Voiture de transition
Par : Daniel Rufiange
Pour livrer une vraie bataille à la concurrence, GM a dû entreprendre un virage plus prononcé que celui de l'épingle au circuit Gilles-Villeneuve. Certains modèles étaient tellement archaïques (je pense, notamment, à la Grand Am) qu'on les citait en exemple pour expliquer les déboires du fabricant. GM a fait des pas de géant depuis. On n'a qu'à regarder la division Cadillac de plus près, à observer attentivement la superbe Chevrolet Malibu et à constater les progrès de Saturn pour s'en convaincre. Au milieu de ces changements est venue la G6; partie dans la bonne direction en 2005, elle symbolise l'espoir et le désespoir de GM. Chronique d'une voiture de transition.
Carrosserie
Ce ne sont pas les versions de la G6 qui manquent; pas moins de quatre variantes sont offertes. Chacune porte une signature propre. La version de base se veut plus sobre, alors que la GXP déchaîne les passions. Le cabriolet, lui, fait rêver les amateurs du genre avec un joli profil aux lignes fluides. Toutefois, la calandre me laisse plus tiède; le faciès, signature de Pontiac, serait entièrement revu qu'on ne pourrait qu'en féliciter le fabricant.
Habitacle
On se sent tout drôle à bord d'une G6. Les premières impressions valsent entre l'agrément et la déception. Et c'est exactement ce qu'on retrouve à l'intérieur; le meilleur et le pire. En termes de présentation, les progrès sont gigantesques par rapport aux anciennes générations. L'aspect visuel des cadrans et de toute la planche de bord est très réussi. La qualité des matériaux… encore du travail à faire, disons. Les baquets sont confortables et enveloppants; ils inspirent confiance quant à la conduite. Cependant, on se retrouve assis bas, et la ceinture de caisse élevée nous donne l'impression d'être prisonnier à l'intérieur de l'habitacle – sensation vécue dans le cabriolet -. Parlant de ce dernier, ridicule est le seul qualificatif approprié pour décrire l'espace dans le coffre quand la capote est abaissée; à peine de la place pour insérer un carton d'allumette ! Un bon mot pour l'espace arrière de la berline qui se révèle très accueillant.
Mécanique
GM se montre généreuse avec quatre moteurs au catalogue : trois V6 et un 4-cylindres. Avec les folies des magnats du pétrole, je devrais ici vous recommander fortement d'opter pour le moteur le plus modéré du groupe, le 4-cylindres de 2,4 litres de 164 chevaux. Toutefois, ce dernier, est jumelé de série à une boîte de vitesses à 4 rapports qui date du paléolithique. Je vous conseille TRÈS fortement d'opter pour la nouvelle boîte automatique à six rapports qui offre non seulement un plus grande souplesse, mais une meilleure économie de carburant. Même remarque pour le V6 de 3,6 litres de la GXP qui devient un choix moderne avec sa boîte à 6 rapports. Les autres V6 de 3,5 et 3,9 litres passent encore par la vieille transmission automatique à 4 rapports, envoyez moi tout cela au musée et ça presse.
Comportement
La G6 se montre très agréable à conduire quand on se retrouve sur une belle route tapissée d'asphalte lisse et bien nivelé. Autrement dit, vous aurez peu d'occasions d'en profiter à moins de quitter le Québec. Ça veut également dire que, sur des routes normales – c'est-à-dire bourrées de crevasses, de trous et de bosses – le comportement de la G6 souffre des réglages de la suspension datant des années 70, ce qui n'est pas un compliment en soi. Bien que la caisse montre une certaine rigidité, on se fait brasser le camarade à souhait.
Conclusion
Vous venez de vous procurer une G6 ? Ne vous en faites pas trop. Vous n'avez pas fait un si mauvais choix que ça. Même que la prochaine génération pourrait bien se révéler une belle surprise si GM poursuit dans la même veine. Par contre, si vous songez à consacrer vos économies sur la G6, je vous encourage fortement à regarder ce que fait la concurrence car la version actuelle n'est malheureusement pas dans le coup. Consola-tion : GM est vraiment sur la bonne voie.
Deuxième avis : Benoit Charette
Les gens nous demandent souvent d'expliquer ce qui fait le succès des produits japonais et pourquoi les Américains éprouvent encore de la difficulté en matière de voitures compactes et intermédiaires. Prenons la Pontiac G6, par exemple. Les succès de ventes de la G6 sont indéniables, mais les acheteurs ne regardent pas le produit quand ils en prennent possession d'une G6, ils y vont pour le programme incitatif. Si aucun incitatif n'est rattaché à la G6, les ventes chutent dramatiquement. Les gens qui achètent une Accord, une Camry ou une Altima le font pour le produit, pas l'incitatif. La G6 n'est pas une mauvaise voiture, mais sa qualité n'est pas à la hauteur de celle de ses concurrentes japonaises; et tant qu'elle n'aura pas atteint ce niveau, elle aura besoin de béquilles pour conserver ses chiffres de vente.