Rentrer dans le rang
Par Philippe Laguë
Mine de rien, le Forester fait partie du paysage de l’automobile depuis une dizaine d’années. Je dis mine de rien car sa carrière a été, jusqu’ici, plutôt discrète. Subaru devait donc lui redonner un nouveau souffle, d’autant plus que le créneau des petits VUS demeure florissant.
CARROSSERIE
Depuis la refonte de l’année dernière, le style est beaucoup plus consensuel, peut-être même trop… Le Forester ne ressort plus du lot et ressemble désormais à n’importe quel autre petit VUS. Sur une note plus rationnelle, la carrosserie a pris de l’expansion, en longueur, en largeur et en hauteur. Cela se traduit par une habitabilité accrue, particulièrement à l’arrière, avec beaucoup d’espace pour la tête et les jambes. La soute à bagages gagne aussi en capacité de chargement, et les rangements sous le plancher sont toujours aussi appréciés.
HABITACLE
À défaut d’être joyeux, c’est simple et efficace : une instrumentation claire au tableau de bord, ainsi que des commandes d’utilisation intuitive et bien placées. L’aspect pratique a été privilégié, comme en témoignent également les nombreux espaces de rangement. Comme toujours chez Subaru, la qualité d’assemblage est irréprochable. Et comme toujours, la qualité sonore de la chaîne stéréo est tout simplement atroce.
Là où l’on constate un net progrès, c’est au chapitre de l’insonorisation. Autre amélioration notable : le confort des sièges. À l’avant, les baquets sont bien rembourrés, et leur maintien latéral est correct, sans plus ; à l’arrière, il est inexistant, mais la banquette est TELLEMENT plus confortable que, dans le modèle précédent, où elle avait tout du banc de parc…
MÉCANIQUE
Sous le capot, on retrouve l’increvable et incontournable 4-cylindres à plat de 2,5 litres. Increvable, car aussi fiable que durable; et incontournable, car Subaru l’utilise dans presque tous ses modèles. On le reconnaît d’abord à sa sonorité propre aux moteurs à plat de ce constructeur, qui leur a valu d’être surnommés les moulins à coudre. Ces moteurs ont toujours les mêmes qualités… et les mêmes défauts, comme ce manque de souplesse chronique. Étrangement, la boîte de vitesses automatique vient atténuer cette rugosité, nettement plus marquée avec la boîte manuelle, surtout lors des rétrogradations. Cette boîte est d’ailleurs peu agréable à utiliser car elle manque de fermeté et de précision. Et ne parlons pas de l’embrayage, beaucoup trop mou et peu progressif.
Plusieurs concurrents du Forester proposent des motorisations à 4 et à 6 cylindres. Subaru a plutôt opté pour la suralimentation. Grâce à l’ajout d’un turbocompresseur, la puissance passe de 170 à 224 chevaux, mais la consommation de carburant est directement proportionnelle. De plus, Monsieur ne carbure qu’au super. Mais surtout, on peut se questionner sur la pertinence d’un moteur suralimenté dans un VUS, alors qu’un V6 atmosphérique serait nettement plus approprié, ne serait-ce que pour le remorquage.
COMPORTEMENT
Comme toujours, le Forester brille par sa motricité exceptionnelle, gracieuseté d’un système de transmission intégrale qui se classe parmi les meilleurs de l’industrie de l’automobile; mais aussi par sa douceur de roulement, autre qualité des Subaru.
L’amortissement est très souple, peut-être même trop; la caisse a une tendance à tanguer, et, en virage, le roulis est très marqué. La direction, floue et surassistée, n’arrange pas les choses. Seul point positif, son court rayon de braquage qui facilite les manœuvres de stationnement. Bref, le Forester a perdu ce zeste qui le rendait plus agréable à conduire que ses homologues, cette fermeté qui lui donnait plus d’aplomb que ses compatriotes nippons.
CONCLUSION
Le Forester a toujours de solides arguments en sa faveur, à commencer par sa solidité et sa fiabilité ainsi que son confort et son habitabilité. Mais il s’est aseptisé et a perdu ce petit côté iconoclaste qui faisait son charme. Remarquez, c’est peut-être dommage du point de vue d’un chroniqueur automobile, mais ce changement risque aussi de se traduire par une augmentation des ventes, ce qui justifierait pleinement cette stratégie.
FORCES
– Habitabilité accrue
– Toujours le bon format
– Confort et insonorisation améliorés
– Mécanique fiable et durable
– Motricité exceptionnelle
FAIBLESSES
– Chaîne stéréo médiocre
– Moteur rugueux
– Boîte manuelle désagréable
– Consommation (XT)
– Suspension molle
– Direction légère et floue
NOUVEAUTÉS EN 2010
Aucun changement majeur (à confirmer)