Digne héritière

Par : Philippe Laguë

La Boxster est peut-être la moins chère des Porsche, mais cela ne fait pas d'elle la moins attrayante, loin s'en faut. Viscéralement sportive, elle descend en ligne directe de la mythique 550 Speedster, modèle rendu célèbre par ses succès en compétition et entré dans la légende avec l'accident mortel d'un autre mythe, James Dean.

Carrosserie

La Boxster reprend la même architecture – roues arrière motrices, moteur central -, et les grandes lignes de sa carrosserie s'inspirent de son illustre aïeule. Depuis son introduction, en 1997, il y a eu des remodelages; sauf que nous sommes en présence d'un produit de Porsche, pour qui les changements esthétiques sont toujours très subtils, imperceptibles, même, aux yeux du profane. Bonne chose, puisque le design de la Boxster est intemporel. Les classiques, ça ne se démode pas : regardez la 911.

Habitacle

Les baquets sont fermes, mais pas trop, et ils procurent un excellent maintien latéral et un tout aussi bon soutien lombaire. Comme l'auteur de ces lignes a pu le vérifier, vous pouvez passer des journées entières dans cette voiture sans avoir mal nulle part. Même s'il s'agit d'une biplace, l'aspect pratique n'a pas été occulté : les espaces de rangement pullulent. De plus, la Boxster dispose non pas d'un, mais de deux coffres, en raison du fait que son moteur est placé au centre. Certaines lacunes de finition persistent, cependant. Le plastique n'a pas sa place dans une voiture de ce prix, encore moins dans une Porsche. Autre irritant, l'emplacement des leviers du régulateur de vitesse, qui peuvent être confondus avec le levier des clignotants. Et le rendement de la chaîne audio est franchement décevant. (Remarquez, je n'écoute jamais de musique dans une Porsche : celle du moteur me suffit. Question de priorités.)

Mécanique

Le cœur d'une sportive, c'est évidemment son moteur. Et la marque de commerce d'une Porsche, c'est son 6-cylindres du type boxer, avec les cylindres disposés à plat. Cette motorisation atypique émet une sonorité qui l'est autant. Au ralenti, son petit cliquetis, qui s'apparente à celui d'un moulin à coudre, le fait paraître bien inoffensif… Erreur ! Il est vif comme un chat, prêt à bondir. Aussi souple que puissant, il a du mordant en reprise, du couple à bas régime et il adore les montées en régime. Du côté de Porsche, ce qui est important est imperceptible à l'œil nu. Autrement dit, on privilégie l'évolution de la technique à celle de l'esthétique. Cela se traduit notamment par une augmentation graduelle de la puissance. Ainsi, le 6-cylindres de 2,7 litres de la Boxster génère maintenant 245 chevaux, et celui de la Boxster S, 50 chevaux de plus. La S a également droit à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports, contre 5 pour la version de base. Ultra précises et parfaitement étagées, ces deux boîtes sont un régal à manier. Qu'on se le dise : aucune boîte robotisée ne procure un tel plaisir et ne fait vivre une telle symbiose avec le moteur.

Comportement

Symbiose, disions-nous… C'est bien de cela qu'il s'agit : on ne conduit pas une Boxster, on fait corps avec elle. Elle se place là où on veut, bien servie par une agilité exceptionnelle et une direction d'une extrême précision – j'allais dire chirurgicale, mais mon détecteur de clichés m'en a empêché. Les qualités dynamiques de la Boxster reposent sur un principe cher à Colin Chapman, le génial créateur des Lotus, qui avait coutume de dire que " le poids est l'ennemi numéro 1 d'une sportive ". Mais du côté de Porsche, on appliquait déjà ce principe, et ce, avant même que Chapman ne construise sa première Lotus. De plus, cette voiture semble construite toute d'un bloc, tant elle est rigide, et le roulis en virage est pratiquement inexistant. Le freinage mérite également une note parfaite.

Conclusion

Porsche est aujourd'hui, toutes proportions gardées, le constructeur le plus rentable de l'industrie de l'automobile et il le doit à une gamme de modèles plus réussis que jamais : des voitures de sport qui procurent des sensations incomparables tout en étant fiables, et qui peuvent être utilisés sur une base quotidienne. La Boxster illustre parfaitement l'excellente santé d'un constructeur pas comme les autres qui a su rester fidèle à ses racines.

Deuxième avis : Carl Nadeau

Comment une voiture peut-elle être si simple, si efficace et si agréable? Les ingénieurs de Porsche ont définitivement concocté la voiture quasi parfaite. Les qualités dynamiques de la Boxster sont, à mon avis, une référence, vers laquelle les autres fabricants doivent tendre. La qualité des composants, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, justifie le prix d'admission. Les groupes motopropulseurs, beaucoup plus performants que les caractéris-tiques techniques ne le laissent entendre, vous envoûteront et vous pousseront au vice. Les coffres spacieux vous permettront d'apporter passablement de bagages, ce qui sera néces-saire étant donné que vous voudrez rouler sans arrêt et découvrir de nouvelles routes sinueuses à chaque week-end. La Boxster est tout simple-ment le meilleur cabriolet sur le marché, toutes catégories confondues, une merveille qui ne cesse de s'améliorer, tout comme sa grande sœur, la 911.