Déchéance
Philippe Laguë
À son arrivée chez GM, Bob Lutz, l’ex-grand manitou de Chrysler, avait promis de dynamiser l’image de la division Pontiac. Passionné d’automobile, Lutz disait avoir toujours eu un faible pour cette marque, naguère la plus sportive de l’empire GM. Tandis que la Grand Prix subissait une refonte complète, l’année dernière, la Bonneville avait droit à une cure de rajeunissement qui comprenait des retouches esthétiques et une nouvelle motorisation.
Carrosserie
Épuration serait le terme approprié pour décrire le restylage de la Bonneville. Les grandes lignes restent les mêmes, mais on lui a retiré les affreux panneaux de plastique et autres excroissances dont était affligée la carrosserie. Cette chirurgie esthétique lui a fait le plus grand bien, car elle adoucit la silhouette de la berline, fort bien tournée au préalable. Elle a retrouvé sa beauté naturelle, en somme.
Habitacle
Bienvenue au royaume du kitsch et de la « bébelle »… La présentation intérieure frôle l’agression visuelle, tant elle est criarde et de mauvais goût. Une orgie de cadrans et de boutons s’entremêlent les uns aux autres, semant ainsi la confusion. Le tableau de bord possède une instrumentation complète mais disposée n’importe comment, de sorte qu’on confond aisément les indications. Un peu bordélique, tout ça. Les commandes ont cependant le mérite d’être simples, accessibles et faciles à manier. Bien rembourrés, les sièges avant pourraient toutefois offrir un meilleur support latéral. La banquette arrière est aussi confortable, mais ses appuie-tête intégrés se trouvent trop en retrait. Ce qui se digère moins bien, c’est le manque d’espace pour les jambes. Par ailleurs, on constate une amélioration notable de la qualité des matériaux à bord – du moins à bord de la GXP, version haut de gamme de la Bonneville. On ne peut, hélas ! en dire autant de la qualité d’assemblage, qui demeure le talon d’Achille des Pontiac. À chaque trou, chaque bosse, plusieurs bruits de toutes sortes émanaient de la carrosserie de notre véhicule d’essai.
Mécanique
Les versions de base et intermédiaire demeurent motorisées par le sempiternel V6 de 3,8 litres, véritable fossile mécanique qui serait plus à sa place dans un musée. Par rapport à la concurrence, il n’est plus dans le coup. J’avais de grandes attentes envers le V8 de la GXP, mais je suis resté sur ma faim. Le couple est là, le raffinement mécanique aussi, mais les performances déçoivent. Il est vrai que cette berline n’a rien d’un poids plume, mais on parle tout de même d’un V8 de 275 chevaux! Et il y a ces pédales, tout simplement atroces… La pédale de freinage se révèle spongieuse, tandis que l’accélérateur a une course très longue. Au premier contact, la pédale est si légère qu’on la croit usée à la corde ou même brisée. Ai-je besoin de préciser que notre véhicule d’essai était presque neuf?
Comportement
Étonnamment, c’est le point fort de cette berline. La Bonneville partage sa plateforme et ses organes mécaniques avec la Buick LeSabre, mais ce ne sont pas des clones pour autant. Contrairement à des horreurs comme l’Aztek et la Sunfire, la Bonneville respecte le mandat de la division Pontiac en offrant une conduite plus dynamique et une tenue de route plus sportive. Le confort, l’insonorisation et la douceur de roulement nous rappellent par ailleurs que les constructeurs américains n’ont pas perdu la main dans ces domaines.
Conclusion
Il est de ces voitures dont on se demande pourquoi on en fabrique encore… La Bonneville se vend au comptegouttes et les modifications qui ont été apportées l’an dernier n’ont pas suffi. C’est d’une refonte complète dont elle a besoin, ainsi que d’une finition et d’une qualité d’assemblage dignes d’une voiture de ce prix.
Forces
• Retouches esthétiques réussies • Confort appréciable • Habitacle bien insonorisé • Tenue de route surprenante • Douceur de roulement
Faiblesses
• Présentation intérieure atroce • Instrumentation confuse • Habitabilité décevante • Qualité d’assemblage médiocre • V6 désuet et V8 paresseux
Nouveautés en 2005
•Système OnStar nouvelle génération à commande vocale
2e opinion Hugues Gonnot
• Afin de combler le trou laissé par l’Oldsmobile Aurora, la Bonneville reçoit son V8 et devient ainsi la première de la ligne sport de Pontiac : GXP. La perspective d’acheter un véhicule à moteur V8, spacieux et bien équipé pour moins de 50 000 $ peut sembler assez prometteuse. Surtout que les bas-côtés ont été débarrassés de leurs affreux plastiques et des jantes 18 pouces sont apparues ; bref, la Bonneville GXP a de la gueule. Mais, il y a un mais : la puissance ne semble pas toute là (ou bien elle est délivrée avec une trop grande douceur), les plastiques intérieurs manquent vraiment de classe, la position de conduite n’a rien de sportive. Au moins, l’insonorisation est remarquable. Voilà plus une grande routière qu’une véritable sportive.