À la guerre comme à la guerre
Par Benoit Charette
Dans l’imaginaire populaire, l’homme est bien appuyé sur une clôture de cèdre, porte un chapeau, des bottes de cow-boy, un manteau de cuir molletonné, et son regard est balayé par le vent. Devant lui, il y a généralement un camion Ford, GM ou Dodge qui complète le tableau. Cette image de liberté fait vendre plus de deux millions de pick-up par année chez les constructeurs américains. Depuis plus de 10 ans, Toyota essaie de placer le Tundra dans ce tableau, mais sans grand succès. Nissan n’a pas fait mieux avec le très imposant Titan. Le nouveau Tundra a été conçu et fabriqué aux États-Unis pour s’assurer de séduire une clientèle réputée conservatrice. Une toute nouvelle usine, située à San Antonio, au Texas (le royaume incontesté du pick-up), va épauler l’usine de Princeton, en Indiana, et ensemble, les deux chaînes de montage pourront produire jusqu’à 300 000 Tundra par année. On se donne les moyens chez Toyota de faire une brèche dans la dernière chasse gardée des constructeurs américains.
Carrosserie
Après plusieurs tentatives, Toyota semble avoir compris que la démesure habite le quotidien des Américains. Le devant est aussi massif qu’un porte-avions et son format n’est plus au 7/8 de ses confrères américains comme les anciennes générations de Tundra. Sur papier, le nouveau Tundra éclipse la compétition sur presque tous les plans. Il est offert en trois styles de cabines – cabine régulière, Double Cab et CrewMax –, et en trois longueurs de caisses – 5,5, 6,5 et 8,1 pieds. Trois versions sont offertes: Deluxe, SR5 et Limited. Aussi haut qu’un bungalow avec une calandre et un bouclier démesurés, le Tundra a visiblement réuni les bons ingrédients du gros camion à l'américaine. Face à ce colosse, on se sent tout petit et, comme ses confrères américains, on ne monte pas à bord, on grimpe. Le Tundra dispose de cinq places et d'une cabine à quatre vraies portières lorsqu'il revêt l'appellation CrewMax. Je dois mentionner la brillante idée d’avoir installé des abattants avec amortisseurs hydrauliques installés contre la caisse à l’arrière. Plus besoin d’huile de coude pour manipuler l’abattant.
Habitacle
L'intérieur du Tundra, comme tous les produits Toyota, a été soigneusement conçu de manière à créer un espace ample et fonctionnel suffisamment robuste pour s'acquitter des grosses besognes. La planche de bord est imposante et solide. Toutes les commandes sont surdimensionnées et semblent avoir été conçues pour les lutteurs de sumo. Toyota nous a plutôt expliqué que les commandes s'adaptent aisément entre les mains de son propriétaire, même lorsque celui-ci porte d'épais gants de travail. L’insonorisation est digne d’une berline et les bruits de vent sont réduits au minimum. Il y a assez de place dans les espaces de rangement pour y dissimuler une Smart. Le luxe fait également partie de l’offre. Dans les modèles Limited, un système de navigation à DVD et à commande vocale avec écran à cristaux liquides de 7 pouces et caméra de recul est offert en option. Vous pouvez également opter pour une chaîne audio JBL de 440 watts pour faire fleurir vos tympans.
Mécanique
Les acheteurs américains auront le choix d’un moteur V6, qui ne sera pas disponible au Canada. Chez nous, l’acheteur de Tundra choisira entre deux moteurs V8. La motorisation de base est la même que l’ancienne version: un moteur de 4,7 litres développant 271 chevaux et 313 livres-pied de couple. Mais pour séduire les amateurs de camions assoiffés de puissance, Toyota a concocté un nouveau moteur V8 de 5,7 litres produisant 381 chevaux et plus de 400 livres-pied de couple. La grande majorité des propriétaires seront parfaitement heureux du 4,7 litres qui est doux, silencieux, agréable et avec tout ce qu’il faut de puissance. Je dois tout de même admettre que le 5,7 litres donne un sérieux coup de fouet en accélération et Toyota a très bien travaillé la sonorité qui décroche un petit sourire de satisfaction. Naturellement, le prix de la version 5,7 litres sera à l’avenant. Le Tundra 2008 avec moteur de 4,7 litres est équipé de la transmission à cinq rapports à commande électronique. Le modèle équipé du moteur de 5,7 litres profite d'une toute nouvelle transmission à six rapports. Cette transmission automatique optimise avec douceur et en silence la puissance disponible tout en autorisant également une excellente efficacité énergétique. La consommation du 4,7 et du 5,7 litres est pratiquement la même, c’est le prix demandé qui va en dissuader un certain nombre. Les deux transmissions sont proposées en deux ou quatre roues motrices.
Comportement
Le Tundra tire profit d'une nouvelle suspension avant à double bras triangulaire, conçue spécialement pour réduire le rayon de braquage par rapport aux modèles précédents. De plus, la nouvelle pompe hydraulique à liquide de direction assistée ultra robuste améliore la sensation et la précision de la direction. Le cadre est maintenu par huit traverses, tandis que les longerons principaux sont en acier hautement résistant. Ce châssis très rigide donne une sensation de conduite plus dynamique que la moyenne pour un camion de ce format. Un groupe hors route, offert en option sur certains modèles, comprend des amortisseurs à gaz monotube Bilstein et un calibrage spécial des ressorts qui rehausse le confort de roulement, la maniabilité et la performance. La plupart des modèles Tundra sont chaussés de série de pneus toutes saisons 255/70R18 pour une adhérence optimale. Les modèles 4 x 4 Double Cab Limited et les versions 4 x 2 et 4 x 4 CrewMax Limited sont chaussés de pneus toutes saisons 275/55R20. Et comme les sites de travail ne sont pas vraiment adaptés aux pneus de secours provisoires, tous les modèles sont équipés d'un pneu de secours de grandeur normale de 18 pouces. Certaines versions proposent des pneus 275/65R18. Après ma semaine d’essai, le Tundra s’est révélé le plus agréable des camions en conduite, devant GM et Ford, alors que Dodge a encore du chemin à faire.
Conclusion
Avec le nouveau Tundra, Toyota a tous les ingrédients pour se mesurer aux camions américains. Tout ce qu’il reste à faire est de convaincre les acheteurs de pick-up américains d’aller regarder dans la cour du voisin, et c’est là que réside le plus grand défi. Comme tous les produits de la marque, ce Tundra est sophistiqué et presque trop agréable pour un camion. Si cette caractéristique est un avantage