Les plaisirs de l’ennui
Frédéric Masse
Pourquoi se procure-t-on une fourgonnette? Pour conduire un véhicule polyvalent, confortable, fiable et, surtout, sécuritaire. Mais certainement pas pour le plaisir au volant. Eh bien, c’est justement ce qu’offre la Sienna… Que de coïncidences!
Carrosserie
Peu de changements pour 2008, puisque la Sienna a été légèrement rafraîchie il y a deux ans. Son design n’est pas sa matière forte. Elle n’est pas laide. Plutôt quelconque. Son hayon semble interminablement long. La version XLE, la plus cossue, ajoute des accents chromés ici et là, mais on ne peut toujours pas parler de beauté.
Habitacle
Toyota m’a fait essayer la couleur la plus aguichante, or. À l’intérieur, on y trouvait du… beige. Quelle couleur invitante, avouez-le. Mais, malgré la morosité du décor, on s’y sent à l’aise. Les sièges avant procurent un bon confort. Ils ont d’ailleurs quelque chose de spécial car, malgré leur manque de support, ils enveloppent à merveille. La position de conduite est à ce point agréable et confortable que je me suis presque mis à aimer les minifourgonnettes. La vision périphérique est idéale et la manipulation de la plupart des contrôles, instinctive. La banquette arrière se rabat dans le plancher avec une aisance peu commune. Moi-même père d’un bambin, je n’ai eu aucune difficulté à la rabattre, bébé à la main: le test ultime! La deuxième rangée est légèrement moins conviviale, mais pas assez pour devenir agaçante. Ce n’est pas le Stow and Go de Chrysler, certes, mais quelques manipulations suffisent pour accomplir la tâche. La finition et la qualité d’assemblage sont correctes, mais pas aussi impeccables que ce à quoi Toyota nous a habitués. Ah oui, chose intéressante pour les familles nombreuses ou les transporteurs d’équipe de soccer: il est possible de choisir l’option huit passagers!
Mécanique
Depuis 2006, le V6 de 3,5 litres qu’on trouve notamment dans les Camry, Avalon et RAV 4 s’est trouvé une place sous le capot de la Sienna, remplaçant le 3,3 litres. Cette cavalerie de 250 chevaux déplace de l’air, pour une fourgonnette. À l’exception de la Honda Odyssey, vous ne vous imaginerez jamais qu’un véhicule avec portes latérales coulissantes puisse aller aussi vite! Vraiment, je me suis fait prendre bien au-delà des vitesses permises en ne portant pas attention à mon tachymètre.
Comportement
Non, vous n’exécuterez pas des prouesses au volant de la Sienna. Mais était-ce le but? La Toyota se veut assez stable pour vous permettre de vous sentir à l’aise en virages ou dans des situations d’urgence. Elle roule et tangue, évidemment, mais son confort est à ce point étonnant qu’on lui pardonne. De plus, son rayon de braquage de 11,2 mètres, le plus petit de la catégorie, combiné à l’excellente position de conduite, rend les stationnements et les manœuvres en ville déconcertants de facilité. Sa direction très légère plaira aussi particulièrement à ceux et celles qui n’aiment pas conduire un aussi imposant véhicule. Un défaut, par contre: l’absence du contrôle de stabilité et de traction de série. Il faudrait vraiment que Toyota l’ajoute à son catalogue. Avec 250 chevaux sous le pied, avouez que ce serait pratique, surtout sur chaussée mouillée ou enneigée. On peut toujours régler ce problème en choisissant la version à traction intégrale, mais la facture grimpe rapidement.
Conclusion
Oui, je l’avoue, je ne ferais pas de l’essai des fourgonnettes une coutume. Mais la Sienna a des qualités qui pourraient presque me convaincre de renouer avec cette espèce en voie d’extinction. Même en version de base, elle offre un équipement complet, un confort étonnant et des éléments de sécurité importants lorsqu’on a à trimbaler tous les marmots. Avec la Honda Odyssey, la Sienna offre le meilleur de ce qui se fait en ce domaine.
Forces
Sièges confortables Excellente position de conduite et vision périphérique Habitacle flexible offrant beaucoup de rangements Moteur souple et puissant
Faiblesses
Design ennuyant Conduite amorphe Pas de contrôle de traction de série
2e opinion Luc Gagné
Darwin avait raison: sa théorie de la sélection naturelle fonctionne! J’en veux pour preuve les vulgaires fourgonnettes de GM en voie d’extinction et la Ford Freestar qui a rendu l’âme. Que reste-t-il donc dans ce créneau si populaire il n’y a pas si longtemps? La Grand Caravan – l’incontournable des compagnies de location –, le duo coréen Sedona/Entourage, et deux superbes produits japonais – Honda Odyssey et Toyota Sienna –, deux fourgonnettes aux multiples qualités: excellent comportement routier, intérieur pratique soigneusement aménagé, mécaniques performantes, bref, tout pour qu’une espèce survive dans un marché en pleine effervescence. D’ailleurs, depuis qu’elle a des sièges arrière escamotables s’encastrant dans le plancher, la Sienna, à mon avis, se classe à égalité avec l’Odyssey pour le titre d’espèce dominante!