Une idée qui fait des petits
Par : Michel Crépault
Le Rogue est venu remplacer le X-Trail pour mieux concurrencer les CR-V, RAV4 et autres Escape appartenant à un segment de plus en plus populaire. En effet, le Rogue est un multisegment compact, à mi-chemin entre l'utilitaire et la berline. Ou encore, pour rester dans l'univers Nissan, un croisement réussi entre le Murano (allure) et la Sentra (plateforme et plusieurs éléments mécaniques). L'hybride ainsi né se décline en deux versions, S et SL, et sera, au gré de l'acheteur, une traction ou une transmission intégrale.
Carrosserie
Le studio de design californien de Nissan n'est pas manchot quand vient le temps de pondre des véhicules à la bouille sympathique. Le Rogue affiche donc des formes contemporaines qui font l'unanimité. Faut dire que les stylistes s'étaient exercés sur le Murano dont la coque bulbeuse le fait passer facilement pour le grand frère du Rogue. Le traitement bridé des phares, le capot à relief, le pavillon arqué et les épaules costaudes confèrent au véhicule une apparence qui rend moins ardu son repérage dans un stationnement bondé. Par rapport au X-Trail, qui donnait beaucoup dans la boîte à quatre roues, le Rogue appartient bel et bien à son époque
Habitacle
Le plastique abonde, c'est sûr, mais les stylistes ont choisi une ornementation stylisée et aérée de bon goût. Ils ont résisté à la tentation de la planche de bord originale à tout prix. On se sent d'emblée à l'aise avec cet environnement aussi attrayant qu'ergonomique. Le Rogue a été conçu pour cinq personnes. Les trois qui logeront à l'arrière devront composer avec la promiscuité et un dossier bien droit. Celui-ci se rabat à plat ou en sections quand vient le temps de décupler la capacité de chargement. Les espaces de rangement sont là où on espère en dénicher.
Mécanique
Les deux versions misent sur le 4-cylindres de 2,5 litres qui équipait déjà le X-Trail, et que la Sentra et l'Altima connaissent également. Sous le capot du Rogue, on a réussi à en extirper 170 chevaux. La seule boîte de vitesses offerte en est une à variation continue (CVT). L'ABS et l'antipatinage à l'accélération électronique sont de série, peu importe que vous cochiez ou pas l'option de la transmission intégrale. L'intégrale agit seulement sur l'essieu arrière quand les capteurs jugent que l'état de la chaussée le réclame.
Comportement
Le Rogue accomplit son boulot sous le signe de la sérénité, sauf quand il s'agit d'accélérer brusquement. Le mariage du 4-cylindres proposé et de la boîte CVT semble alors battre de l'aile. Lire : c'est bruyant ! Par contre, dès qu'une vitesse de croisière raisonnable est atteinte, le véhicule nous fait voyager dans un confort serein. La suspension à bras multiples installée à l'arrière assure une liaison vivante avec le sol. Malgré son petit côté haut sur pattes (oh, à peine…), le compact Rogue ne souffre ni du tangage en virage ni d'un déplacement latéral exacerbé par des vents violents. Le X-Trail avait la prétention d'aller jouer hors route à sa convenance. Dans le cas du Rogue, je ne suis pas sûr que l'option vaille vraiment les dollars supplémentaires. On s'entend, la transmission intégrale rendra les balades en hiver plus sûres mais, par ailleurs, vous pénaliserez les performances du véhicule à la pompe et, de toute façon, sa vocation est essentiellement urbaine. En raison de ses formes supérieures légèrement tarabiscotées, le Rogue n'offre pas la meilleure visibilité du monde quand on regarde par les côtés ou vers l'arrière.
Conclusion
L'idée de tirer parti d'un style et d'un coffre à outils existants pour nous proposer un nième véhicule dans un créneau assez occupé, merci, a du mérite si la chose est à la fois plaisante à l'œil, fournit une consommation de carburant appropriée et procure de réels services. Le Rogue accomplit tout cela tout en distillant un charme certain.
Deuxième avis : Philippe Laguë
Nissan a fait une bonne opération en remplaçant son X-Trail par le Rogue. Non pas que le premier était un mauvais véhicule, bien au contraire; , mais il était plus utilitaire dans sa conception, et tout ce qui ressemble à un VUS n'a plus la cote. Le Rogue préconise plutôt l'approche multisegments, plus près d'une voiture. Le résultat est franchement réussi : tant au chapitre du confort que du comportement, le Rogue tient plus de l'automobile que du VUS. Son moteur fait partie de ses atouts : ce 4-cylindres a juste ce qu'il faut de puissance et de couple, en plus de maintenir la consommation à un niveau raisonnable. Nissan a frappé en lieu sûr avec ce véhicule, qui constitue une véritable menace pour les Honda CR-V, Toyota RAV4, Subaru Forester et consorts. Bien joué !