Jeune, belle et riche
Benoit Charette
Il y a à peine 10 ans, l’industrie automobile avait presque décidé de mettre à mort les roadsters. Mis à part la Mazda Miata, pratiquement tous les autres avaient disparu, faute d’acheteurs. Petit à petit, Mercedes est arrivé avec la première génération de SLK, puis la Porsche Boxster, la BMW Z3 et l’Audi TT ont fait leur entrée sur le marché. Ensuite, la S2000 est venue grossir les rangs. La 350Z et la PT Cruiser offrent aussi des versions décapotables. La lutte est si vive qu’il faut renouveler le genre et créer de nouvelles attentes pour conserver le haut du pavé. Qu’on se le dise, la nouvelle génération de SLK va visuellement plaire à tous et attirer l’attention des puristes avec l’apport d’AMG qui a trouvé un moyen de greffer son V8 de 5,5 litres et 362 chevaux sous le capot de ce petit roadster. On pousse un peu plus loin la frontière de l’infranchissable au chapitre de la puissance.
Carrosserie
Physiquement, la nouvelle SLK a des airs beaucoup plus «machos». Son nez agressif ressemble à celui d’un requin qui renifle sa proie avant de l’avaler. Ses lignes tendues comme un muscle à l’effort sont empruntées à la SLR, une voiture de 600 000 $; une réussite indéniable : elle est belle à faire saliver. Aucune confusion sur la vocation beaucoup plus sportive de la voiture. La nouvelle mouture sous une robe bien ramassée offre 72 millimètres de plus en longueur et 65 millimètres en largeur. Les passagers profitent d’un empattement allongé de 30 millimètres et de garnitures de contre-portes offrant plus d’espace pour les coudes.
Habitacle
On découvre un intérieur aussi invitant que l’extérieur. Comme précédemment, la sellerie cuir deux tons est optionnelle. La planche de bord fait alterner les surfaces sombres avec les insertions d’aluminium très contemporaines. En option, l’ouverture du pavillon de la nouvelle SLK se commande à distance. D’autres options s’ajoutent à la liste : éclairage directionnel bixénon, boîte automatique à sept vitesses avec le V6 (la manuelle à six rapports est de série), suspension sport surbaissée, système audio 20 CD à effet surround avec 11 haut-parleurs, ainsi qu’un inédit chauffage de nuque. Au lieu d’offrir un ordinateur central avec une molette de contrôle, Mercedes conserve une foule de boutons au tableau de bord. Toutefois, ceuxci sont bien organisés et relativement faciles à consulter.
Mécanique
Pour ses premiers tours de roues en sol nord-américain, la SLK sera pourvue d’un nouveau moteur V6 de 3,5 litres produisant 268 chevaux. Ce V6 est l’un des plus puissants dans sa catégorie et on peut clairement reconnaître son caractère sportif par le son enivrant qu’il émet. Mais il n’y a pas que le son, ce moteur vous catapulte de 0 à 100 km/h en 5,7 secondes avec la transmission manuelle à six vitesses, et en 5,5 secondes avec la nouvelle transmission automatique 7G-Tronic à sept vitesses offerte en option. Pour la première fois chez Mercedes, ce six cylindres a droit à un calage variable à l’admission et à l’échappement, synonyme d’une puissance accrue et d’une meilleure économie de carburant. Sur la plus haute marche du podium trône la SLK55 AMG, premier modèle AMG à être doté de la nouvelle boîte automatique à sept rapports 7G-Tronic, complétée par les fonctions Speedshift avec commande au volant et programme de sélection manuelle. En 5,1 secondes, vous aurez atteint les 100 km/h. Avec 362 chevaux et 376 livres-pied de couple, les conducteurs aux ambitions sportives seront comblés. Mais il vous faudra faire preuve d’un peu de patience, car ce modèle arrivera un peu plus tard sur le marché.
Comportement
Les 268 chevaux du nouveau moteur V6 donnent un caractère tout autre à cette voiture vive et nerveuse qui conserve toujours une assez bonne réserve d’énergie pour remettre les gaz rapidement si nécessaire. Une bonne main d’applaudissement pour la boîte manuelle à six rapports qui, contrairement à ce à quoi Mercedes nous a habitués, est bien synchronisée et facile à manier. Nous aurions aimé en dire autant de la nouvelle boîte automatique à sept rapports qui souffre d’un brin de paresse à bas régime, mais se rattrape quand le moteur chante plus haut. Notre randonnée sur la petite île de Majorque, en pleine mer Méditerranée, a commencé par un frais matin de mars avec le toit en place. Une fois que Galarneau s’est montré le bout du nez, le temps était venu de humer les effluves de la mer à ciel découvert. En 22 secondes exactement, le coupé est devenu cabriolet et la longue route de bord de mer a laissé place aux tortueux parcours de montagne. Et pour défier mère Nature, Mercedes a innové avec une trouvaille baptisée Airscarf. Cet équipement offert en option consiste à propulser de l’air chaud dans le cou et sur les épaules des passagers via deux buses implantées dans les appuie-tête. Gardant ainsi la tête et le cou au chaud, vous pourrez allonger votre saison sans toit de quelques semaines. Une merveilleuse idée qui fonctionne très bien. Le parcours de 90 minutes dans la montagne a confirmé que le nouveau châssis est beaucoup plus rigide que l’ancien, car malgré une sérieuse séance de torture, aucun bruit insolite n’a émané de la coque. La suspension pourtant plus rigide de la voiture se chargeait remarquablement bien d’aplanir les imperfections de la route. L’arrière chassait légèrement dans les courbes très serrées, mais jamais de façon incontrôlable. Pour utiliser un terme de hockey, la première étoile du match va à la sonorité très travaillée du nouveau V6, juste assez feutrée pour être agréable et assez sonore pour bien faire sentir ses 268 chevaux. La SLK55 AMG n’était pas prête à prendre la route au moment de notre visite en Espagne, mais à en juger par les capacités de la 350, Audi, BMW et Porsche risquent de trouver un nouveau maître dans l’arène des roadsters. Un peu plus de quatre heures de conduite et près de 500 km plus tard, le plaisir au volant était intact. Vraiment réussi !
Conclusion
La SLK n’est ni pratique ni familiale, mais c’est le genre de véhicule qui sait comme pas un faire apprécier nos quelques semaines d’été trop brèves. Elle est élégante, racée et sportive; Mercedes a visé juste sur toute la ligne. Mais comme pour toute bonne chose, il y a un prix à payer. Si vous avez les poches assez profondes, faites-vous plaisir, vous ne le regretterez pas. Et après tout, quand on aime, on ne compte pas.
Forces