Pour professionnels branchés
Par Benoit Charette
D’ici 2009, Volvo s’est donnée comme objectif de vendre 600 000 voitures par année dans le monde contre 350 000 actuellement. Pour y arriver, Volvo devra élargir sa gamme de produits et viser un marché à plus grand volume. La première partie de la réponse prend la forme de la nouvelle C30. La seconde partie viendra de la XC 60. Dans le premier cas, sans faire dans le rétro, Volvo a pigé dans son héritage pour faire un petit clin d’œil au passé dans un emballage résolument moderne. Les Européens ont connu la Volvo 480 ES, et l’Amérique de Roger Moore et de la série Le Saint a connu la 1800 ES, les deux seules Volvo à avoir joué dans le segment des compactes. C’est donc avec ces voitures en tête que Volvo revient dans le segment des petits coupés sport.
Carrosserie
Le coup de crayon est celui du Québécois Simon Lamarre, responsable du projet C30. C’est le concept SCC qui lui a servi d’inspiration. En un mois, Lamarre a réussi à capturer l’essence visuelle du SCC et d’en diminuer le format pour pondre un véhicule qui a suffisamment impressionné les dirigeants de Volvo pour le conserver comme le concept gagnant parmi plus de 200 candidats. Simon Lamarre ne cache pas sa fierté. La silhouette de la C30 est plutôt réussie. Du moins à l’arrière, car la proue de cette petite Volvo est plus conventionnelle et rappelle un peu trop celle d’une S40. Par contre, quel cul! Les hanches sont généreuses, les épaules larges, les vitres latérales fuyantes et étroites. Le hayon très incliné et entièrement vitré apporte la touche finale à cette Volvo et s’inspire de la P 1800 ES. Mais ce n’est pas tout, car le constructeur propose un programme de personnalisation tout à fait en ligne avec les plus récentes tendances. Les jantes 18 pouces sont superbes, la couleur «blanc cosmique» est à recommander et le body kit (béquet, spoiler, bas de caisse), parfaitement intégré. On est à des années-lumière du tuning maison de mauvais goût. L’extérieur deux tons est particulièrement réussi. D’un point de vue strictement visuel, chapeau à Simon Lamarre!
Habitacle
L’intérieur n’est pas à l’image de la carrosserie. Vous êtes à peu de chose près dans une S40. Volvo a pris soin de spécifier qu’elle visait les couples sans enfant avec la C30, mais en prévoyant tout de même de l’espace pour quatre adultes. Il y a donc quatre sièges sculptés et confortables. Malheureusement, l’accessibilité aux places arrière nécessite une grande patience car, en l'absence d'un dispositif mécanique de dégagement, il faut user d'une commande électrique sur le haut du dossier pour déplacer l'assise, patience heureusement récompensée par des places suffisamment spacieuses, même pour les longs trajets. Pas de problème en ce qui concerne la position de conduite, parfaite grâce aux multiples réglages du siège et du volant. On retrouve avec joie la console centrale «flottante» et ultra mince des S40 et V50 avec des motifs sculptés sur la planche de bord en prime. Parmi les quelques déconvenues, la capacité du coffre est sensiblement inférieure à celle de l’Audi A3 ou de la BMW Série 3. Même chose avec les deux sièges arrière rabattus qui logent près de 900 litres, soit une bonne centaine de moins que la moyenne de la catégorie. À défaut de véritable hayon, c’est la lunette vitrée à elle seule qui sert d’ouverture pour accéder au coffre. C’est original et bien moins coûteux que le classique hayon (absence de renforts de structure dans le pavillon), mais le seuil d’accès se situe à une hauteur inhabituelle et la découpe de l’ouverture ne permet pas d’embarquer d’objets vraiment encombrants. Volvo a choisi la forme avant la fonction, mais cette décision est justifiée en ce qui concerne l’arrière de la voiture, qui est véritablement la pierre angulaire du véhicule en matière de style.
Mécanique
Le choix de moteurs est le même que pour la berline S40. Le basique 5 cylindres de 2,4 litres offre 168 chevaux, et le T5 avec turbo en propulse 218. Avec le même châssis, le même train roulant et les mêmes transmissions que la S40, les résultats sur la route sont aussi très proches. Contrairement au moteur turbo de la MINI ou de l’Audi A3 qui transpire un charme certain et une jolie musique enivrante, rien de tel chez Volvo. Le moteur est terne, les reprises sont bonnes mais complètement aseptisées, et la transmission manuelle «caoutchouteuse» empiète sérieusement sur le plaisir de conduire. Même si la version T5 offre plus de chevaux que bien des compétiteurs de sa catégorie, l’impression de puissance n’est pas au rendez-vous. C’est bien dommage que le ramage ne soit pas aussi beau que le plumage car, comme dans la fable de La Fontaine, la C30 serait le phénix des hôtes de ces bois.
Comportement
Le premier contact est engageant. La silhouette originale de la petite suédoise séduit et donne instantanément envie d'en prendre le volant. Volvo a particulièrement soigné l’insonorisation. La position de conduite s'apparente à celle d'un coupé sport. Une fois lancée, notre C30 T5 manquait de tonus. Même la version avec une boîte manuelle à six rapports, trop floue pour être agréable, n'est guère plus enjouée. Le style aguicheur de la C30 nous laissait espérer un dynamisme que nous n'avons hélas pas retrouvé derrière le volant. Elle se révèle en réalité aussi sérieuse que ses aînées. La comparaison avec la plus que plaisante MINI ne tient pas la route. Bien sûr, la C30 est très sécuritaire et sa conduite est rassurante à défaut d’être grisante. L’amateur de conduite sportive en moi a été déçu de son caractère placide. Volvo nous annonçait un brin de folie qu’il m’a été impossible de constater. Si la MINI est véritable petit kart, la C30 s’apparente plus à l’auto tamponneuse. Disons simplement qu’après une journée d’essai, le comportement s’est révélé plus rassurant qu’amusant, plus confortable que sportif et, sur ce plan, la C30 ne se démarque pas des autres modèles de la famille. Il faut dire que la sécurité reste une priorité chez Volvo. L'antidérapage DSTC fait bien sûr partie de la dotation de série, comme le système anticoup du lapin Whips, les coussins gonflables sortent de tous les coins et le système BLISS (introduit avec la S80), qui détecte les véhicules dans vos angles morts de