Dr Aerio et Mister SX
P a s c a l B o i s s é
Prise entre deux feux, l’Aerio joue sur deux tableaux : en version bas de gamme, elle fait concurrence aux Toyota Echo et Hyundai Accent alors que sa version plus équipée (SX) tente de ravir des ventes aux ténors de la catégorie que sont les Honda Civic et Mazda3. Lourde commande pour cette petite japonaise à la double personnalité. Offerte en berline ou en familiale (que l’on nomme Fastback chez Suzuki), l’Aerio tire son épingle du jeu grâce à l’option de la traction intégrale et à un rapport qualité-prix intéressant.
Carrosserie
Les versions SX s’avèrent assez plaisantes à l’oeil. Bien équipées, elles arborent des pare-chocs distinctifs aux formes anguleuses, des moulures de bas de caisse ainsi qu’un becquet arrière. Cet habillage, qui leur donne de l’aplomb, est complété par des jantes en alliage de 15 pouces et des pneus sport de série 55. Ce qui casse un peu la fête, c’est lorsqu’on aperçoit les minuscules freins à travers les cinq branches de ces grandes roues. Juste quand on commençait à croire qu’on avait affaire à une vraie version sport! Esthétiquement, les versions de base, tant la berline que le bicorps, se révèlent passablement plus ternes: les formes arrondies de leurs boucliers et l’absence de moulures de bas de caisse leur donnent une dégaine de pilule, haute sur pattes, et elles semblent flotter maladroitement au-dessus de leurs petites roues d’acier de 14 pouces.
Habitacle
La position de conduite, légèrement surélevée, offre une bonne visibilité. Le dégagement pour la tête est impressionnant. Les sièges offrent un bon support latéral mais le velours utilisé dans les SX peut s’avérer salissant. Étrangement, les sièges de la version de base semblent être couverts d’un tissu plus durable. La finition est correcte et l’ergonomie générale est bonne. Suzuki nous promet, pour 2005, un nouveau tableau de bord avec de vrais cadrans analogiques. Cela remplacera l’espèce de fente à affichage numérique, sortie tout droit d’un mauvais film de science-fiction. Dans la Fastback, le chauffage est lent mais le dégivrage efficace. Le coffre offre un seuil de chargement bas, mais il faut noter que le fait de rabattre la banquette arrière ne permet pas d’obtenir un plancher plat.
Mécanique
Seul un moteur à quatre cylindres de 2,3 litres d’une puissance de 155 chevaux est au programme. Plutôt bruyant, même si certains aimeront sa sonorité rageuse, il se révèle franchement rugueux lors des démarrages par temps froid. La version SX peut recevoir la traction intégrale en option, mais seulement avec la boîte automatique (ce qui est déplorable !). La combinaison de ces deux éléments absorbe une partie de la puissance disponible et les performances en souffrent. Cela dit, à moins que vous n’ayez cru avoir affaire à une sportive, vous trouverez les performances de l’Aerio très honnêtes en utilisation quotidienne.
Comportement
La suspension talonne sèchement dans les nids-de-poule de nos belles routes québécoises. Les coups reçus sont amplifiés par la caisse dont la construction est d’une rigidité remarquable. À ce sujet, l’Aerio a obtenu un très bon score aux très sévères tests de collision de l’IIHS. La caisse rigide, la suspension ferme et la traction intégrale rendent l’Aerio amusante à conduire. Elle tourne sec et bien à plat, sans roulis. Seul un bon vent latéral semble lui faire perdre son cap, ce qui est normal vu la hauteur de son pavillon. Les réactions du système à traction intégrale sont saines et prévisibles, même dans des conditions hivernales.
Conclusion
L’Aerio se trouve dans un créneau difficile : entre deux catégories où la concurrence est vive. Même si elle est mieux construite et plus spacieuse que les sous-compactes d’origine coréenne, elle n’a pas toutes les caractéristiques qu’il faut pour livrer bataille à l’échelon supérieur.
Forces
•Traction intégrale abordable •Volume intérieur •Sécurité
Faiblesses
•Suspension sèche (débattement trop court) •Moteur bruyant •Freinage
Nouveautés en 2005
• Tableau de bord redessiné avec cadrans analogiques, rideaux gonflables latéraux, climatisation automatique, freins antiblocage de série dans berline, moulures et poignées de portes de couleur assortie, nouvelles jantes en alliage
2e opinion Alexandre
Crépault • J’ai eu beau chercher, je ne suis pas parvenu à dénicher les 155 chevaux que Suzuki affirme avoir rangés sous le capot de sa petite Aerio. Le moteur fait beaucoup de bruit, soit, mais les accélérations semblent plutôt correspondre à une voiture de 120 chevaux, surtout dans la version à traction intégrale. Bon, c’est vrai, l’Aerio est l’une des rares voitures de sa catégorie à offrir la motricité aux quatre roues, mais comme elle se trouve alors obligatoirement jumelée à une transmission automatique, les performances en souffrent. Dommage puisque, mis à part cette déception, l’Aerio a beaucoup à offrir, en commençant par de l’espace en masse, une tenue de route rassurante étant donné son petit gabarit et un équipement bien complet (version SX). Enfin, on ne peut pas tout avoir.