Les grands espaces
Par : Francis Brière
Nous sommes tous un peu révoltés de constater que les constructeurs d'automobiles mettent toujours des efforts à commercialiser des véhicules comme l'Armada. De plus, ce monstre n'est pas seul : Ford a son Expedition, Toyota, son Sequoia, et GM, son Tahoe et son Yukon. En revanche, contrairement à certains autres véhicules – je pense entre autres à l'Escalade – l'Armada sert à quelque chose. En effet, je me demandais justement qui diable pouvait bien s'intéresser à un tel camion. Un directeur des ventes d'une concession de Montréal me le confirme : des entrepreneurs en construction qui ont besoin d'espace et de capacité de remorquage. Voilà qui fait du sens. On s'en doute bien, ce gros véhicule sort au compte-gouttes de la cour des concessionnaires.
Carrosserie
L'Armada n'est ni beau, ni laid. Sa carcasse imposante pèse plus de 2600 kilos. Quand on le regarde de l'extérieur, on admire le découpage semi-aérodynamique de ses lignes qui camouflent quelque peu l'impression de gigantisme. En revanche, c'est en ouvrant le hayon que la vue en contre-plongée de l'habitacle nous donne le vertige. J'y reviendrai. Basée sur la charpente de la Titan, la coquille de l'Armada est bâtie pour trimer dur. Il est possible de tirer une charge allant jusqu'à plus de 4000 kilos.
Habitacle
L'intérieur de l'Armada est digne de l'habitacle des grandes berlines de luxe. On y retrouve un équipement complet, dont un volant chauffant gainé de cuir, un système de navigation par satellite, un lecteur de DVD avec écran à cristaux liquides et une panoplie d'accessoires qui combleront le propriétaire le plus exigeant. Le confort des sièges procure un sentiment de tendresse indescriptible. Les places arrière conviendraient à des géants qui les occuperaient avec le sourire aux lèvres. Ma plus grande surprise s'est produite lorsque j'ai actionné la commande électrique qui permet d'ouvrir le hayon. J'ai ensuite regardé à l'intérieur de l'Armada et j'ai éclaté de rire. L'espace hallucinant de l'habitacle nous étourdit. À telle enseigne qu'on se demande comment on pourrait occuper tout ce volume de chargement. Aucun problème pour transporter de nombreuses personnes ou encore des objets encombrants.
Mécanique
Rappelons que seul le modèle à quatre roues motrices est offert. Voilà qui nous réjouit, d'autant plus que le puissant engin qui propulse l'Armada développe 317 chevaux et produit un couple de 385 livres-pied. En revanche, cette mécanique virtuose se nourrit de carburant comme un trou sans fond. Du côté de GM, on a cru bon développer un motorisation hybride qui a le mérite de réduire un peu la consommation de carburant (entre 20 et 25 %). Une idée qui ne pourrait nuire au constructeur nippon : l'Armada traîne cette mauvaise réputation. À défaut de considérer une technologie hybride, Nissan pourrait avoir le mérite d'équiper ce gros engin d'un moteur diesel. On doute fort que cela se produise un jour, malheureusement.
Comportement
Le comportement de ce camion est prévisible : l'accélération franche surprend au premier abord, mais vaut mieux se montrer diplomate en virage. Peu agile et, évidemment, lourdaud, l'Armada en arrache avec son diamètre de braquage, ce qui le rend particulièrement détestable dans les zones urbaines. On se sentira plus à l'aise sur le chantier de construction que sur la rue Saint-Denis au volant de cet utilitaire, mais il procure un excellent confort sur l'auto-route. La suspension et la direction, en plus d'une série de commandes électroniques, permettent à l'Armada de parcourir un trajet en toute sécurité et lui procurent une bonne stabilité.
Conclusion
Nissan propose un Armada qui doit maintenant faire face à une concurrence féroce. S'il n'est pas le seul joueur dans cette catégorie de véhicules, les acheteurs potentiels deviennent de plus en plus rares. Heureusement que ce camion possède des capacités de remorquage. Il est donc possible de lui réserver des tâches bien spécifiques qui justifient son utilité. En cette période de grands bouleversements, un tel véhicule, s'il est jugé socialement inacceptable, fera piètre figure au tableau des statistiques de ventes.
Deuxième avis : Benoit Charette
Malgré des qualités de conduite surprenante, l'utilitaire Armada n'a jamais réussi à se faire une niche depuis sa sortie sur le marché en 2004. Au prix actuel du litre de carburant, son plus gros défaut, celui d'absorber le carburant comme une éponge, nuit considérablement à sa popularité. Mais le puissant V8 de 5,6 litres, souple et performant, fait équipe avec une boîte de vitesses auto-matique à 5 rapports qui frise la perfection. Capable de remorquer plus de 4000 kilos, il offre, en prime, une direction précise; de plus, la suspension à quatre roues indépendantes fait des merveilles. Malgré ses dimensions gargan-tuesques, l'Armada se conduit facilement et fait preuve de beaucoup d'agilité. Pour 2009, Nissan a même revu les prix à la baisse pour les deux versions offertes. Mais, il faut être conscient que vous friserez les 20 litres aux 100 kilomètres sans même avoir de passager à bord. C'est un pensez-y bien !