La force d'une idée
Hugues Gonnot
Dévoilées au salon de Turin en 1994 sous forme de prototype, les lignes de la SLK ont presque 10 ans. Depuis sa présentation pour le millésime 97, et en faisant l’objet d’une refonte très mineure en 2000, elles n'ont quasiment pas vieilli. Mieux, la recette de la SLK a fait école un peu partout dans le monde.
Carrosserie
L'idée du coupé-cabriolet n'est pas nouvelle (les Peugeot 402 d'avant-guerre ou les Ford Skyliner des années 50), mais l'idée géniale est d'avoir installé un toit rétractable en deux parties : le plaisir d'un cabriolet et les caractéristiques d'isolation phonique et thermique d'un coupé pouvaient enfin être combinées. Depuis, Lexus, Peugeot, Renault s'y sont mis et d'autres suivront. Certains reprochent l'étroitesse du coffre. Mais que voulez-vous, dans un engin de quatre mètres comportant un toit rigide rétractable, on ne peut pas faire de miracles : ça vient avec le concept !
Habitacle
Le design intérieur de la SLK n’a guère changé depuis le lancement (mais était-ce nécessaire ?). La facilité d'accès est surprenante et les grandes personnes s’y sentiront à l'aise. Commandes bien disposées, position de conduite impeccable, instrumentation lisible, climatisation efficace et facile à régler, qualité de finition exemplaire, l'intérieur mériterait pour un peu le sans faute si Mercedes ne s'obstinait pas à faire perdurer quelques lacunes d'équipement irritantes, à commencer par le changeur de CD (risible !). Le confort des sièges est à l'allemande : ferme. Cela peut même devenir fatiguant sur de longs trajets en raison d'une assise trop dure. Par contre, le dos est gâté avec un soutien latéral excellent. Mention spéciale enfin pour les nombreux espaces de rangement.
Mécanique
Basée mécaniquement sur l'ancienne génération de Classe C, la SLK ne pouvait recevoir que des 4-cylindres au départ. Au fur et à mesure que la concurrence s'étoffait, il devenait nécessaire d'y installer un 6-cylindres de 3,2 litres. Ce qui a été fait en 2000. Et tant qu'à y être, pourquoi ne pas concurrencer BMW et sa Z3 M et y installer le même 6-cylindres revu et corrigé par AMG, y compris l'installation d'un compresseur volumétrique. Le 4-cylindres de base (un euphémisme à plus 55 000 $) offre déjà de bonnes prestations. Même si la différence de couple et de puissance n'est pas énorme, le 6-cylindres apporte évidement un plus en termes d'agrément. Tous deux peuvent recevoir une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports dont la commande est agréable sans pour autant encore atteindre le velouté d'une BMW, ou bien une automatique à 5 rapports, et dans ce domaine Mercedes n'a pas de leçon à recevoir de grand monde. Ce choix n'est pas possible pour l'AMG car il faut encaisser les 349 chevaux et les 332 livres-pied de couple. Ces chiffres inciteront d'ailleurs le pied droit du propriétaire à se comporter avec discernement, comme nous allons le voir au chapitre du comportement.
Comportement
Du fait de porte-à-faux très courts, la voiture se comporte logiquement de façon un peu nerveuse, sans pour autant jamais devenir capricieuse. Il lui manque ce petit quelque chose qui lui permettrait de devenir une véritable sportive (version AMG exclue évidemment !) mais le compromis retenu est très satisfaisant pour pouvoir rouler au quotidien et faire parler la poudre quand l'envie prend.
Conclusion
Pour sa dernière année de commercialisation, la SLK possède encore bien du charme. Elle est encore dans le coup face à ses concurrentes allemandes. Et en visant une approche légèrement plus bourgeoise (sauf l'explosive AMG), elle se taille une place à part. À l’occasion de sa présentation, elle se faisait passer pour une SL en réduction. Le design de cette dernière ayant évolué, la SLK évoluera dans le même sens sans pour autant chambarder le concept. C'est quand une idée ne fait qu'évoluer avec le temps qu'on voit sa force.
Forces
Un coupé et un cabriolet L’agrément général L’espace intérieur (pour le gabarit)
Faiblesses
Certaines lacunes d’équipement L’assise des sièges dure
Nouveautés
Le nouveau rouge Mars
Michel Crépault 2e opinion
La première SLK, avec son 4-cylindres dont le bruit rivalisait avec celui d'une tondeuse à gazon, était quasiment risible. Les années ont passé et M-B a réaligné son tir. J'aime la SLK320 Sport. Hommes et femmes la trouvent belle, que le toit amovible soit en place ou pas. La sonorité du moteur passe enfin pour de la musique. Les reprises sont intéressantes. Seul bémol : une boîte de vitesses manuelle à 6 rapports (quand même !) qui se fait parfois prier. Quant à la marche arrière, mettons que soulever avec force un pommeau pour l'envoyer valser à gauche n'est pas ma définition d'une manœuvre coulée. Heureusement, la SLK320 est beaucoup plus portée à filer (vraiment filer !) vers l'avant que l'arrière. -30-