Un moteur de fer dans un châssis de velours
Par : Hugues Gonnot
Luxe ou sport ? Pas toujours évident de combiner confort, douceur de roulement et montées d'adrénaline sur petites routes. Le coupé 3.2CL, comme nous allons le voir, offre une belle synthèse.
Carrosserie
Classique, de bon goût et, pour tout dire, manquant un peu de personnalité, la carrosserie de la 3.2CL évolue légèrement pour 2003 : calandre redessinée, phares avant et arrière modifiés et chrome qui disparaît sur plusieurs éléments (calandre, poignées de porte), qui prennent la couleur de la carrosserie. Le coffre est une bonne surprise pour la catégorie. Large et profond, il a un excellent volume de chargement et permet le transport d'objets longs grâce à une trappe à skis. Par contre, sa hauteur de ligne nuit légèrement à sa visibilité.
Mécanique
Là, on entre dans le vif du sujet. Deux versions du V6 de 3,2 litres VTEC sont offertes. La version de base fait déjà 225 chevaux. Mais, grâce à de nombreuses modifications (comprenant entre autres un système d'admission à double étage, une augmentation du taux de compression, des arbres à cames en tête spécifiques et un VTEC réglé différemment), la puissance de la version Type S passe à 260 chevaux. Et quel moteur ! On se surprend à flirter avec la zone rouge (7000 tr/min) sans même le vouloir. Et, à ce régime, il semble ne pas s'essouffler et en demander encore. Quand le VTEC ouvre à plein, c'est-à-dire à 4800 tr/min, la poussée est forte mais linéaire, jamais brutale. Du grand art ! La grosse nouveauté de l'année, c'est l'apparition de la boîte de vitesses manuelle à six rapports, offerte uniquement avec la Type S. Cette boîte, parfaitement étagée et dotée d'une commande agréable (quoiqu'un peu métallique), seconde parfaitement le moteur. La boîte de vitesses automatique à cinq rapports à commande SportShift reste très agréable, mais au moins Acura comble, en offrant maintenant un choix, l'une des principales lacunes du modèle.
Comportement
Devinette : que font 260 chevaux sur les roues avant sans béquilles électroniques dans le cas de la Type S manuelle ? Réponse : des remontées de couple dans le volant et des pertes (légères) de motricité. C'est bien dommage, car quand on a envie de lâcher les chevaux (et Dieu sait s'ils piaffent d'impatience), il faut garder une certaine mesure sous peine de petites sueurs froides. Petites, car le châssis est malgré tout très équilibré et propose un excellent compromis entre tenue de route et confort. On rajoutera que la direction est très précise et que les freins sont puissants et progressifs. De leur côté, les versions automatiques bénéficient d'un contrôle de traction, et la Type S est en plus dotée d'un système d'assistance à la stabilité, ce qui fait disparaître le problème de motricité.
Habitacle
Dans sa livrée noire, l'habitacle fait penser à une allemande tant cette couleur est partout. L'ambiance intérieure est sérieuse mais très agréable. On y est très bien assis; un peu moins à l'arrière, mais c'est un coupé, que voulez-vous ! La banquette arrière est d'ailleurs spécifiquement conçue pour deux personnes puisqu'il s'y trouve une console centrale. L'ergonomie est excellente, tout comme la qualité de fabrication. L'équipement est archicomplet (excellente chaîne audio avec commandes au volant, climatisation efficace, beau cuir, confort électrique complet). À noter que l'implantation de la boîte de vitesses manuelle a entraîné la fabrication d'une console centrale spécifique à cette version.
Conclusion
Ceux qui privilégient le luxe, sans pour autant renier la sportivité, choisiront les versions automatiques. Pour les amateurs de sensations, la Type S manuelle est le choix. Sauf que ces gens-là voudront peut-être s'orienter vers une propulsion et éviter ainsi les débordements du train avant. Situation ambiguë. Mis à part ce problème, l'Acura est une voiture vraiment attachante et à un prix plutôt avantageux en regard des prestations.
Forces
Moteur de la Type S brillant
Finition
Équipement
Prix contenu
Faiblesses
Motricité de la version manuelle
Visibilité arrière
Deuxième avis :
Chaque culture possède sa propre définition d'une voiture sport. Pour les Américains, c'est avant tout auditif, une grosse cylindrée qui ronronne et un échappement qui ne laisse aucun doute sur les prestations du véhicule. Pour les Allemands, c'est une expérience tactile, la prise en main du volant, la communion avec la route; le pilote est au centre de l'action. Pour les Japonais, c'est une expérience visuelle. L'esthétisme d'abord et avant tout, des lignes propres et un concept ou rien ne dépasse. C'est l'approche qui a été utilisée pour la 3.2 CL. On dit souvent que l'on possède les défauts de ses qualités. C'est particulièrement vrai pour la CL, qui est presque parfaite en tous points, et c'est un peu le problème. Cette perfection manque de charisme et ne la rend pas attachante. Il n'en demeure pas moins que c'est une excellente voiture.