Sauce forte ou extra-forte
Amyot Bachand
J’ai eu le grand plaisir d’essayer deux versions de la SL, soit la 500 et la 55 AMG. La première correspond à ce qu’on attend d’une voiture grand-tourisme: confort, luxe et rapidité dans un cadre sécuritaire. La version AMG ajoute un surplus d’épices. Je vous avouerai que je préfère cette dernière, pour ses qualités sportives.
Carrosserie
J’adore les lignes des SL pour leur pureté et leur classicisme moderne. C’est l’essence même de la voiture sport grand-tourisme : long capot plongeant, coffre court, sortie d’air latérale rappelant les fameuses 300SL. La calandre de la version AMG, un brin canaille, me plaît. Les ingénieurs et les dessinateurs ont su marier leurs talents pour intégrer si brillamment un toit d’acier qui s’escamote électriquement comme dans une valse à quatre temps : 17 secondes pour l’ouvrir et 18 pour le refermer. C’est ici que vous décidez si vous partez léger pour le week-end ou pour la semaine… Le coffre logera quelques sacs souples si vous souhaitez rouler les cheveux au vent et quelques valises si vous gardez le toit relevé.
Habitacle
Si l’accès à l’habitacle s’avère relativement aisé, en sortir agace puisque nos pieds s’accrochent constamment dans le longeron des bas de caisse, salissant celui-ci et le bas de la portière. Mais une fois installé, on respire le confort et le luxe des cuirs souples. Tout tombe dans la main. Que vous soyez sportif ou simplement disciple d’Épicure, choisissez les sièges avec l’option dynamique: ils vous enveloppent dans les virages pour vous garder bien tassé dans votre baquet puis relâchent leur étreinte pour vous laisser profiter de la ligne droite. Que demander de mieux comme attention? Du côté pratique, on compte sur plusieurs coffrets de rangement tout autour et même des porte-verres qui ne gêneront pas l’utilisation de la chaîne audio puisque les commandes se trouvent au volant. Le système Bose satisfera tous les types de mélomanes par sa qualité et sa sonorité.
Mécanique
Quelle que soit la version, vous ne verrez pas grand-chose de ces beaux moteurs cachés sous des couvercles de plastique noir. C’est désolant. Parlons chiffres : la 500 vous propulse à 100 km/h en 7,4 secondes avec son 5,0 litres de 302 chevaux tandis que les 493 chevaux de l’AMG vous catapultent à 100 km/h en 5 secondes, et ce, avec leurs aides électroniques. Pour les dépassements (80-120 km/h), on parle de 3,5 secondes pour cette dernière et de 5 secondes pour la SL500. Au chapitre du freinage, la 500 s’est montrée plus performante avec une moyenne de 32 mètres pour s’immobiliser de 100 km/h à 0 ; la SL55 le fait sur 38 mètres. Mais de tous ces nombres et des essais que j’ai menés, il y a une chose que je retiens : la maîtrise absolue que les ingénieurs de Mercedes- Benz savent tirer des aides électroniques pour rendre ces bolides dociles et confortables. J’ai préféré la version AMG parce qu’on peut la pousser à des limites élevées avant que ces aides entrent en jeu : ils vous laissent donc profiter de la voiture avant de venir vous appuyer et non vous ralentir. C’est pourquoi je préfère les laisser fonctionner plutôt que de les enlever.
Comportement
Si la SL500 vous conduit agréablement partout, elle vous laisse un peu craintif dans les virages serrés ou rapides parce que son poids et son roulis vous rappellent que vous conduisez une grand-tourisme pataude et lourde. Au volant de la SL55, vous oubliez cela : vous savez qu’elle colle brillamment à la route. Elle vous rappelle ses limites, mais se place agréablement en légère dérive pour votre plaisir et vous n’hésitez pas à en redemander. Je parle ici de rouler sur une piste de course bien entendu…
Conclusion
Si les SL vous gâtent au chapitre du confort et du luxe, la version 55 vous laisse tout le plaisir de conduire avec un petit coup de pouce au besoin. J’adore ces sorciers d’AMG.
Forces
•Confort et luxe •Sièges dynamiques •Aides électroniques effacées •Puissance des moteurs (AMG et 600)
Faiblesses
•Poids élevé •Prix élevé •Rareté des AMG et des 600
Nouveautés en 2005
•Boîte automatique à sept rapports, nouveau système Tele Aid (GPS), système de démarrage sans clé, version SL65 AMG avec moteur 12 cylindres, Touch Shift au volant de série dans versions AMG, système de navigation de série
2e opinion Philippe Laguë
• La SL appartient à une lignée prestigieuse et n’eût été de sa fiabilité désastreuse, on aurait pu dire qu’il s’agissait de la meilleure depuis la glorieuse époque de la Gullwing des années 1950. Mais le fait est que de nombreuses défaillances, d’ordre électronique surtout, sont en train de causer un tort immense à cette marque prestigieuse, dont les voitures étaient considérées, il n’y a pas si longtemps, parmi les meilleures au monde. Cela est d’autant plus dommage que la SL est une voiture d’exception, belle, racée, rapide et confortable. Une GT dans le sens véritable du terme. À la fois coupé et roadster, grâce à son toit rigide amovible, elle possède un avantage sur ses rivales, munies pour la plupart d’un toit souple. Mais qui a envie de payer plus de 100 000 $ pour devenir un abonné du département de service du concessionnaire ?