La mal aimée ?
Par : Daniel Rufiange
Déjà plus de dix années que la Frontier est offerte aux consommateurs. Malgré une belle refonte en 2005, elle n'arrive toujours pas à se hisser au sommet des ventes dans sa catégorie, et, pourtant, elle a bien des arguments en sa faveur. Est-elle boudée par les amateurs ? La flambée des prix du carburant pourrait-elle lui servir de planche de salut, alors que certains délaisseront les grosses camionnettes pour les intermédiaires ?
Carrosserie
Peu importe de quel angle on la regarde, la Frontier affiche une belle musculature. Lignes carrées de la boîte, ailes bombées à l'effet séduisant, calandre scintillante de chrome à l'allure agressive, nul doute que la Frontier s'affirme, sans complexe, comme une robuste guerrière. Comme c'est habituellement le cas pour les camionnettes, c'est la version qui détermine le choix de la cabine. La variante XE n'offre que la cabine allongée, pendant que les versions SE – à deux ou à quatre roues motrices – et PRO 4X offrent également la cabine double. L'option LE, la plus complète, n'est offerte qu'en configuration à cabine double. Si vous comptez accueillir des passagers à l'arrière, et que leur amitié vous est chère, optez pour un modèle à cabine double. Un bon mot pour la boîte peinte d'un enduit rugueux qui agit comme scellant et protège la peinture ainsi que pour les attaches amovibles qu'on retrouve le long de la ceinture de la caisse. Réglables, elles permettent d'ancrer la marchandise comme on le désire.
Habitacle
Si l'extérieur de la Frontier se démarque par un style franc et moderne, c'est tout à fait l'inverse à l'intérieur. La présentation est sans saveur, et l'allure de l'ensemble n'a rien de réjouissant. En réalité, on a l'impression de s'asseoir derrière un tableau de bord directement importé des années 90. Ajoutez à cela une qualité de matériaux qui nous laisse sérieusement sur notre appétit. On peut toujours se consoler en se disant qu'une camionnette demeure une camionnette, et que l'habitacle n'a pas besoin de dentelle pour séduire; cependant, quand on compare avec la concurrence, on se désole du résultat. Pour le reste, on profite d'une position de conduite respectable, et l'espace arrière se montre généreux – cabine double -. On retrouve même des espaces de rangement sous les sièges; bravo !
Mécanique
Il est fascinant, quand même, de voir des moteurs à 4 cylindres offerts dans cette catégorie. L'effort est noble et contribue certes à jouer la carte écolo, mais franchement, que voulez-vous faire d'un moteur à la puissance juste si vous avec du matériel lourd à transporter ou des charges à tracter. La version de base XE compte sur un 4-cylindres de 152 chevaux, plus économique, oui, mais moins doué pour les travaux. Les autres variantes de la Frontier profitent du moteur V6 de 4 litres de 261 chevaux, beaucoup plus approprié pour le travail.
Comportement
Si, en général, vous appréciez la conduite d'une camionnette, vous ne serez pas déçu au volant de la Frontier. Les suspensions sont fermes et transmettent une sensation de solidité derrière le volant. Le comportement routier est sain et prévisible, y compris les sautillements du train arrière sur les surfaces cahoteuses; une fois chargé, c'est beaucoup mieux. La puissance du V6 permet des accélérations franches, au grand dam du portefeuille; la Frontier boit comme une ivrogne.
Conclusion
Avec le nombre de véhicules qu'on retrouve dans chaque segment, certains sont assurés de passer inaperçus, même s'il s'agit de bons produits. C'est le cas de la Frontier qui profiterait de plus de visibilité du côté de la mise en marché. Vous avez une mémoire d'éléphant si vous pouvez décrire le contenu des dernières publicités de la Frontier. Par contre, vous pouvez visionner les yeux fermés les réclames de la Toyota Toundra. Pour avoir du succès dans un créneau si convoité, il faut savoir se vendre; de toute évidence, la Frontier n'a pas réussi à bien le faire. Cependant, elle représente une valeur sûre; mais attention à la facture qui grimpe rapidement avec les versions.
Deuxième avis : Philippe Laguë
Les camionnettes compactes – les petits pick ups, en bon québécois – ont déjà été très populaires en Amérique du Nord. C'était dans les années 70, plus précisément après le premier choc pétrolier de 1973. Puis, le prix du carburant a cessé de grimper, et les consommateurs sont revenus aux camionnettes pleine grandeur (F-150, Silverado, Dodge Ram…). Mais l'histoire, comme chacun sait, est un perpétuel recommencement : l'Amérique est replongée dans une crise pétrolière, et les gros monstres énergivores n'ont plus la cote. Si les camionnettes compactes redeviennent populaires, Nissan sera fin prête, avec la Frontier, un véhicule robuste, fiable et dotée de moteurs à 4 et à 6 cylindres très compétents.