Au bout du Rouleau
Benoit Charette
L’an dernier sous cette rubrique, j’annonçais la mort prochaine de la NSX ou l’arrivée d’un nouveau modèle. Honda a annoncé qu’il y aurait une remplaçante à la NSX et que le concept HSC en évoque les grandes lignes. La HSC n’est pas sans rappeler la McLaren F1, spécialement sur le devant avec son museau court et musclé. Mais Honda, dans son mutisme habituel, a refusé d’en dire plus au sujet du successeur de la NSX.
Carrosserie
Première voiture de série au monde avec une coque en aluminium, la NSX a traversé les 15 premières années de sa vie sans prendre de rides. Le seul changement survenu depuis 1990 est un nouveau dessin de phares qui a été présenté au Salon de Tokyo en 2001. Il est très rare de placer les mots ergonomie et voiture exotique dans la même phrase ; pourtant, Honda a réussi ce tour de force dans le style de la NSX. Il est extrêmement rare qu’on découvre un style intégré aussi fluide et efficace. De la large lunette arrière, qui fait de la NSX la seule exotique offrant une visibilité correcte à l’aileron faisant corps avec la voiture, tout s’avère impressionnant. Visuellement, cette deux places fait encore de l’effet.
Habitacle
Honda a fait fi de plusieurs idées reçues au moment de concevoir la NSX, des mythes qui semblaient inébranlables. Par exemple, une voiture exotique ne peut pas être confortable ou offrir amplement d’espace pour les passagers, encore moins de visibilité. La NSX demeure la première sportive de haut niveau à avoir offert un habitacle aussi civilisé. Certes, le manque de renouvellement depuis 15 ans a rendu l’intérieur très défraîchi. Mais plusieurs concurrentes aujourd’hui plus confortables et conviviales ont certainement tiré une leçon de l’expérience d’Acura qui a créé la première exotique qui sait vivre.
Mécanique
Pour des raisons qui m’échappent toujours, il existe deux cylindrées pour cette voiture. Le moteur lié à la boîte automatique (à quatre rapports) fait 3,0 litres ; il donne 252 chevaux. Celui de la boîte mécanique (à six rapports) est un 3,2 litres qui fournit 290 chevaux. Personnellement, je ne comprends pas pourquoi on offre une version automatique : la boîte mécanique marche comme une Civic avec une facilité déconcertante à l’usage. À haut régime, le moteur laisse échapper une mélodie jouissive qui n’a que très peu d’équivalent dans le monde automobile. On cherche les bretelles d’autoroute simplement pour entendre le moteur monter en régime.
Comportement
L’année de son introduction, la NSX était de loin la voiture la plus rigide sur le marché. Aujourd’hui, plusieurs concurrentes l’ont rattrapée à ce chapitre, mais elle demeure dans le haut du peloton. La véritable révolution de ce coupé réside dans son ergonomie. Pas de contorsions pour monter à bord et très peu de concessions de la part des occupants. Les commandes viennent naturellement au bout des doigts et la mécanique démarre toujours au quart de tour, une fiabilité rarissime dans le monde des exotiques. Le moteur V-TEC avec son haut régime et ses accélérations à l’emporte-pièce me fait encore vibrer, mais je me suis toujours demandé ce qu’une telle technologie pourrait tirer d’un moteur V8. Sur la route, la neutralité est de mise peu importe la surface et les conditions climatiques. Une véritable leçon de bienséance sur la conduite sportive.
Conclusion
Fabuleux condensé de technologie, la NSX fait aujourd’hui figure d’enfant pauvre avec ses « maigres » 290 chevaux. Quand on sait que la concurrence commence à 400 et « flirte » avec les 600 chevaux dans certains cas, on comprend qu’il manque un véritable coeur de course pour la remettre sur ses rails. J’espère que le message se rendra à l’usine de Tochigi, au Japon, où l’on construit la voiture. Une petite injection de vitamines et un intérieur repensé pour le XXIe siècle me convertiraient de nouveau à cette voiture qui mérite une deuxième vie.
Forces
•Ergonomie sans pareille dans cette catégorie •Silhouette intemporelle •Boîte mécanique toujours aussi plaisante
Faiblesses
•Intérieur défraîchi •Pas de rangements •Motorisation plus puissante pour demeurer competitive Nouveautes en 2005 • Aucun changement majeur
2e Opinion Amyot Bachand
• Malgré quelques changements esthétiques à la carrosserie, la NSX commence à vieillir. L’aménagement intérieur demeure sommaire. Au ras du sol, le conducteur se sentira à l’étroit. Mais les 290 chevaux de ce « petit » 3,2 litres vous colleront à votre baquet. La NSX adore les autoroutes, les routes secondaires et les virages serrés. J’ai aimé jouer avec les rapports de vitesse et faire monter le régime du moteur. Elle pousse, mais avec une force et une constance désarmantes. Aucune mauvaise surprise : elle colle et vous prévient de ses limites. Elle n’est que passion de conduire. Si elle a besoin d’être rajeunie, elle demeure une vraie supersportive qu’il faut respecter. En connaissez-vous beaucoup de supervoitures avec une fiabilité sans reproche ?