Recette américaine, préparation japonaise
Benoit Charrette
Au moment de mettre sous presse, Toyota informait L’Annuel de l’automobile de la venue d’un tout nouveau modèle d’Avalon pour 2005. Cependant, comme cette voiture allait être dévoilée seulement au Salon de l’auto de Detroit, impossible d’obtenir la moindre parcelle d’information avant. Nous savons seulement que la voiture conservera son nom et héritera sans doute du moteur V6 3,3 litres de la Camry (avec la boîte automatique à 5 rapports). En termes de format, elle demeurera sensiblement la même avec plus d’espace à l’intérieur. Pour l’heure, nous vous offrons un dernier tour d’horizon du présent modèle.
Carrosserie
Dans la plus pure tradition des grandes berlines destinées à un public préretraité, l’Avalon se montre d’une fadeur déprimante. Vous croyez que j’exagère ? Regardez de plus près une Mercury Grand Marquis, une Buick Le Sabre ou Park Avenue ou encore une Kia Amanti… convaincu, maintenant ? Heureusement, Toyota va ajouter un peu de «zing » dans la prochaine cuvée, mais pas trop quand même. Cela dit, même si la ligne demeure banale, l’exécution est sans reproche. La minutie se remarque dans tous les recoins de la carrosserie et les lignes fluides respirent la rigueur. Insipide, mais efficace.
Habitacle
À l’intérieur, le style est centré sur le confort, comme dans toutes les voitures de cet acabit. Non seulement on jouit de plus d’espace dans l’Avalon que dans la Camry qui lui sert d’inspiration, mais l’insonorisation y est plus poussée et la voiture offre une généreuse liste d’équipement de série qui rend la vie à bord plus agréable (climatisation automatique, régulateur de vitesse, toit électrique et une chaîne audio JBL de très grande qualité). On ne peut passer sous silence le très kitsch tableau de bord qui semble directement sorti d’une «grosse américaine» des années 1970. J’espère seulement que les concepteurs de la prochaine génération de l’Avalon auront trouvé une solution plus moderne pour meubler la planche de bord.
Mécanique
Le raffinement se poursuit aussi dans le compartiment moteur. Les 210 chevaux très souples proviennent du V6 de 3,0 litres qui utilise la technologie VVT-i développée depuis plusieurs années chez Toyota. Et n’allez pas croire que soyeux signifie paresseux. Même si elle n’aime pas particulièrement l’effort physique, cette mécanique déborde d’entrain et offre une excellente prestation en sportive de salon. L’excellente boîte automatique à quatre rapports complète parfaitement le moteur. Vous pouvez aussi compter sur le support de quatre freins ABS, sur l’antipatinage, le contrôle de stabilité et la distribution électronique du freinage qui offrent un rendement très sécuritaire.
Comportement
Toujours sous le thème du confort, l’Avalon n’aime pas les brusqueries. La suspension est souple exprès et la direction, un peu dans les limbes, ne réagit pas très rapidement aux sollicitations du conducteur. Donc, au volant, mieux vaut rester calme. Cela dit, la caisse très rigide procure une conduite rassurante et l’insonorisation parmi les meilleures sur le marché offre un habitacle aussi silencieux qu’une limousine. De toutes les grandes voitures offertes sur le continent nord-américain, l’Avalon est sans l’ombre d’un doute le meilleur choix, même si la clientèle, plus habituée d’acheter un produit américain, l’oublie trop souvent quand vient le moment de changer de véhicule.
Conclusion
Spacieuse, confortable, raffinée l’Avalon est digne d’occuper une place de choix dans les flottes de voitures d’entreprise. Toyota devra cependant changer certains éléments de cette recette qui n’a jamais pris. Deux petits conseils aux gens de Toyota qui ont pratiquement perdu toute leur clientèle: osez faire plus jeune dans le dessin de la carrosserie, actuellement d’une banalité déprimante; et, de grâce, transformez le tableau de bord de la voiture. Car dans l’ensemble, l’Avalon s’avère un modèle de confort, de fiabilité et de rigueur malheureusement affublé d’un physique repoussant.
Forces
• Assemblage et finition exemplaires • Insonorisation et confort dignes d’une limousine • Fiabilité.
Faiblesses
•Lignes fades •Tableau de bord dépassé •Direction un peu lourde •Prix élevé • Modèle en fin de carrière
Nouveautés en 2005
• Le modèle 2005 sera entièrement redessiné et sera présenté en janvier au Salon de Detroit
2e opinion Luc Gagné
• Riposte nippone aux Grand Marquis, Impala et Park Avenue de ce monde, l’Avalon est l’antithèse de la « p’tite japonaise » des années 1970. Chez Toyota, on a compris que la Camry ne pouvait satisfaire tous les Américains, surtout les plus âgés. Il leur fallait quelque chose de plus gros. De simplement gros. Or, le gabarit de l’Avalon, inférieur à celui d’une Grand Marquis (ce qui est difficile à battre) ne la défavorise pas pour autant. Puisque l’Avalon n’est pas inutilement grosse : sa taille m’apparaît même idéale, pour cette catégorie. Son habitacle est très spacieux et bien équipé. De plus, l’Avalon est la grande berline la mieux insonorisée du lot. D’accord, son coffre présente le plus petit volume de cette catégorie, mais ce désavantage est compensé largement par un confort de roulement difficile à égaler.