Plus grande qu'elle ne paraît
Par : Nadine Filion
La Nissan Versa est une usurpatrice. Vendue ailleurs comme une compacte, elle se fait passer ici pour une sous-compacte. Le grand gagnant ? Le client, qui paie le prix d'une petite pour en obtenir une plus grande en retour.
Carrosserie
Si vous faites un saut en Asie, vous verrez que, là-bas, la Versa porte plutôt l'appellation Tiida. Assemblée sur la plateforme qui accueille également le Nissan Cube, la Versa est, pour nous, assemblée au Mexique, aux côtés de la Sentra. La version à hayon a définitivement plus de caractère que la berline. Elle se distingue par une silhouette intéressante et des hanches qui rappellent un peu la Renault Mégane. Au contraire, la berline fait plutôt dans l'anonymat, avec une calandre qui manque foncièrement de gueule – un peu comme si Nissan avait puisé son inspiration de l'ancienne Saturn ION…
Habitacle
Grande, grande, la Versa. La variante à hayon offre deux fois plus d'espace de chargement que la Toyota Yaris, alors que le coffre de la berline accepte 391 litres de bagages – ce qui est plus que la Toyota Corolla. Sans surprise, l'habitacle est le plus spacieux de la catégorie, et le pavillon élevé se traduit par un grand dégagement pour la tête. Les sièges avant, plus larges que la moyenne, sont confortables. J'ai personnellement un faible pour le doux velours de recouvrement dans les versions de base; pour ce qui est des variantes plus haut de gamme, on a retenu un tissu high tech très fonctionnel mais moins agréable au toucher. Question de maximiser l'espace, le réglage des sièges s'effectue entre les deux passagers plutôt que du côté des portières; c'est intelligent. Par ailleurs, l'insonorisation est bonne, et la finition, de qualité, à la japonaise. Le volant, tiré des Nissan plus élaborées, est de bonnes dimensions, et les rangements sont pratiques – on retrouve des porte-gobelet jusque dans les portières. Le toit ouvrant et les commandes audio au volant sont offerts en option, tout comme le démarrage sans clé; au moins, ces équipements figurent au catalogue.
Mécanique
Alors que la plupart des sous-compactes se contentent d'un 4-cylindres de 1,5 ou de 1,6 litre développant moins de 110 chevaux, la Versa mise sur une cylindrée de 1,8 litres qui développe 122 chevaux. Cette mécanique est jumelée à une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports – la seule de toute la catégorie, si je ne m'abuse. L'automatique à 4 rapports est offerte en option. Une troisième boîte est proposée, à variation continue (CVT), mais uniquement pour la version SL, tout en haut de l'échelle. Dommage, puisque la CVT est celle qui procure la meilleure consommation de carburant : 7 litres aux 100 kilomètres (en combiné). Remarquez, c'est quand même plus gourmand que la plupart des autres sous-compactes. Toutes les Versa sont livrées avec les coussins de sécurité gonflables latéraux avant – une bonne chose. L'ABS est de série sur toutes les variantes, sauf la version de base – je vous recommande fortement d'investir les 500 $ demandés pour cette option.
Comportement
Qui dit plus grande voiture, dit également plus lourde : 1261 kilos, dans le cas qui nous concerne. Le ratio poids-puissance de la Versa est le plus élevé des sous-compactes; il est même plus élevé que celui de certaines compactes. Voilà qui handicape les accélérations – le 0 à 100 km/h demande 13 secondes avec la CVT. C'est lent. Surtout que la manœuvre s'effectue dans ce miaulement de moteur caractéristique aux boîtes à variation continue. Sur des routes sinueuses, la Versa se montre stable. Si sa suspension arrière (à barre de torsion) est un brin sautillante, sa direction transmet bien les sensations et laisse à peine deviner qu'elle est électrique. Le plus grand défaut de la Versa réside, malheureusement, dans sa haute silhouette qui se laisse empoigner par les vents. Sur l'autoroute, au passage d'un poids plus lourd que soi, il faut donc fermement agripper le volant.
Conclusion
La Versa a beau vouloir se faire passer pour une sous-compacte, elle ne s'en sort pas, elle reste une compacte. Seul son prix demeure nez à nez avec les petites voitures : à partir de 14 598 $. C'est un excellent rapport prix-dimensions. L'un des meilleurs du marché, en réalité.
Deuxième avis : Daniel Rufiange
Avec environ 265 modèles sur le marché, un constructeur qui veut connaître du succès doit proposer des produits différents et attrayants. C'est exactement ce qu'a fait Nissan en introduisant la Versa. Les critiques ont été unanimes et avec raison. Cette voiture, je parle ici de la version à hayon, a tous les éléments pour dominer sa catégorie; un habitacle de grand cru pour la facture exigée, un comportement routier sain et fort appréciable, de l'espace, tant pour les occupants que pour la marchandise et une consommation de carburant qui permet d'affronter la crise pétrolière actuelle, sourire en coin. Mais, comme rien n'est parfait, Nissan a décidé de proposer une berline Versa. Incompréhensible ! Elle n'est pas belle et ne peut que cannibaliser les ventes de la Sentra.