Berlines à l’adrénaline
Philippe Laguë
La WRX et la WRX STi sont à l’Impreza ce qu’une M3 est à une BMW Série 3 : une version modifiée et survitaminée, identique ou presque en apparence. Ainsi métamorphosées, les WRX et WRX STi se différencient suffisamment d’une Impreza pour avoir droit à deux pages juste pour elles.
Carrosserie
La WRX reprend les deux configurations de l’Impreza (berline et familiale), tandis que la STi, plus exclusive, ne se décline qu’en berline. De l’extérieur, les WRX et STi se démarquent par leur prise d’air sur le capot et leur aileron arrière. Sur la STi, ces appendices sont encore plus volumineux, ce qui n’est pas du meilleur goût, ni d’une grande efficacité. Les jeunes à casquette aiment beaucoup, certes, mais combien d’entre eux ont les moyens de se payer une STi à près de 50 000 $ ?
Habitacle
À l’intérieur, la différence entre une Impreza régulière et ses deux soeurs sportives est plus subtile, mais combien plus pertinente. Le compte-tours trône en plein centre du tableau de bord, le cuir recouvre le volant Momo ainsi que le pommeau et la gaine du levier de vitesses, tandis que les sièges avant s’inspirent de baquets de compétition. Ils procurent d’ailleurs un support latéral sans faille et leur fermeté n’altère en rien le confort. Le reste est identique aux versions régulières de l’Impreza et c’est là que le bât blesse : avec des prix avoisinant respectivement 40 000 $ et 50 000 $, les WRX et WRX STi mériteraient une finition moins plastique.
Mécanique
Les moteurs Subaru ont un point en commun avec ceux de Porsche: ils partagent la même architecture, avec leurs cylindres à plat et opposés, en H. Jusqu’à l’arrivée de la WRX et de la STi, la comparaison s’arrêtait là, en raison de l’écart de puissance. Avec 227 chevaux, le quatre cylindres turbocompressé de la WRX revendique la même puissance que le six cylindres atmosphérique de la Boxster, tandis que la STi ne concède qu’une vingtaine de chevaux à la 911! Cela dit, le raffinement mécanique n’est pas le même. La sonorité agricole de ces moteurs nippons n’a rien à voir avec le feulement rauque de leurs homologues de Zuffenhausen, encore moins avec leur souplesse. Le quatre cylindres de 2,0 litres de la WRX est affecté par un temps de réponse qui occasionne des temps morts, tandis que le 2,5 litres de la STi est franchement brutal, que dis-je, bestial! Il offre cependant des accélérations surréalistes: essayez d’imaginer une berline compacte qui accélère comme une Porsche! Si on les juge au rendement, ces deux engins suralimentés font le travail. Ils ont du couple et de la puissance à revendre, les performances sont au rendez-vous et ils déclenchent de fortes montées d’adrénaline. On ne peut que regretter qu’ils soient affligés de boîtes manuelles imprécises, qui en feront pester plus d’un en conduite sportive. La direction manque de précision elle aussi. Celle de la STi offre toutefois une réponse plus directe.
Comportement
Comme dans l’Impreza, le grand débattement de l’amortissement s’accompagne d’un roulis prononcé, ce qui n’est guère rassurant lorsqu’on entre rapidement dans un virage. Et pourtant, ça colle ! Il faut dire que l’Impreza repose sur un châssis très sain et que le rouage intégral procure une motricité inégalable. Par contre, les pneus Bridgestone de la WRX ne sont pas à la hauteur. À ce chapitre, la STi est beaucoup mieux servie avec une monte pneumatique nettement plus performante et une suspension raffermie. Ce qu’elle gagne en tenue de route, elle le perd cependant en confort. Pour un usage quotidien, regardez plutôt du côté de la WRX, la STi étant avant tout un engin de spécialiste.
Conclusion
Une pour la route, l’autre pour la piste. Voilà la différence fondamentale entre une WRX et une STi. Par ailleurs, ces deux berlines à l’adrénaline sont des sportives quatre saisons, grâce à leur rouage intégral. C’est la WRX qui s’en tire le mieux, en raison d’un rapport qualité-prix supérieur et de sa plus grande civilité.
Forces
• Très bons sièges • Moteurs puissants • Motricité incomparable • Tenue de route phénoménale (STi) • Confort appréciable (WRX)
Faiblesses
• Allure discutable (STi) • Finition plastique à l’intérieur • Moteurs rugueux • Boîte manuelle imprécise • Piètre adhérence des pneus (WRX)
Nouveautés en 2005
• Aucun changement majeur
2e Opinion Alexandre Crépault
• Dès les premiers instants, on découvre à quel point la WRX propose le juste milieu idéal entre la sportive et l’aspect fonctionnel d’une berline ou même d’une familiale. Grâce à ses 227 chevaux et à sa traction intégrale exemplaire, la WRX est une championne. En prime, elle ne dédaigne pas nos hivers. Pour les éternels insatisfaits, Subaru a la potion magique : la STi. Puissante au point de devenir potentiellement dangereuse entre les mains de pilotes trop téméraires, la STi vaut chacun des 47 000 $ demandés par Subaru. Sauf peut-être dans l’habitacle, qui manque de confort. Enfin, tant que Mitsubishi gardera sa Lancer Evolution VIII hors du pays, la STi aura la vie belle. Pour puristes seulement.