Belle et frivole
Benoit Charrette
Après avoir joué à la voiture rebelle pendant des années, la Saab 93 se plie depuis l’an dernier aux exigences du marché. Fini le hayon et l’approche underground, la nouvelle 93 devient une berline à l’image des autres membres de la catégorie. Elle a peut-être vendu sa peau, mais elle a conservé son âme et cette approche anticonformiste qui est la raison d’être des produits Saab. Et que dire de la nouvelle décapotable qui n’a rien perdu de son charme ?
Carrosserie
Reposant sur la plateforme epsilon de General Motors, qu’utilise aussi la Chevrolet Malibu, la 93 est trois fois plus rigide que l’ancienne génération. Par rapport à sa devancière, la ligne de la berline 93 actuelle à coffre séparé a un peu perdu en personnalité ce qu’elle a gagné en agressivité, voire en sportivité. Toutefois, la marque reste fidèle au style intemporel sans fioriture qui a toujours plu à la clientèle. La décapotable garde son toit souple parce que l’adoption d’un grand toit rigide allongerait l’arrière de l’auto de façon considérable et briserait la ligne.
Habitacle
L’ambiance qui règne à bord se veut le reflet de la mentalité suédoise, simple et efficace. La version Linear marie les sièges en cuir et le tissu avec une finition de plastique anthracite. Le modèle Arc remplace le tissu des portières par le cuir et le plastique anthracite par des appliqués de bois pour une touche plus luxueuse. La version Aero met l’accent sur la performance, avec des sièges d’une forme légèrement différente offrant un soutien plus ferme. Les appliqués de bois sont remplacés par un fini chrome mat et tous les instruments sont soulignés par un contour chromé. Mais peu importe la version, l’espace est très généreux et il règne à bord une grande sérénité et un silence apaisant.
Mécanique
La valse des moteurs turbo continue chez Saab. Les ingénieurs scandinaves sont passés maîtres dans l’art de préparer ces moteurs. La 93 propose un moteur entièrement en alliage d’aluminium, ce qui lui permet de s’alléger de 15 kilos par rapport à l’ancien 2,0 litres. Les versions Arc et Linear sont alimentées par 175 chevaux et l’Aero produit 210 chevaux. Il s’agit des moteurs turbo les plus réussis sur le marché, d’une douceur de roulement incroyable avec une plage de puissance très progressive. Du côté des transmissions, le programme comprend deux boîtes mécaniques manuelles à cinq ou six rapports (Aero) et une boîte automatique à cinq rapports. La boîte automatique, fournie par Aisin Warner, est ce que l’on appelle une boîte «intelligente ». Capable de s’adapter au style de conduite de chacun en mode automatique, elle permet également une sélection manuelle des rapports lorsqu’on glisse le levier sur la grille parallèle marquée «+» et «- ».
Comportement
Équilibre est le mot qui qualifie le mieux l’expérience au volant. En plus de 400 km de routes difficiles et de pluie, la 93 nous a gratifiés d’un agrément de conduite rare pour une traction. Le feeling de la direction est vraiment superbe et les mouvements de caisse de faible amplitude, même dans le cabriolet qui profite grandement de la nouvelle rigidité de la plateforme. Fidèle à sa tradition, la 93 offre encore, à mon avis, les sièges les plus confortables de l’industrie avec une ergonomie idéale. Les cotes d’habitabilité figurent aussi parmi les meilleures de la catégorie. Elle offre aussi toute la panoplie des aides à la conduite. Un seul bémol : il faut conduire de manière coulée et en douceur, car la direction et le freinage sont très sensibles.
Conclusion
Si certains puristes regrettent déjà le départ de l’ancienne 93, je salue l’initiative de Saab qui a réussi à offrir un modèle destiné au grand public en conservant l’âme qui a fait la réputation de la compagnie. Il est difficile d’évaluer la fiabilité d’un produit naissant, mais si Saab peut rendre ses voitures plus fiables que par le passé, j’en veux une tout de suite.
Forces
•Ligne séduisante •Sièges hyperconfortables •Rigidité en hausse
Faiblesses
•Freinage délicat •Commandes un peu déroutantes •Historique de fiabilité peu reluisant
Nouveautés en 2005
•Système de navigation optionnel, nouvelle version cabriolet Linear, nouvelles couleurs de carrosserie
2e opinion Michel Crépault
• D’aussi longtemps que je me souvienne, une balade en Saab 93 Cabriolet m’a toujours procuré un plaisir tangible. D’abord et avant tout à cause de cette sensation d’être au volant d’un beau véhicule, tous sceptiques confondus. Malgré son âge, il ne ride pas. Les lignes sont toujours aussi fluides, dignes d’un design novateur comme les Scandinaves en ont le secret. J’admets que la nouvelle berline m’émeut moins (je m’ennuie du hatchback, plus marginal). Les sièges sont merveilleux de confort, la sono est percutante et le tableau de bord est aussi beau que sibyllin au début. Ma seule réticence : la suspension qui peine parfois à contenir la lourdeur de l’auto quand celle-ci se fait brasser. Il manque une cohésion sportive entre le châssis et les performances des engins turbocompressés.