Jean-Pierre Bouchard
Nissan caressait deux objectifs : profiter du lucratif marché des gros utilitaires sport et en offrir un pour garder ses clients dans son giron. Le constructeur a décidé de corriger le tir et de présenter le Pathfinder Armada, qui, pour le millésime 2005, se nomme simplement Armada.
Carrosserie
L’Armada partage ses composantes mécaniques avec le Titan, entre autres le châssis et le moteur. Calandre, pare-chocs, garnitures de pare-chocs chromées et phares montrent bien la filiation des deux véhicules. Vous pourrez choisir entre la version SE ou LE, la seconde se reconnaissant notamment à sa calandre chromée. Chaussé de roues de 18 pouces, le véhicule semble prêt à affronter n’importe quel assaut. Les poignées de porte avant et les rétroviseurs chromés ajoutent une touche de raffinement. L’appréciation des formes de l’Armada varie selon l’angle d’observation. Ce qui gêne surtout, c’est le manque d’équilibre entre les parties avant et arrière.
Habitacle
L’expression « monter à bord» prend ici tout son sens. Marchepied et poignées fixées aux piliers A (ceux du pare-brise) facilitent la manoeuvre. Une fois campés dans les gros baquets avant, il ne vous reste plus qu’à apprécier leur confort. La recherche d’une position de conduite convenable ne pose pas de défi particulier et le dégagement pour les jambes se fait généreux. Idem pour les places médianes. La banquette de la troisième rangée conviendra toutefois davantage aux enfants. L’instrumentation est complète et bien disposée. Les espaces de rangement foisonnent. Le coffre, dont la porte fonctionne au moyen d’une commande électrique, s’ouvre sur un volume de chargement généreux. Côté finition, l’ensemble pourrait se montrer un brin plus esthétique. À titre d’exemple, les stylistes du constructeur nippon auraient pu, pour agrémenter l’habitacle, opter pour d’autres matériaux que le plastique, des appliques en bois ou aluminium brossé, par exemple.
Mécanique
Les ingénieurs de Nissan ont opté pour un V8 de 5,6 litres destiné à propulser l’Armada. Ce moteur développe 305 chevaux et produit un couple de 385 livres-pied, dont 90 % sous la barre des 2500 tours/minute. Il rivalise d’adresse sur le plan des accélérations et procure des reprises énergiques. Sa force : une capacité de remorquage de 4128 kilos. À titre de comparaison, celle d’un Toyota Sequoia se limite à 2812 kilos. Le V8 est jumelé à une boîte de vitesses automatique à cinq rapports, qui fonctionne avec douceur.
Comportement
À l’instar d’autres véhicules de cette catégorie, l’Armada convient davantage à la conduite tranquille que sportive. Le gros utilitaire se révèle agile sur la route et s’y montre confortable grâce à sa suspension indépendante aux quatre roues. En conduite urbaine, il devient lourdaud. Son encombrement n’en fait pas le véhicule idéal pour apprécier les rues bucoliques du Vieux- Québec ni pour chercher un espace de stationnement sur une artère achalandée de Montréal. Mais on y arrive. Merci aux grands rétroviseurs extérieurs et au sonar de recul! Outre un attirail de remorquage, l’Armada comprend divers éléments pour affronter des terrains escarpés comme un système à quatre roues motrices automatique muni d’une boîte de transfert à deux régimes et une suspension arrière dotée d’un correcteur d’assiette qui permet de maintenir la constance de la garde au sol du véhicule. Les autres caractéristiques incluent le contrôle dynamique du véhicule, la répartition électronique de la force de freinage et l’assistance au freinage.
Conclusion
Conduire un véhicule de la trempe de l’Armada attire deux types de regards des autres conducteurs. Les premiers, fascinés, du genre « j’en veux un» ; les autres qui vous mitraillent parce que vous conduisez un de ces véhicules énergivores du XXIe siècle et, de surcroît, qui bloquent littéralement la vue à quiconque ose s’en approcher sur la route. Ce type de véhicule gagne toutefois des adeptes: amateurs de bateau ou de camping au portefeuille fourni, ou aux comptes de dépenses généreux.
Forces
•Habitacle spacieux et confortable •Moteur puissant •Capacité de remorquage
Faiblesses
•Glouton en carburant •Encombrant •Souci du détail
Nouveautés en 2005
• Changement de nom pour Armada
2e opinion Benoit Charette
• Il semble qu’après Toyota, c’est maintenant au tour de Nissan de déclarer une guerre ouverte dans le monde des éléphants de la route. Il est même difficile de croire qu’un si gros véhicule soit d’origine japonaise lorsqu’on connaît le passé récent de l’industrie automobile du pays du soleil levant. L’Armada est massif dans tous les sens du mot. Mais au volant, vous serez surpris de constater que vous pouvez franchir les 100 km/h en 7,5 secondes avec une tenue de route remarquablement précise et un comportement exemplaire. Il faudra aussi vous résigner à acheter beaucoup de carburant pour nourrir cette cavalerie assoiffée de pétrole. Un autre véhicule dont les environnementalistes feront leurs choux gras.