Le pari de l'originalité
Par : Luc Gagné
Il était une fois une automobile qui se prenait pour une camionnette. Née en 1957, elle fut baptisée Ranchero. De nature hybride, cette Ford alliait le confort et l'élégance d'une auto au côté pratique d'une camionnette. Un véhicule idéal pour aller, selon les humeurs, au chantier ou à l'opéra. L'idée semblait si bonne qu'une rivale fit irruption sur le marché deux ans plus tard, et son géniteur, Chevrolet, lui donna aussi un nom à consonance hispanique : El Camino. Durant les trente années qui suivirent, la carrière de l'une et de l'autre se fit en sourdine. Un hybride demeure l'objet de compromis, et ni la Ranchero ni l'El Camino ne purent échapper à ce stigmate. Après tout, elles n'avaient ni la capacité de charge ni la garde au sol élevée d'une " vraie " camionnette. Et leur habitacle ne pouvait accueillir que deux, parfois trois personnes. Impossible, donc, d'emmener un couple d'amis à l'opéra! La Ranchero tira sa révérence en 1979 et l'El Camino, en 1988. La mode des " auto pick-up " serait sans doute restée dans les livres d'histoire si les consommateurs américains ne s'étaient pas entichés des camionnettes et des utilitaires – et surtout, s'ils n'avaient pas commencé à déchanter en constatant le coût de la gloutonnerie de ces mastodontes et le déplaisir qu'ont peut avoir à les garer, surtout dans les centres-villes congestionnés… Ça, les stratèges de Subaru l'ont compris et, forts d'une grande expérience dans les transmissions intégrales et de la popularité de leur Outback, ils ont trouvé là une opportunité pour faire renaître " l'auto pick-up ". Cette fois, elle adopte une forme plus appropriée… et, encore une fois, un nom à sonorité hispanique : Baja !
Carrosserie
L'idée n'est pas saugrenue. Subaru disposait d'une voiture " tout-aller " prisée : la Outback. Il suffisait de la transformer pour lui donner les attributs appréciés des utilitaires et ainsi ouvrir une brèche dans un créneau en devenir. Ainsi, contrairement aux Ranchero et El Camino d'antan, la Baja est un véhicule à quatre portes assez spacieux pour quatre adultes, un véhicule ayant la garde au sol d'un utilitaire Ford Explorer et doté d'une caisse pour transporter les colis encombrants ou salissants. De la familiale Outback, le constructeur nippon a tout conservé de l'avant jusqu'à la caisse. On a changé la petite grille ovale de la calandre, question de distinguer la Baja des Outback et Legacy. Pour préserver la rigidité structurelle de la partie arrière, amputée de sa carrosserie, on a intégré de gros renforts tubulaires dont la partie supérieure apparente a été chromée. On croirait des arceaux de sécurité. Ça fait très chic… La transformation a donné 15 centimètres de plus en longueur par rapport à une Outback. La caisse mesure donc 1,1 mètre de longueur sur 1,2 mètre de largeur (1,1 mètre entre les arches de roue). Ce qui paraît petit. On peut cependant allonger la surface de chargement de deux façons. D'abord, en utilisant le battant arrière pour supporter la cargaison. Un arceau d'aluminium pivotant est d'ailleurs proposé en option, question de retenir dans la caisse cette cargaison. La surface utile passe alors à 1,5 mètre de longueur, soit assez pour charger un kart. Par ailleurs, à l'instar de la camionnette Chevrolet Avalanche, la partie arrière de l'habitacle du Baja a été conçue pour permettre le transport d'objets longs (au détriment des passagers). Après avoir relevé le coussin de la banquette arrière et abaissé son dossier, on découvre un petit panneau qui se rabat à l'intérieur et permet d'allonger la surface de charge à 1,9 mètre. Cela permet de charger des objets plus longs – des boîtes de tubes fluorescents, par exemple. Subaru appelle ça le système Switchback. La caisse est recouverte d'une doublure protectrice de matière plastique et des points d'égouttement d'eau ont été prévus. Cela facilite le lavage à grande eau! Un petit projecteur a été fixé à l'arrière de la carrosserie pour éclairer la caisse. De plus, on trouve quatre anneaux pouvant servir de points d'attache pour retenir les gros objets. On a aussi prévu des encavures dans la doublure plastique pour installer des morceaux de bois en guise de partitions. Subaru Canada prépare d'ailleurs un catalogue d'accessoires destinés à satisfaire des besoins très spécifiques. Soulignons enfin qu'avec une capacité de remorquage de 1088 kilos (2400 lb), la Baja pourra remorquer une motomarine ou une grande embarcation Sea doo.
Mécanique
La Baja partage le moteur quatre cylindres " Boxer " de 2,5 litres des autres Subaru. Fort de ses 165 chevaux, il procure des performances satisfaisantes à qui sait en exploiter les hauts régimes, avec la boîte manuelle du moins. Cette boîte manuelle à cinq rapports a aussi un maniement perfectible. La boîte automatique, par contre, masque bien le passage des rapports, mais la grille de sélection en escalier requiert une petite période d'adaptation. De plus, elle souffre d'un petit délai irritant au départ arrêté. C'est le prix à payer pour bénéficier de changements de rapports sans soubresauts… Le moteur " Boxer " présente plusieurs avantages. En plus d'être plus court qu'un moteur à cylindres en V ou en ligne, son centre de gravité est plus bas. Monté en position longitudinale, il évite aussi les problèmes d'effets de couple souvent associés aux véhicules à roues avant motrices. La transmission intégrale de la Baja est en prise constante. En condition normale, la répartition du couple moteur entre les roues avant et arrière est de 50/50 pour la version manuelle et de 40/60 pour la version automatique. Dans les deux cas, la répartition varie en fonction de l'adhérence des roues. Or, puisqu'on part toujours avec quatre roues motrices, les changements de répartition du couple sont plus homogènes (et prévisibles) qu'avec certains autres véhicules dotés d'une transmission intégrale réactive (un Honda CR-V, par exemple). Cela dit, des pneus d'hiver demeurent essentiels même pour ce véhicule afin de pouvoir exploiter l'adhérence supérieure qu'il peut procurer.
Comportement
En raison de ses origines, on aurait cru que la Baja aurait eu un comportement routier comparable à celui d'une Outback. Pas tout à fait : sa suspension plus ferme donne un comportement sportif que seule sa garde au sol élevée trahit occasionnellement. Su