La clé des champs
Louis-Sébastien Laflamme
Dès son entrée au Canada en 2003, le Montero traversa la frontière avec une mauvaise réputation. Selon Consumer Reports, il manifeste une tendance au capotage en manoeuvre d’évitement d’urgence. Mitsubishi défend son protégé en affirmant qu’il a passé avec succès tous les tests de sécurité. Probablement que ce VUS nécessite davantage de prudence que la concurrence. Malgré cette importante parenthèse, le Montero mérite considération à bien des égards. On ne peut pas gagner plusieurs fois le Rallye-raid Dakar en faisant des tonneaux…
Carrosserie
Inchangé depuis 2001, le Montero a l’air viril. On dirait un Suzuki Sidekick géant s’étant fait des provisions pour l’hiver. Le résultat est tout de même intéressant. Livré seulement en version Limited bien garnie, il offre à la fois luxe et robustesse. Le châssis hyperrigide antitorsion et les boucliers de protection sous le véhicule ne démentent pas sa vocation hors route. Dans ces conditions, la peinture résiste bien aux égratignures de surface. Les roues avant sont poussées complètement vers le pare-chocs oblique, permettant un angle d’approche très sévère en montée. À ce chapitre, il pulvérise la compétition.
Habitacle
La position de conduite juchée est excellente, mais les appuie-tête des places arrière nuisent à la visibilité. Les fauteuils avant sont infiniment réglables et confortables malgré leur pauvre soutien latéral. Le volant bois et cuir couronne la qualité de finition précisément japonaise. Toutefois, l’absence d’un système de navigation en décevra certains. Même si les sièges offrent plusieurs combinaisons selon les besoins, la troisième banquette monopolise le coffre et n’accueille que de jeunes enfants. Les portières postérieures sont étroites, tout comme les marchepieds. En option, on a le choix entre l’immense toit ouvrant et le lecteur DVD.
Mécanique
L’unique moteur V6 offre beaucoup de couple. Malgré la mode des V8 dans cette catégorie, l’engin fait le boulot. Accouplé à la transmission automatique à cinq vitesses Sportronic, il permet de tirer une charge de 2268 kilos. L’entraînement asservi Active Trac permet de se sortir de toute situation. Grâce à un sélecteur, on peut choisir le mode de propulsion (2RM, traction intégrale, 4RM en gamme haute ou basse). Quelques pilotes trouveront les assistances électroniques «mère poule », ce qui nuira à leur liberté dans les conditions glissantes. Les barres stabilisatrices avant et arrière jumelées à une suspension indépendante procurent un sentiment de confiance et de stabilité malgré les mises en garde d’usage.
Comportement
En remplaçant les pneus en 2004 par des Bridgestone Dueler, le Montero a élevé sa conduite d’un cran. Les flancs se révèlent plus rigides et les crampons plus polyvalents. Le roulement est doux, même si le chant du vent dérange un tantinet. En excursion hors route, le Montero excelle. La sérénité dans l’habitacle ne permet pas de savoir que la mécanique se débat comme un diable dans l’eau bénite pour tenir la caisse en trajectoire. Les ailes laissent d’ailleurs beaucoup de places aux roues pour se déplacer. Dans les conditions normales, les fissures de nos routes rendent les suspensions un peu bruyantes. Autrement, le confort s’avère irréprochable. Malgré son gabarit imposant, le Montero se dirige aisément. Le gros camion se montre plus lent que la moyenne à ralentir, même avec son système de freinage sophistiqué. En considérant son centre de gravité élevé, on évitera les manoeuvres brusques. Ainsi, on recommande de ne pas surcharger le porte-bagages du toit.
Conclusion
Le Montero est un aventurier opulent qui se distingue de la concurrence grâce à son style particulier. Sa rareté en fait une attraction immédiate. Il existe d’autres véhicules souvent mieux cotés et plus modernes. Cependant, les acheteurs de gros utilitaires sport onéreux aiment parfois sortir des sentiers battus. C’est exactement ce que Mitsubishi leur propose.
Forces
• Qualités hors route • Signature japonaise • Mécanique adaptée
Faiblesses
• Prix élevé • Freinage juste •Prend de l‘âge… •Valeur de revente nulle ou presque
Nouveautés en 2005
• Aucun changement
2e opinion Benoit Charette
• Ce véhicule archaïque, lourdaud et sous-motorisé n’est pas arrivé à s’imposer sur le marché des utilitaires sport pleine grandeur, car il n’a simplement pas ce qu’il faut pour vendre. Le V6 de 3,8 litres développe un maigre 215 chevaux qui doit traîner plus de 2100 kilos. Le Montero possède plusieurs modes de traction : roues arrière motrices, transmission réactive aux roues par visco-coupleur et quatre roues motrices (gammes haute et basse) avec différentiel central bloqué. Mais aucune ne semble fonctionner correctement. Une compagnie automobile ne peut pas se permettre aujourd’hui de présenter un véhicule qui soit technologiquement dépassé ; c’est un échec garanti. La concurrence est trop forte et seuls les meilleurs trouvent la route de la rentabilité, et ça, Mitsubishi ne l’a pas compris.