaucoup mais en plus gros, fait partie, lui, des VUS. Je vous le dis, c'est à n'y rien comprendre.
Habitacle
Si le RDX est un peu prétentieux de l'extérieur, c'est à l'intérieur de la cabine que ça se passe vraiment. Le cuir perforé et l'aluminium brossé, de série, y sont pour beaucoup. Les sièges baquets avec le soutien lombaire réglable sont simplement géniaux. Le volant trois branches, réglable et télescopique, tombe là où il le faut. L'éclairage bleuté des cadrans sur fond noir et le gros écran en plein centre du tableau de bord accentuent l'atmosphère futuriste du RDX.
Mécanique
Pour la première fois de son histoire, Honda propose un moteur turbocompressé. L'idée même a du bon : on prend la technologie des petits moteurs à haut rendement que maîtrise si bien Honda et on la marie au couple élevé d'un turbo. Avec une puissance de 240 chevaux à 6000 tr/min et un couple de 260 livres-pied à 4500 tr/min, le 4 cylindres de 2,4 litres n'a pas à rougir devant la concurrence. Une boîte de vitesses automatique à 5 rapports se charge d'acheminer cette puissance au système de transmission intégrale SH-AWD du RDX. Contrairement aux dispositifs traditionnels, celui du RDX envoie entre 10 et 50 % de la puissance aux roues arrière, selon les conditions de la route. Le couple est également distribué de gauche à droite; cela permet de maximiser la motricité. Toute cette magie est permise grâce à un bataillon de capteurs qui évaluent en permanence la vitesse des roues, les forces G latérales et les commandes communiquées par la direction.
Comportement
Les aptitudes sportives du RDX sont évidentes. Le moteur répond rapidement, sans se faire prier, malgré l'utilisation d'une turbine. La boîte de vitesses n'a aucun mal à suivre le rythme. Que le pilote choisisse de passer les rapports manuellement grâce aux leviers de sélection greffés derrière le volant ou de simplement laisser la boîte faire le travail pour lui, les changements de rapports passent incognito. Malgré ses 1790 kilos, le RDX mord au bitume comme peu d'utilitaires sont capables de le faire. Le système SH-AWD aide, entre autres, à limiter le sous-virage, un handicap chronique sur ce genre de véhicule, en transmettant plus de puissance à la roue arrière extérieure. Le RDX ne semble pas vouloir renverser non plus. En poussant fort, on finit par obtenir un dérapage des quatre roues, mais jamais le RDX est-il devenu dangereusement léger sur ses pattes. Le freinage aussi est excellent.
Conclusion
Le RDX affiche un comportement qui ressemble plus à celui d'une familiale sport qu'à celui d'un VUS. Peut-être Honda a-t-elle raison après tout de le classer dans une nouvelle catégorie de véhicules, les VUM.
Deuxième avis : Jean-Pierre Bouchard
Le RDX m'a laissé perplexe. Pour le prix demandé, Acura ne m'a tout simplement pas convaincu. Le véhicule n'est pourtant pas dépourvu de certaines qualités dont un comportement routier sportif, une présentation intérieure moderne, des matériaux utilisés de belle facture. Le moteur turbo, lui, s'active avec une grande célérité, peut-être un peu trop au moment de décoller, et la boîte de vitesses l'accompagne avec efficacité. Le RDX compte également une transmission intégrale sophistiquée et compétente. La consommation de carburant super est toutefois élevée. Mais, ce véhicule manque de raffinement sur le plan du confort : la suspension peine à gommer les imperfections de la chaussée, tandis que l'habitacle filtre difficilement les bruits de la route. Le nouvel Infiniti EX35 offre un raffinement supérieur et m'a davantage impressionné pour l'ensemble de l'offre. Et mine de rien, un Mazda CX-7 pourrait fort bien faire l'affaire, et ce, à un prix moindre.