Pour vos vieux jours
Par Benoit Charette
L’Avalon s’adresse d’abord à ceux qui recherchent le confort douillet d’une berline pleine grandeur. La plus imposante Toyota est en effet plus spacieuse que la Lexus GS et quelques centimètres derrière la LS 460. C’est beaucoup de Toyota pour 40 000 $! Mais l’Avalon doit être conduite pour ce qu’elle est: une voiture qui, malgré ses 268 chevaux, est allergique à toute forme de sportivité. Construite par et pour les Américains, elle s’adresse à une population vieillissante de baby-boomers qui veulent d’abord avoir la paix derrière le volant.
Carrosserie
Dire que le style est conservateur est un euphémisme. Malgré de nombreux essais depuis son lancement en 1994, l’Avalon a toujours l’air des pantoufles qu’on laisse au coin du feu pour les samedis soir sous l’édredon. Disons que, à la décharge de Toyota, la pantoufle offre une ligne plus séduisante qu’à ses débuts, mais il s’agit toujours d’une pantoufle.
Habitacle
Si le style ne réussit pas à vous convaincre, l’espace caverneux de son intérieur, en revanche, devient un très solide argument de vente. Ses dimensions quasiment dignes d’une limousine offrent un statut de royauté aux passagers arrière, qui profiteront d’un espace pour les jambes qu’on retrouve dans très peu de berlines. La finition cuir et bois (ou plutôt similibois) qui s’inspire des produits Lexus est plus que flatteuse. Les sièges sont confortables, mais gagneraient à offrir un peu plus de soutien latéral. Leur style évasif est directement proportionnel au tour de taille des propriétaires américains. On se doit de souligner l’insonorisation, qui donne l’impression de rouler dans un univers parallèle tellement on est coupé de tous bruits. Tout ce qu’il manque à cet environnement propice au bonheur est la chaîne audio JBL avec 12 haut-parleurs, offerte en option.
Mécanique
Même si la grande majorité des propriétaires n’utiliseront pas la moitié des 268 chevaux du moteur V6 de 3,5 litres, vous seriez surpris de constater à quel point il regorge d’énergie. Je me suis fait un malin plaisir de laisser sur place quelques jeunes à casquette dans leur petite «zézette» au départ d’un feu de circulation. Mais le sprint n’est pas le propre de l’Avalon. La boîte automatique à cinq rapports préfère, et de beaucoup, la tranquillité d’une grande autoroute aux parcours en lacets des petites routes de campagne. Cette boîte a bien un mode sport, mais franchement, je me demande encore pourquoi Toyota s’est donné cette peine.
Comportement
Si la voiture s’adresse à un public retraité, il semble aussi que les concepteurs doivent appartenir à la même tranche d’âge. Si vous pouviez fermer les yeux en conduisant, vous auriez certainement l’impression de vous retrouver dans une berline des années 70. J’exagère un peu, car les suspensions, malgré leur souplesse, ne donnent pas le mal de mer comme les paquebots américains de cette époque. Toutefois, la direction est surassistée et donne cette légère impression de flottement. Mais je vous rassure, ce n’est qu’une impression. L’Avalon est tout à fait capable de tricoter sur les routes tortueuses si on lui demande. Elle ne le fait pas avec plaisir, mais sera capable de s’acquitter de sa tâche. Sur la route, la puissance disponible est largement suffisante pour réaliser un 80 à 120 km/h qui décoiffe. Pour une sécurité accrue, l’Avalon dispose de contrôles de stabilité et de traction ainsi que d’une assistance au freinage. Les mots à retenir au volant: douceur, contrôle et discrétion. C’est en suivant cette approche que vous en tirerez le meilleur parti.
Conclusion
Cette voiture regorge de qualités, mais en prenant le volant, on réalise tout de suite qu’elle a été pensée pour un public américain. Avec les mêmes ingrédients et une recette différente, Toyota pourrait faire une voiture plus dynamique qui saurait plaire aux Canadiens. On retrouve cette recette chez Lexus, mais dommage que le prix pour s’y rendre soit aussi élevé.
Forces
Moteur «plein de vie» Habitable très spacieux Équipement complet
Faiblesses
Tenue de route trop molle Ligne fade Suspension un peu molle Direction surassistée
2e opinion Hugues Gonnot
Il aura fallu attendre la troisième génération d’Avalon pour obtenir un engin plus vivant qu’une boîte de Valium. Certes, l’acheteur moyen veut du confort avant tout et, sur ce plan, c’est réussi. Mais il n’y aucun mal à posséder aussi un véhicule capable d’avoir de bonne reprises. Alors, pourquoi acheter une Avalon? D’abord et avant tout pour l’espace intérieur. C’est là qu’elle fait la différence par rapport à la concurrence. Parce que, comparativement à une Lexus ES350, à peine plus chère, elle marque le pas en matière d’image, d’agrément général, alors que la Lexus profite d’un intérieur encore mieux fini et d’un rapport supplémentaire pour la boîte automatique. Normal, donc, que cette dernière se vende mieux que l’Avalon.